*À son lancement en 2008, le dispositif s’intitulait « Ouvrir l’école aux parents pour réussir l’intégration ». Il a été rebaptisé en 2012, « Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des élèves ». Témoignage de P. Marhic corédacteur du manuel : l' École ouverte aux parents.
« Toutes les familles migrantes, vivant en France, ayant un enfant scolarisé et ayant besoin de comprendre suffisamment le français pour pouvoir communiquer avec les établissements scolaires sont les bénéficiaires du dispositif « Ouvrir l’école aux parents » (OEP*), nous explique Philippe Marhic qui a été formateur auprès de ce public et a conçu, avec Dorothée Escoufier et l’illustratrice Vérom, un manuel intitulé L’ École ouverte aux parents, paru aux Presses universitaires de Grenoble.
À quel titre avez-vous participé au dispositif Ouvrir l’école aux parents ?
J’ai une maîtrise de français langue étrangère (FLE). À ce titre, j’enseigne à l’université notamment, mais c’est à l’occasion du lancement du dispositif que j’ai commencé à travailler pour le CASNAV1 de Paris. Je suis intervenu dans le 19e arrondissement, en tant que formateur auprès des parents bénéficiaires du dispositif, d’abord dans une école polyvalente, puis dans une école maternelle, et j’ai participé à l’ouverture de nouvelles structures dans des collèges. J’ai poursuivi mon soutien en «tutorant » les nouveaux collègues (comme on le fait tous !) et en échangeant avec de nombreux formateurs pour élaborer le manuel.
D’où est partie la demande d’un manuel spécifique ?
Le CASNAV, qui était l’un des premiers destinataires du dispositif, s’est immédiatement engagé dans la mise en place des ateliers, sans avoir eu le temps de former spécifiquement des formateurs, ceux qu’il recrutait étant formés en FLE. À Paris, nous avons fait des réunions de coordination pour nous accorder sur la manière de procéder, sur les contenus, etc. Et nous sommes partis un peu à l’aveuglette car il n’y avait aucun support préalable. Chacun créait son matériel dans son cours. Martine Chomentovski, la coordinatrice du dispositif à l’époque, nous réunissait très régulièrement pour échanger des idées sur les programmes, les parcours, repérer les difficultés et essayer d’homogénéiser notre fonctionnement. Très vite, la demande récurrente des formateurs a porté sur le besoin d’un support commun. Ma collègue Dorothée Escoufier et moi étant très investis dans le travail de fiches de préparation, Martine Chomentovski nous a soumis le projet de créer un document-support pour les collègues. Nous avons donc conçu ce document en vue d’un usage interne, mais nous nous sommes rapidement aperçus qu’il pouvait être exploité beaucoup plus largement. Après bien des péripéties, c’est finalement grâce aux Presses universitaires de Grenoble2 que la série des manuels L’ école ouverte aux parents a vu le jour…
Quels ont été vos principaux objectifs éditoriaux ?
Pour concevoir ce manuel, nous sommes partis des difficultés constatées sur le terrain, c’est-à-dire qu’à l’inverse de la démarche habituelle qui va de la théorie à la pratique, nous avons choisi de nous appuyer sur les constats des collègues formateurs. En adoptant cette méthode à rebours, en fondant le manuel sur l’expérience et non sur une idéologie, les outils et les ressources sont beaucoup plus efficaces parce qu’ils répondent à des situations concrètes d’apprentissages. Comme je l’ai dit, les personnels qui interviennent auprès des parents sont en priorité des enseignants de l’Éducation nationale, mais d’autres formateurs sont aussi recrutés, dès lors qu’ils ont une maîtrise de FLE. Nombreux étaient les collègues à n’avoir jamais enseigné devant ce genre de public, et ils ne se sentaient pas toujours très à l’aise. C’est pour eux qu’avec Dorothée Escoufier, nous avons imaginé la maquette du manuel : nous avons voulu qu’ils puissent, presque intuitivement, trouver les repères et un modus operandi, sans avoir besoin de lire un livret explicatif. Le dispositif prévoit 120 heures annuelles seulement de formation. Aussi avons-nous voulu aller à l’essentiel, faire en sorte que ce soit immédiatement accessible, sans perte de temps. Pour concevoir le manuel du formateur commandé par les PUG, nous avons tenu compte de plusieurs partenaires : évidemment le CASNAV, mais aussi les associations de quartier… J’ai pu travailler avec une association du 19e arrondissement de Paris qui a testé certaines séquences avec son public. Elle a été très satisfaite et a souhaité pouvoir utiliser ce type d’outils. Nous avons donc élargi notre cible, en supposant que sont concernés tous les partenaires qui interviennent auprès de migrants qui ont des enfants scolarisés et sont en situation de difficulté par rapport à l’institution scolaire. Dans les milieux associatifs, les intervenants sont souvent des bénévoles sans formation en FLE. Nous voulions que les associations qui œuvraient auprès d’un public en lien avec les établissements scolaires, notamment les associations qui formaient des migrants appelés à travailler dans les écoles (en tant que cantinières, femmes de service…) puissent exploiter ce manuel qui est parfaitement adapté puisque la méthode est entièrement fondée sur le fonctionnement de l’École et apporte à la fois les outils linguistiques et les outils culturels de compréhension du fonctionnement du système scolaire français.
