A l’automne 2023, les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et la Recherche ont présenté des hypothèses de réforme de la formation initiale des enseignants centrées sur le déplacement du concours en L3. Le dialogue social initialement annoncé pour janvier n'a pas eu lieu.
Le Sgen-CFDT a toujours abordé la question de la formation initiale des enseignants en articulant l’ensemble des enjeux : conditions de travail et de rémunération des personnels de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et la Recherche, qualité du système d’éducation et de formation.
Tenir les deux bouts de la formation initiale des enseignants
Depuis que des discussions ont démarré à l’automne avec le ministère de l’Éducation nationale, nous n’avons pas dérogé à cette règle dans notre organisation. La réforme de la formation initiale des enseignant.e.s concerne les personnels de l’Enseignement supérieur et la Recherche et de l’Éducation nationale. Il est donc indispensable de penser cette formation avec ce double regard, c’est ce que nous faisons systématiquement au sein du Sgen-CFDT. Ainsi, nous demandons systématiquement à rencontrer les deux ministères. Nous avions demandé et obtenu le principe une réunion multilatérale avec des représentants des deux ministères et de toutes les directions centrales en charge à un titre ou à un autre de la formation initiale des enseignant.e.s, mais elle ne s’est finalement pas tenue.
Le remaniement gouvernemental a mis un coup d’arrêt au dialogue social avec les organisations syndicales sur la réforme de la formation initiale. Déjà à l’automne, nous avions dit que le calendrier nous paraissait trop court pour réformer la formation initiale, et nous avions affirmé avec force plusieurs principes :
- Refus d’un décrochage entre 1er et 2nd degré des conditions de formation et de recrutement ;
- Nécessité de penser la réforme de manière globale : quelle que soit la place du concours, ça ne dit pas grand-chose du parcours de formation et des conditions d’entrée dans le métier que nous voulons progressive ;
- Volonté d’aboutir à ce que les années de master MEEF soient rémunérées (nous le revendiquions déjà en 2017), et que les étudiant.e.s effectuant des périodes d’enseignements dans les écoles et établissements ne soient pas considérés comme des moyens d’enseignement.
Le report de la réforme plutôt que l’accident industriel
Depuis que le remaniement a mis un coup d’arrêt au dialogue sur les contours d’une réforme, nous en demandons le report afin d’avoir le temps de bien la construire plutôt que de risquer l’accident industriel.
Nous l’avons encore réaffirmé lors du dernier CSAMESR et lors du dernier CSAMEN (déclaration liminaire et vœu intersyndical). À chaque rencontre avec les ministres de l’Éducation nationale depuis janvier 2024 (rencontre avec Amélie Oudéa-Castéra, rencontre avec Nicole Belloubet), nous avons demandé le report de la réforme, nous en avons fait autant lors de la rencontre avec la ministre de l’Enseignement supérieur et la recherche Sylvie Retailleau en février 2024.
Alors qu’un document présentant la réforme circule, il s’avère finalement que c’est une version d’un document de travail, et qu’elle n’est plus tout à fait à jour, car le travail au sein du gouvernement se poursuit. Il semble désormais que les ministères, qui ne porteront pas les annonces, sont en difficulté pour conduire un dialogue social utile avec les organisations syndicales. Tout cela contribue à la tension vécue par des personnels dont les représentants n’ont que très peu de visibilité sur les travaux en cours.
Le Sgen-CFDT a pris connaissance de ce document, il en poursuit l’analyse au regard de nos revendications tant pour les personnels de l’ESR que pour les personnels de l’EN.
Comme toujours en pareille situation, notre seul objectif est d’agir en intervenant auprès des différents décideurs pour faire évoluer un projet qui en l’état comporte des dispositions dont nous ne voulons pas, d’autres qui sont intéressantes, et soulève de nombreuses interrogations.
Personne aujourd’hui ne sait quand des annonces officielles seront faites permettant d’avoir la version finalisée d’une réforme. Nous allons utiliser toutes nos capacités d’intervention pour faire des contre-propositions et faire entendre raison : il est déjà trop tard pour mettre en œuvre une réforme de l’ampleur qui se dessine pour la session 2025. Cela mettrait en tension en premier lieu les personnels de l’administration centrale qui seront sommés de préparer des textes en un temps trop court, et de programmer des réunions de concertation qui se tiendront dans un contexte tendu, et tout autant pour les personnels des INSPE et des universités qui seraient sommés de mettre en œuvre des dispositifs de préparation au concours pour les étudiant.e.s en troisième année de licence dès la rentrée universitaire 2024.
Une fois de plus, nous le réaffirmons, la mise en œuvre d’un concours totalement nouveau à la session 2025 est aujourd’hui intenable. Le Sgen-CFDT demande donc une nouvelle fois le report de cette réforme et la reprise du dialogue sociale des ministères avec les organisations syndicales sur la formation initiale et continue des enseignants.