L'annonce du "Plan Étudiants", le 30 octobre, valide le principe du dernier mot aux bachelier·es dans leur choix éclairé d'orientation, ce que revendiquait le Sgen-CFDT. Pour autant beaucoup reste à faire en lycée pour rendre effectif ce principe.
Ce qu’a annoncé le ministre de l’Éducation Nationale dans le cadre du « Plan étudiants » :
- un renforcement du rôle du conseil de classe chargé de formuler des conseils et des recommandations au premier trimestre, puis des avis sur les voeux qui seront transmis via une « fiche Avenir » aux établissements d’enseignement supérieur,
- deux professeur·es principales·aux pour chaque Terminale dès le mois de décembre afin de coordonner l’accompagnement des lycéen·nes et de préparer les synthèses des conseils de classe,
- deux semaines de l’orientation autour du premier conseil de classe puis avant les vacances d’hiver,
- des heures d’accompagnement personnalisé consacrées à l’orientation,
- la possibilité de renforcer le tutorat pour accompagner l’élaboration des parcours des élèves et leurs choix d’orientation,
- des ressources numériques : nouvel espace Onisep et service de conseil personnalisé (monorientationenligne.fr),
- une nouvelle plate-forme remplaçant APB présentant les attendus de chaque formation du supérieur : ouverture de janvier à mars pour la saisie des voeux, publication des propositions d’orientation en mai à la suite de l’analyse des dossiers,
- la mise en place d’une « commission d’accès au supérieur » dans chaque région académique présidée par le recteur ou la rectrice de région et chargée de trouver des solutions d’affectation pour les bachelier·es resté·es sans solution après la procédure.
Ce qu’en pense le Sgen-CFDT
Une reconnaissance des personnels trop imprécise
Le projet présenté aura des effets sur l’organisation et la charge de travail des personnels, ce qui doit être reconnu.
Un seul aspect de cette reconnaissance nécessaire a été clairement explicité lors de la conférence de presse, celui du versement de l’ISOE part modulable pour le ou la seconde professeur·e principal·e qui doit maintenant se concrétiser, sachant qu’a priori cette mesure n’avait pas été budgétisée. Pour autant trouver dans l’urgence ce second ou cette seconde professeur·e principal·e par classe de Terminale pourrait s’avérer une gageure dans bon nombre de lycées…
Pour le reste tout reste à définir :
- comment va être reconnu le nécessaire travail d’ingénierie, notamment pour l’organisation des semaines de l’orientation ? Pour le Sgen-CFDT cette mission doit être valorisée d’abord en décharge horaire ou en IMP (indemnités pour missions particulières), ce qui nécessite un abondement des moyens des établissements ;
- il en est de même pour la mission de tutorat, qui doit jouer un rôle fondamental pour le Sgen-CFDT mais qui reste de l’ordre de la simple potentialité dans le schéma présenté par le ministre ;
- rien n’est dit sur la nécessaire formation des personnels qui avait pourtant été pointée comme un enjeu essentiel lors de la concertation organisée par la ministre de l’enseignement supérieur en septembre et octobre ;
- Enfin le rôle et la place des Psy-EN n’est jamais mentionné alors qu’ils doivent jouer un rôle essentiel dans les évolutions à venir. Il en est de même pour les CPE.
Un cadre qui reste inchangé au risque d’empiler les missions
Alors que la réforme engagée pour l’accès à l’enseignement supérieur est d’ampleur, il est frappant de constater que les mesures envisagées au lycée sont pensées dans son cadre pédagogique actuel dont on sait qu’il est très contraint par le bac tel qu’il est aujourd’hui :
- le renforcement du rôle du conseil de classe est pour l’instant envisagé sans préciser sa temporalité et son organisation ni les modalités effectives du dialogue entre le lycée et l’enseignement supérieur. Dans ces conditions le risque est grand d’aboutir à un alourdissement de ce temps de travail collectif sans qu’il prenne beaucoup de sens et sans garantie d’efficience ;
- l’aide à l’orientation dans le cadre de l’accompagnement personnalisé revient à proposer de mettre en place ce qui était prévu dans la réforme Châtel sans s’interroger sur les raisons qui ont entraîné une mise en place très limitée ;
- plus globalement on risque, si la réflexion n’est pas approfondie, d’alourdir le travail des équipes pédagogiques de lycée en leur demandant de s’investir dans le parcours d’orientation des lycéens en plus de la préparation qui relève du bachotage dans son organisation actuelle. C’est exactement ce refus de choisir entre deux objectifs qui avait entraîné l’échec relatif de la réforme du lycée de 2010… Les nouvelles missions dévolues aux équipes pédagogiques des lycées ne doivent pas s’ajouter à celles qui existent déjà mais s’inscrire dans une nouvelle logique, celui du parcours de l’élève dans le continuum bac -3/bac+3. C’est tout l’enjeu de la concertation qui s’ouvre sur le baccalauréat.
Les enjeux des discussions à venir
Mission Mathiot : changer le bac pour sauver le lycée
Le ministre de l’Éducation Nationale a enfin annoncé l’installation de la mission pilotée par Pierre Mathiot en parlant de concertations (et non d’auditions), soit ce que réclamait le Sgen-CFDT. Nous demandons que la méthode et le calendrier de la concertation soient précisées par le ministre et par le pilote de la mission. Les enjeux de cette concertation sont connus : le bac doit devenir un diplôme « passeport » pour l’enseignement supérieur : il doit donc valider des compétences et connaissances indispensables pour réussir dans les formations post bac. Il faut aussi accompagner les lycéen·nes dès la seconde dans la construction de leur projet grâce aux dispositifs existants (parcours avenir, accompagnement personnalisé, tutorat…). Cela signifie remplacer la gestion des flux par une orientation qui les rende acteurs de leur projet. Leur parcours doit progressivement se construire tout au long du continuum Bac -3/+3. Le Sgen-CFDT organisera un colloque sur ce thème le 25 janvier 2018.
Volet Ressources humaines : une concertation nécessaire
Le Sgen-CFDT reconnait également l’effort, même s’il reste insuffisant, que constitue l’annonce d’un plan de financement de 500 millions d’euros qui s’ajoutent aux 450 millions du Grand Plan d’Investissement. Des précisions sur les mesures catégorielles doivent être apportées rapidement car pour le Sgen-CFDT, sans reconnaissance de l’investissement des personnels cette réforme restera lettre morte.
C’est pourquoi le Sgen-CFDT demande l’organisation rapide de discussions entre le Ministère de l’Enseignement Supérieur, le Ministère de l’Éducation Nationale, la DGRH et les organisations syndicales représentatives. Elles permettront de construire ensemble les mesures et dispositifs indispensables à la reconnaissance, tant indemnitaire que dans le déroulé de carrière, de l’investissement des personnels dans les nouvelles missions et tâches créées par la réforme.