Conseil Supérieur de l'Éducation des 7 et 8 octobre 2015 - Déclaration liminaire du Sgen-CFDT
En téléchargement, les amendements aux programmes déposés par le Sgen-CFDT.
Madame la ministre,
Cette séance du CSE clôt une séquence que votre prédécesseur, Vincent Peillon, a ouvert en décembre 2013. Il avait alors présenté les lettres de saisine du Conseil Supérieur des Programmes portant à la fois sur le socle commun, les programmes de l’école et du collège, sur les parcours, et sur l’enseignement moral et civique.
Nous souhaitons à cette occasion, non pas faire un bilan mais mais mettre en exergue quelques points.
La méthode de travail retenue sur les textes des programmes des 4 cycles ainsi que sur le socle commun de connaissances, de compétences, et de culture a de notre point de vue donné des résultats positifs. L’aller-retour proposition, consultation des personnels, réécriture a dans ces trois cas permis d’améliorer grandement le premier travail effectué par le CSP. En creux, pour les programmes EMC et les parcours d’avenir et d’éducation artistique et culturelle qui ont fait l’objet d’un examen en CSE lors d’une séance marathon, cette méthode a fait défaut.
Le Sgen-CFDT avait, lors de la création du CSP, fait savoir qu’il était favorable à l’instauration d’une instance qui s’ouvre sur la société en incluant des élus et des membres de la société civile reconnus pour leur expertise. S’il appartient au législateur de définir les grands objectifs de la scolarité obligatoire à travers le socle commun, il paraît légitime que les compétences à valider, les contenus des enseignements ne soient pas définis exclusivement par l’Éducation Nationale.
Cependant le débat caricatural qui a eu lieu au mois de juin sur le programme d’histoire montre que le point d’équilibre n’est pas encore trouvé. A partir d’une lecture idéologique de l’histoire et d’une instrumentalisation de l’école, le camp des conservateurs et réactionnaires de tous poils a voulu imposer l’idée que l’histoire n’avait d’autre finalité que la communion à travers un roman national, qui, comme tout roman, comporte une bonne part de fiction.
En demandant au CSP, par un courrier en date du 1er juillet 2015, de « reconsidérer certains contenus » ou « de reconsidérer, en histoire, la nature et l’enjeu des thèmes proposés au choix afin que le programme n’élude aucune question jugée essentielle ou fondamentale » vous avez ,Madame la ministre, cédé en partie à ce discours. Nous regrettons que sur ce point vous n’ayez pas donné au CSP les moyens de résister aux pressions de ceux qui, sous couvert d’élitisme républicain, ont contribué à bloquer le système éducatif et à le structurer au profit de son élite.
Pour le Sgen-CFDT, il ne faudrait pas que la démarche initiée à travers le CSP, que fondamentalement nous soutenons, interdise toute évolution dans l’approche pédagogique et didactique d’une discipline.
Dit autrement il ne faudrait pas que les débats sociétaux autour des programmes conduisent la société française à voir l’école de demain à travers le prisme de l’école d’hier, école du passé grandement fantasmée.Nous pouvons au passage regretter que les programmes de sciences, de technologie et de mathématiques dont les enjeux pour construire une société de la connaissance sont au moins aussi importants que ceux autour de notre histoire nationale n’aient pas fait l’objet du même engouement médiatique. Nous regrettons aussi que les nouveaux programmes de l’école maternelle et primaire n’aient pas non plus été lus avec autant d’attention.
Le travail du CSP ne se termine pas avec cette séquence. Les documents d’accompagnement des programmes des 3 cycles, les programmes du lycée, l’évaluation sont des dossiers qui occuperont largement cette instance dans les mois à venir.
Toutefois nous souhaitons que le CSP puisse assurer en quelque sorte un service après-vente des documents que nous étudions aujourd’hui. A partir des remontées des personnels qui auront la charge de leur mise en œuvre, il nous semble important que le Conseil puisse régulièrement proposer des clarifications, des allégements de ces programmes, voire comme cela nous semble indispensable une refonte du programme d’histoire géographie.
Il vous appartient, Madame la ministre, de mettre en place une telle démarche.