« On nous en demande toujours plus », « Encore une réunion qui ne servira à rien », « J’ai encore passé le week-end à corriger des copies » : qui n'a pas entendu, qui n'a pas prononcé de tels propos en salle des profs ?
Pourtant, trop souvent, les enseignant·es du second degré sont perçu·es comme des privilégiés : vacances scolaires, 18 heures hebdomadaires d’obligations règlementaires de service (ORS) pour les certifiés…
Comment rétablir la réalité des faits ?
D’abord, en décrivant finement le réel, autour de deux grands axes : il y a le temps de travail de toutes et tous, et il y a des tâches complémentaires, parfois choisies mais souvent aussi imposées, nécessaires au bon fonctionnement des établissements, et contribuant largement à la réussite des élèves.
Le temps de travail de toutes et tous
Le temps de travail « visible », ce sont d’abord les heures de cours : en nombre certes défini, mais dont la pénibilité, le stress induits sont variables et non pris en compte. À cela s’ajoutent les conseils de classe, les réunions parents-professeurs. Ce qui caractérise ce temps imposé, c’est qu’il est mal réparti sur l’année et sur la semaine. L’accumulation de jours ou de périodes de « surchauffe » conduit à une fatigue dont on peine à se débarrasser.
À cela s’ajoute du temps de travail invisible et mal comptabilisé, variable selon l’âge, l’expérience, les niveaux, les publics : les corrections de copie, la préparation de cours, l’autoformation…
Sans compter les temps de réunions informelles ou formelles, les relations avec les parents, l’organisation d’épreuves communes ou d’oraux de langues… Toutes ces tâches font bien partie du métier enseignant tel qu’il est défini dans le référentiel de compétences – et ces activités prennent de plus en plus de place, sans que la définition des Obligations règlementaires de service n’ait été revue…
Pour faire court : on travaille toujours autant (si l’on se réfère aux ORS), en réalité on travaille toujours plus…
Les tâches complémentaires
Tuteur, coordonnateur, élu en Conseil d’administration, membre du conseil pédagogique, professeur principal, référent culturel… : toutes ces activités sont indispensables au bon fonctionnement de l’établissement et contribuent largement à la réussite de nos élèves. Mais ces « missions en plus » induisent parfois un sentiment d’injustice à cause d’une gestion opaque et d’objectifs non partagés ni même discutés collectivement. Et, en tout état de cause, qu’elles soient rémunérées (comme c’est le cas pour certaines) ou non, elles augmentent la charge de travail de celles et ceux qui les acceptent, que ce soit par conviction ou de façon plus ou moins contrainte.
Pour faire court : un établissement du second degré a besoin, pour bien fonctionner, de l’implication des enseignant·es (en temps et en énergie) bien au-delà de ce qui a été défini comme « leur service »…
Pour le Sgen-CFDT, tous les aspects du métier sont du « vrai travail »
On ne dépassera ces deux situations paradoxales que si on accepte de poser clairement la question du temps de travail enseignant.
Toutes les tâches du métier doivent être identifiées et considérées, y compris celles qui ne sont pas des heures de cours ou de correction de copies, mais qui participent à la réussite des élèves : tutorat, coordination, heures d’animation, temps de formation…
Une répartition de ces missions doit être planifiée (avec souplesse) sur les créneaux hebdomadaires, mais aussi plus largement par une prise en compte dans les rythmes annuels.
Une reconnaissance financière immédiate (IMP…) et au cours de la carrière doit être assurée. Pour le second aspect, dans l’immédiat et dans l’attente de nouvelles mesures, une piste à creuser consisterait à étendre l’accès à la classe exceptionnelle pour des fonctions exercées non encore listées à ce jour.
Plus largement, une réflexion doit être menée sur toute la carrière (Compte Épargne Temps, Compte Personnel de Formation, aménagement des fins de carrière…), et déboucher sur des résultats concrets à l’occasion de futures négociations sur les métiers, dans le cadre du dialogue social.
L’enquête « Parlons travail » menée en 2017 par la CFDT (plus de 200000 répondants) a confirmé que les agents de la Fonction publique ont la volonté de mener à bien leurs missions, malgré les difficultés rencontrées liées en particulier à la charge de travail. Il serait dommage que la lassitude finisse par l’emporter. C’est pourquoi le Sgen-CFDT porte avec conviction ses propositions.
Encore plus que jamais : Agir pour ne pas subir !
Une nouvelle définition du temps de travail des enseignant·es
Le Sgen-CFDT demande la fongibilité des 3 blocs définis par le décret de 2014 sur les obligations de service :
- bloc 1 – les heures de face à face élèves, ainsi que l’accompagnement personnalisé et le tutorat, mais aussi la préparation de cours et la correction de copies,
- bloc 2 – les réunions de concertation, les conseils de classe, la coordination,
- bloc 3 – les missions facultatives : tutorat d’élèves ou de stagiaire, professeur principal…
[La fongibilité permettrait de répartir différemment les heures effectuées au gré de la situation des collègues ou des établissements, de diminuer le face-à-face…]
- avec des pondérations qui prennent en compte le type de mission, son temps estimé et la situation particulière dans lesquelles elle s’exerce. Des exemples de situations particulières : les REP+, le niveau, le profil de classe…
Pour le Sgen-CFDT, alléger le temps de travail nécessite aussi une réflexion sur les évaluations des élèves : quel rôle ? quel temps ? quelles modalités ? quelle utilité ? quelle efficacité ? Les mesures récentes prises par le ministre (évaluations en 6ème et en 2nde, épreuves communes de contrôle continu pour le baccalauréat) ne vont malheureusement pas du tout dans ce sens.
Un Sgen-CFDT renforcé aura encore plus de poids et de crédibilité pour porter ses revendications, pour améliorer les conditions de travail de toutes et de tous et la réussite des élèves.
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