À l'ouverture du Conseil Supérieur de l'Éducation (CSE) du 8 juin 2017, le premier CSE présidé par le nouveau Ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le Sgen-CFDT a fait la déclaration suivante :
Monsieur le ministre,
Le Sgen-CFDT déplore que votre ministère débute par deux textes et une méthode de travail qui apparaissent comme autant d’occasions manquées.
Occasion manquée de permettre une politique éducative globale
Une occasion manquée d’abord de permettre une politique éducative globale incluant tous les temps de l’enfant (scolaires, péri-scolaires et extra-scolaires), de mobiliser l’ensemble des acteurs pour élaborer par la concertation des projets partagés.
La CFDT s’était abstenue sur les décrets relatifs aux rythmes scolaires, considérant que la réflexion avait été insuffisante car il n’y avait pas de modulation entre maternelle et élémentaire, pas de travail sur le rythme à l’échelle de l’année scolaire, et un choix entre le mercredi matin et le samedi matin concrètement difficile à organiser.
De même, les préconisations du rapport du Sénat sur les rythmes rendues hier recommandent de ne pas revenir à la situation antérieure à 2013, d’élargir la réflexion à l’année scolaire, de faire du samedi matin une modalité de droit commun, d’encourager les mutualisations entre les collectivités, et de conserver les aides financières en les simplifiant.
Le cadre pouvait donc être nettement amélioré, notamment en ce qui concerne la construction des projets éducatifs territoriaux par l’ensemble des acteurs.
Mais ce qui est proposé, et la réaction de certains maires le montre, revient à renoncer à impulser toute politique éducative territoriale. Pire, cela risque fort d’entraîner l’intensification du travail des élèves comme des enseignants, sans tenir compte des évaluations internationales qui montrent la nécessité d’un temps plus long et régulier d’apprentissage.
C’est aussi envoyer un signal très négatif aux élus, aux enseignants, aux animateurs, aux agents territoriaux et aux parents d’élèves qui pendant trois années se sont mobilisés pour créer, réfléchir, expérimenter, afin que cette réforme prenne tout son sens.
Occasion manquée de réaffirmer la priorité au socle commun
Une occasion manquée ensuite de réaffirmer la priorité à l’objectif de l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture par tous les élèves. La Refondation dessinait une cohérence entre celui-ci, les programmes, les cycles et la réorganisation des enseignements du collège. Il ne s’agit pas de dire que l’ensemble était intangible et imperfectible, le Sgen-CFDT considère évidemment qu’il peut être amélioré, à condition de prendre le temps d’une évaluation et en veillant à ce que la cohérence demeure.
Or, les enseignements facultatifs rendus possibles par le projet d’arrêté rétablissent en partie les anciennes structures du collège. Celles-ci non seulement n’étaient pas conçues pour atteindre l’objectif du socle, mais en plus avaient eu tendance à creuser les inégalités sociales et scolaires par une ségrégation des publics. La marginalisation des dispositifs EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) et AP (Accompagnement Personnalisé) qui visaient à une meilleure différentiation pédagogique pourrait rapidement ouvrir la porte à une fragilisation de l’objectif du socle commun.
Occasion manquée de poser les bases de la confiance partagée
Une occasion manquée enfin de poser les bases de la confiance partagée que vous appelez de vos voeux. Les textes d’aujourd’hui sont présentés sans aucun dialogue social préalable et dans la précipitation, alors même qu’aucune évaluation ne le justifie, que ce soit par le comité de suivi des rythmes, par le comité parlementaire de suivi de la loi d’orientation, par la DEPP ou par l’OCDE. Le délai de deux jours au lieu de quinze entre la commission spécialisée et le CSE n’est qu’un des aspects négatifs de cette procédure accélérée. Sans ignorer les quelques modifications positives de dernière minute, cette entrée en matière augure donc mal des conditions du dialogue social à venir.
Ces annonces tombent de plus en fin de période de préparation de rentrée : c’est tout l’investissement des équipes et la concertation menée qui sont percutés, ce sont les compromis construits localement qui sont fragilisés alors que l’autonomie des établissements est constamment réaffirmée. C’est aussi une mise sous tension extrêmement forte de l’encadrement pédagogique et des services déconcentrés.
Pour le Sgen-CFDT le respect des collectifs de travail, indispensable au bon fonctionnement du système éducatif, ne peut pas ainsi être remis en cause.