Le Sgen-CFDT n'a pas attendu la grève du 17 novembre pour alerter le ministère de l'Éducation Nationale sur la situation des lycées qui accueillent des élèves issus des collèges labellisés Réseaux d'Éducation Prioritaire (REP/REP+).
Un lycée en Éducation Prioritaire, c’est quoi ?
Alors que la carte des collèges relevant de l’Éducation Prioritaire a été actualisée pour la rentrée scolaire 2015, la place des lycées en Éducation Prioritaire n’a pas été clarifiée, ni la liste mise à jour, malgré les promesses ministérielles.
Pour le Sgen-CFDT, deux critères sont prépondérants dans cette définition :
L’ancrage dans des territoires définis « Politique de la Ville »
Un arrêté de 2001 fixe la liste des établissements concernés. Mais cette liste n’est plus conforme à la réalité des territoires.
Pour le Sgen-CFDT, la priorité absolue est donc d’actualiser l’arrêté de 2001 qui fait la liste des établissements « Politique de la Ville ».
Cette reconnaissance permet le déclenchement automatique de mesures spécifiques d’attractivité pour tout fonctionnaire affecté dans ces territoires. Cette actualisation devrait rassurer et sécuriser une grande partie des personnels des lycées actuellement dans l’incertitude sur leur sort après 2018.
Le flux d’élèves issus des collèges REP/REP+,
qui doit permettre
- d’allouer des moyens humains et matériels suffisants pour permettre la mise en place pour tous d’un « parcours de réussite », c’est à dire l’accompagnement particulier de chaque élève
avec des dispositifs adaptés et décidés en conseil pédagogique par les équipes,
- de déclencher pour les personnels de nécessaires mesures individuelles de compensation et d’attractivité qui sécurisent et pérennisent les équipes : primes, bonifications, accès à la classe exceptionnelle (dans le cadre de l’accord « PPCR »),
- de mettre en place des pondérations qui diminuent le temps de service avec les élèves afin de dégager du temps indispensable pour la concertation, les formations et le travail en équipe.
Ces mesures sont actuellement possibles grâce aux nouveaux décrets de 2014 sur le statut de enseignants. Ces décrets ont été défendus par le Sgen-CFDT parce qu’ils permettent de mieux reconnaitre toutes les missions du métier. Encore faudrait-il abonder les enveloppes budgétaires et avoir la volonté politique de les appliquer complètement.
Un lycée en Éducation Prioritaire, c’est aussi nouer des partenariats spécifiques avec les Régions
qui doivent aussi clairement définir et afficher leurs politiques de soutien à ces établissements :
- en réalisant les travaux nécessaires à un environnement agréable et sécurisé,
- en proposant une offre de formation ambitieuse en partenariat avec les rectorats,
- en abondant les aides matérielles et humaines de façon pluri-annuelle pour ancrer dans le temps les dispositifs de Réussite Éducative.
et évoluer vers une mixité réelle des publics accueillis
Le Sgen-CFDT ne peut que déplorer la ghettoïsation de certains établissements enclavés dans des poches de pauvreté. Si la responsabilité en incombe d’abord aux collectivités locales, des mesures volontaristes peuvent déjà être mises en place par le ministère de l’Éducation nationale pour améliorer la mixité des publics accueillis grâce à :
- des règles d’affectation des élèves qui permettent à chaque établissement d’accueillir un public représentant une véritable diversité sociale et scolaire,
- la création de lycées polyvalents qui accueillent sur le même lieu des élèves des voies générales, techniques et professionnelles,
- une incitation et un contrôle des politiques des établissements privés qui doivent accepter aussi de prendre leur part de responsabilité dans cette problématique de mixité sociale et scolaire.
Mais au-delà d’une politique tournée exclusivement vers les établissements qui concentrent le plus de difficultés sociales et scolaires, ce sont tous les lycées qui doivent avoir les moyens de mettre en place des dispositifs d’accueil et d’accompagnement des élèves issus de REP/REP+, même lorsqu’ils sont peu nombreux.
Pour le Sgen-CFDT, il est urgent aussi d’ouvrir la discussion plus générale sur la refondation du lycée, pour qu’il puisse répondre à son rôle de diversification des parcours et de préparation au post-bac.