Le projet de nouveaux programmes de maternelle a été présenté au Conseil Supérieur de l'Éducation. Il s'agit essentiellement d'ajustements, de reformulations. Plus de 80 % des modifications demandées par le Sgen-CFDT lors des concertations organisées en amont ont été intégrées.
La note du conseil supérieur des programmes de novembre 2020 avait fortement inquiété la profession. Si l’urgence n’était sans doute pas à la modification des programmes de maternelle de 2015 sans évaluation préalable, force est de constater que la nouvelle mouture des programmes proposée au CSE par la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire (DGESCO) relève plus de l’ajustement que d’une véritable refonte de ces programmes jusqu’alors fortement plébiscités par la profession.
Des programmes de maternelle plus précis
Si les modifications proposées par la DGESCO sont essentiellement centrées sur ce qui pourrait s’apparenter aux fondamentaux, l’approche transversale est conservée.
Pour le Sgen-CFDT, ces nouveaux programmes apportent des précisions sur des points relativement flous dans le texte de 2015.
L’évaluation positive, si importante pour de jeunes enfants a été réintroduite dans la dernière version suite aux modifications demandées par notre organisation syndicale.
C’est un élément essentiel pour permettre aux enseignants de développer l’estime de soi des enfants et leur capacité à progresser à leur rythme.
Une progressivité des apprentissages qui est réaffirmée dans ces programmes de maternelle
Les critiques formulées par le Sgen-CFDT sur le projet initial de la DGESCO concernaient d’abord la suppression de nombreux critères de progressivité au profit d’objectifs plus précis à atteindre à un âge donné.
Le Sgen-CFDT a été entendu sur ce point et les reformulations proposées prises en compte par la DGESCO. La version présentée au CSE comporte nombre de mots ou expressions rappelant que l’enfant apprend progressivement en maternelle.
Ainsi, pour les objectifs à atteindre en mathématiques en fin de Cycle 1, la mention « commencer à » a été ajoutée. Une modification qui inscrit la maternelle dans une continuité avec le cycle 2 et surtout ne fait pas de la Grande section de maternelle une préparation aux évaluations de CP comme le Conseil Supérieur des Programmes le laissait entendre dans sa note de novembre.
Une approche ludique des apprentissages consolidée
L’approche ludique des apprentissages est mise en avant. Les activités de jeu y compris de jeu libre, sont reconnues comme des temps d’apprentissage et de socialisation importants et des situations privilégiées d’observation pour les enseignant·es.
Mathématiques : une entrée qui laisse plus de place à la résolution de problème
L’approche mathématique de ces programmes dans le domaine « Construire les outils pour structurer la pensée » redonne une plus grande place à l’approche par la situation problème. Le moyen de donner plus de sens à l’approche du nombre et de contextualiser son utilisation.
Il paraissait aussi nécessaire de permettre une certaine transversalité entre les apprentissages.
Avec la nouvelle écriture, le lexique peut être travaillé parallèlement avec un une entrée plus mathématique.
Dès lors, l’enfant pourra donner du sens aux mots qu’il utilise et enrichir son vocabulaire.
D’autre part, ces programmes entérinent que la résolution de problèmes est bien l’entrée nécessaire pour l’apprentissage des notions mathématiques. Dans la version des programmes de 2015, l’approche était plus centrée sur le nombre.
Si, pour le Sgen-CFDT, cette entrée lui va plutôt bien, il faudra cependant clarifier ce que l’on entend par situation de résolution de problème en maternelle. En effet, les enseignants n’y mettent pas forcément les mêmes choses d’où la nécessité d’un accompagnement et de temps d’appropriation et d’échanges au sein de l’équipe. Cette notion doit pouvoir être travaillée entre pairs afin de construire des progressions de cycle adaptée. Cela doit pouvoir se faire à l’interne sans injonction avec pourquoi pas l’accompagnement des équipes de circonscriptions et notamment des conseillers pédagogiques.
Les enseignants devront être accompagnés pour s’approprier ces programmes
Outre la mise à disposition de documents d’accompagnement par la DGESCO, il faudra donner du temps aux équipes d’école. Du temps pour définir des progressions pluriannuelles et mener une réflexion sur le parcours des élèves sur le cycle 1.
L’effort devra aussi porter sur la formation des enseignant·es :
- La formation initiale doit permettre aux entrants dans le métier de mieux connaître les enjeux et les spécificités de l’école maternelle et de l’enseignement en maternelle,
- La formation continue doit permettre aux enseignant·es de s’approprier les programmes et d’échanger entre écoles, entre pairs.
Pour le Sgen-CFDT, ces programmes vont dans le bon sens
Le Ministère a tenu compte des très nombreuses remarques émises par le Sgen-CFDT lors du travail préparatoire de consultation.
Il a notamment intégré les éléments de progressivité pour les attendus en fin de maternelle en vue de l’entrée à l’école élémentaire.
C’était pour nous un élément primordial à prendre en compte. Dès lors, la place de l’école maternelle et ses spécificités en lien notamment avec le développement de l’enfant restent clairement affirmées. Ces « nouveaux » programmes n’obligent pas les enseignant·es à bouleverser leurs pratiques ou revoir leurs objectifs. Au final, les programmes de 2015 ne sont pas remis en cause mais simplement mis à jour ou précisés sur certains points.