CTMEN "La répartition des moyens pour la rentrée 2017 n’est pas qu'une question quantitative mais un enjeu stratégique pour l’orientation du système éducatif, à la fois pour la qualité du service rendu à la population, mais aussi pour la qualité des conditions d’exercice de tous nos collègues..."
Comité Technique Ministériel de l’Éducation nationale
15 décembre 2016
Déclaration liminaire
Le système éducatif, comme tous les services publics, ne fonctionne que par l’action des personnels qui, en professionnels, exercent leurs métiers au service de la population.
Certains promettent, comme si c’était une bonne nouvelle pour le pays, des suppressions massives de postes de fonctionnaires et pour cela, cherchent à augmenter drastiquement le temps de travail des fonctionnaires.
Les bilans qui nous ont été remis pour le 1er et le 2nd degré, notre connaissance du rôle des personnels de l’ Éducation nationale dont certains sont invisibles dans ces bilans, car n’enseignant pas, montrent s’il en était besoin que tous ces emplois sont absolument nécessaires.
Sans créations de postes depuis 2013, c’est bien la possibilité de réaliser la mission de service public avec exigence de qualité, de réduction des inégalités, de réduction du décrochage scolaire, d’inclusion scolaire, d’élévation du niveau de qualification qui aurait été mise en cause. Cela aurait aussi été l’assurance d’une dégradation importante des conditions d’exercice de l’ensemble de nos collègues.
La ventilation des emplois en filières professionnelles et selon les territoires, les priorités dans l’utilisation des emplois que vous nous avez présenté, Madame La Ministre, c’est aussi l’une des traductions des politiques éducatives en cours et qui prennent sens dans la loi de refondation.
Beaucoup nous semblent pertinentes et nous considérons qu’il faut les consolider et les poursuivre dans la durée :
- priorité au premier degré, en veillant à la fois à réduire le nombre d’élèves par classe et à mener des politiques éducatives permettant de transformer le système éducatif (dispositif plus de maîtres que de classe renforcé, moyens pour la scolarisation des enfants moins de 3 ans), les protocoles ruralité pour lesquels nous sommes demandeurs d’un bilan qualitatif et d’un débat sur ce sujet,
- poursuite de la réforme du collège en donnant des marges horaires aux équipes des établissements pour mettre en œuvre des projets pédagogiques,
- attention à la situation des lycées avec revalorisation de la voie professionnelle avec le plan 500 formations et les 1000 postes annoncés pour les lycées professionnels, mais aussi la prise en compte des caractéristiques socio-économiques du public accueilli afin de moduler les dotation aux lycées et les 450 postes annoncés récemment,
- réforme de l’évaluation et mise en place de l’accompagnement professionnel avec la création de postes d’IA-IPR pour réduire les écarts d’encadrement entre académies et disciplines dont nous avions fait état devant ce Comité Technique l’an passé. Ces créations étaient attendues par des personnels qui ont vu leur charge de travail augmenter, mais cette problématique est commune à tous les corps d’inspection.
Dans le même temps, il faut parvenir à s’adapter aux évolutions démographiques avec des cohortes plus nombreuses qui arrivent dans les lycées.
L’exercice est donc difficile et les bilans le montrent, le volontarisme en terme de créations d’emplois des dernières années, pour indispensable qu’il soit, suffit à peine.
Il est indispensable car le passif des suppressions de postes sous la mandature précédente se fait toujours sentir. Il est indispensable pour maintenir l’attractivité des postes ouverts aux concours comme le montre le récent rapport du CNESCO. Il suffit à peine cependant à faire face à la poussée démographique qui touche maintenant les lycées. Il ne suffit pas à permettre de faire baisser le recours à l’emploi contractuel et à pourvoir tous les postes sur l’ensemble du territoires et dans toutes les filières professionnelles.
Pour que les moyens dont disposent les académies soient cohérents avec les objectifs assignés au système éducatif par la Nation, d’autres axes nous semblent important et les créations d’emplois depuis 2012 y contribuent sans doute en partie. Nous pensons notamment à :
- la médecine scolaire et la médecine de prévention pour les personnels qui restent dramatiquement sous dotées au point qu’il est difficile de mettre en place la loi de refondation sur ce point ou d’espérer lire l’année prochaine autre chose en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail des agents de ce ministère,
- l’inclusion scolaire nécessite que les dotations en personnels d’accompagnement des élèves en situation de handicap soient à la hauteur des préconisations faites aux élèves et à leurs familles, mais aussi des besoins en coordination et en suivi collectif. Pour cela, il est indispensable maintenant et que des dotations aux écoles et aux établissements soient envisagées,
les réformes éducatives récentes, les évolutions de nos métiers montrent à quel point sont importants le travail en équipe, la concertation, le travail d’ingénierie pédagogique, il faut organiser et reconnaître ce temps de travail, - la reconnaissance de la professionnalité des enseignants qui exercent en MLDS via la certification CPIF, dont nous regrettons le retard pris pour la mise en oeuvre, doit aussi permettre à d’d’autres enseignant de se former à la prise en charge de ce public fragile fragile que fragile que sont les élèves decrocheurs
- la création du corps des psyen avec certes 300 postes au concours cette année mais qui ne seront sur le terrain qu’à la rentrée 2018, et pour ces métiers, les insuffisances du recrutement par le passé alimentent une forte précarité,
- la réforme de l’accompagnement professionnel ne saurait reposer sur les seuls corps d’inspection, il faut renforcer le potentiel des formateurs académiques, des conseillers pédagogiques et maîtres formateurs, il faut aussi considérer le temps dont les personnels vont avoir besoin pour mener ce travail de réflexion sur leurs pratiques,
sur tous ces points la formation des personnels est indispensable pour que ces transformations continuent de prendre sens et corps, il faut donc aussi flécher des moyens pour permettre d’étoffer l’offre de formation continue (et cela passe par des moyens dont nous ne traiterons pas ici, nous voulons parler des ESPE), et pour permettre aux personnels de pouvoir partir en formation continue.
Examiner la répartition des moyens pour la rentrée prochaine ce n’est donc pas pour nous qu’une question quantitative mais bien un enjeu stratégique pour l’orientation du système éducatif, à la fois pour la qualité du service rendu à la population, mais aussi pour la qualité des conditions d’exercice de tous nos collègues.