La médecine de prévention au ministère de l'Agriculture (MASA) souffre d'un manque de médecins. Ce phénomène n'est pas nouveau et concerne l'ensemble de la société française. Les organisations syndicales ont été invitées au ministère pour débattre de cette question sensible et être informées.
Un rapport du CGAER utile, mais non publié
Les représentant.es des personnels ont été invité.es à un groupe de travail ministériel à la mi-mai. Il s’inscrit dans le prolongement de la construction d’une expertise porté par Mr Philippe VINCENT (rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux – CGAAER). Un rapport a été produit sur la médecine de prévention. Ce dernier remonte à deux ans. Il n’a fait l’objet d’aucune publication à ce jour par le ministère de l’Intérieur, puisqu’il embrasse la situation sur cinq ministères dont celui de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA). Ce travail date donc de 2021.
La Fédération CFDT Education Formation Recherche Publiques souligne la qualité du travail effectué. Elle regrette cette présentation tardive. En synthèse, on peut souligner l’expression suivante dans ce rapport qui résume tout.
« Une médecine de prévention inégale et morcelée organisée en silos, engendrant une dispersion du budget et une pluridisciplinarité insuffisamment développée ».
La situation de la médecine de prévention est très préoccupante et aucune amélioration n’est visible. Ce constat est hélas général. Il dépasse le périmètre de notre ministère.
Une situation dégradée qui va se dégrader
La présentation du rapport montre une situation « sans appel » de la médecine de prévention dans de nombreux items :
- morcellement de l’organisation,
- situations disparates,
- faible attractivité pour le métier de médecine préventive,
- tarissement du flux qui semble prendre racine dans un parcours de formation long pour les médecins collaborateurs.
De plus, la perspective pour les années à venir fait apparaitre une situation qui va encore se dégrader, et ce, jusqu’en 2031 ! Le point central des recommandations formulées par le CGAAER est la mutualisation. Par exemple, doter les services en régie mutualisée d’une équipe plurisdisciplinaire de 3,5 à 4 ETP pour un portefeuille de 2500 agents à suivre (médecin + infirmière + assistante + ergologue).
D’autres recommandations méritent d’être soulignées :
- une nécessité de revaloriser la médecine du travail dans les études de médecine,
- de repenser et aménager le cursus des collaborateurs médecins,
- de veiller à sanctuariser les moyens, dans un contexte déconcentration de la stratégie RH, (sans en préciser le comment toutefois).
Pour la Fédération CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, il faut tout faire pour rechercher des solutions afin de limiter l’impact de la pénurie de médecins. Le rapport met en avant des propositions intéressantes, mais qui, à elles seules, ne pourront pas résoudre le problème. La situation est vraiment préoccupante et aucune solution miracle ne semble à notre portée.
Focus sur le MASA
Les données suivantes sont à prendre avec « relativité » car elles sont fluctuantes vis-à-vis des situations et du mode même de l’organisation en place. Au MASA, on constate une forte pénurie de médecins du travail. Pour illustrer cela, la situation de l’année 2022 est mise en avant. 18 % des structures, (DRAAF, DAAF, DDI et enseignement hors enseignement supérieur) étaient sans solution, soit environ 400 structures.
La Fédération CFDT Éducation Formation Recherche Publiques constate avec un profond regret et une réelle inquiétude que des agents ne bénéficient pas d’une visite médicale régulière, comme cela le devrait pour assurer une qualité de vie au travail efficace et jouant pleinement son rôle tout au long de la vie de l’agent ! Ainsi, on passe trop souvent à côté de l’objet principal de la médecine préventive : la prévention. L’état ne respecte pas les obligations qu’il s’est lui-même fixé. Nous dénonçons cette situation depuis des années. Nous avions déjà interpellé le ministre LE FOLL sur cette question…
Des avancées tout de même
Il y en a, notons :
- l’existence d’un kit juridique sur les évolutions réglementaires permet un appui depuis quelques années auprès du médecin du travail,
- une place plus grande des infirmières-infirmiers en santé au travail,
- les téléconsultations (148.000 € hors coût de maintenance), et la mutualisation de la médecine du travail,
- une étroite collaboration avec la Mutualité Sociale Agricole se traduisant par la signature d’un avenant à la convention cadre pluriannuelle (2021-2023) et d’une actualisation en cours,
- le lancement d’une nouvelle enquête relative à la médecine de prévention pour le deuxième semestre 2024.
Enfin, une Task Force avec suivi hebdomadaire pour faciliter une solution qualifiée « opérationnelle » concernant le site de Varennes est en cours et pour les différents sites parisiens (administration centrale). Pour le site Auzeville (services informatiques) à partir de septembre 2024 avec 3 jours par mois de permanence, le problème a une solution.
La Fédération CFDT Éducation Formation Recherche Publiques reconnait les efforts engagés. Nos représentant.es sont inquiets sur la situation de la médecine de prévention pour les sites de l’administration centrale sur Paris.
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Dossier suivi et rédaction assurée par Frédéric Guillot et JF Le Clanche