En quoi consiste précisément la série de manuels L’École ouverte aux parents ?
La série compte trois tomes : deux livrets pour les apprenants (c’est un choix éditorial pour limiter le coût à l’achat afin que les apprenants puissent éventuellement se procurer leur propre exemplaire) et un, pour le formateur.
Chaque séquence déploie quatre niveaux de difficultés, autour d’un même élément déclencheur, très souvent un document papier puisque le système scolaire français est fondé sur l’écrit et qu’il y a énormément de documents à remplir ou à consulter : les différents formulaires d’inscription et de renseignements, le carnet de correspondance, les livrets d’évaluation, etc. Le procédé est à chaque fois le même : une question amène les apprenants à échanger autour du document déclencheur : le connaissent-ils ? Savent-ils à quoi il sert ?… Souvent, c’est une découverte pour les parents, qui l’avaient déjà vu, mais ignoraient son rôle.
Nous avons eu la chance de rencontrer l’illustratrice Vérom
Tous les dossiers qui composent le manuel sont indépendants pour permettre de les utiliser dans l’ordre que l’on veut, en fonction des besoins et de la spécificité de l’établissement scolaire. Chaque dossier aborde un point spécifique du fonctionnement de l’École : le carnet de correspondance, la cantine, les contrôles, la visite médicale, l’emploi du temps, les fournitures… bref, tous ces petits rituels scolaires qui font la vie quotidienne d’un établissement. Comme chaque dossier fonctionne indépendamment, il n’y a pas de progression linguistique à proprement parler. De toute façon, les parents inscrits dans le dispositif ont tout à découvrir, tout à apprendre… donc, tout leur est utile !
Rentrée en classe
Au sein de chaque fiche, autour de chaque document, sont développées des activités de compréhension et d’expression, orale et écrite, et de communication, qui respectent les dispositions du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). Et parce que cela nous semblait important, un point de grammaire basique figure systématiquement en fin de séquence. Pour ce qui concerne le travail de l’oral, le formateur dispose d’un CD avec des enregistrements : il peut aider les parents à comprendre, à pratiquer la « réception orale », à répondre aux questions au fur et à mesure, soit à l’oral soit à l’écrit.
La possibilité de l’un ou l’autre, à chaque fois, a été préservée puisque certains parents peu scolarisés ne savent pas, ou savent mal, écrire, et que notre mission n’est pas d’alphabétiser. L’objectif est de fournir les bases pour pouvoir, par exemple, remplir correctement une fiche de renseignements. Les activités proposées permettent d’animer une séquence de deux heures pour chaque niveau. Ainsi, s’il y a quatre niveaux de compétences dans le public, l’intervenant peut mobiliser quatre fiches différentes se rapportant au même thème, ce qui lui permet d’aller d’un apprenant à l’autre pour aider chacun en fonction de son niveau. Ces fiches, en outre, ont été pensées comme un modèle, le formateur pouvant réaliser sa propre fiche autour d’un autre document-support, avec d’autres dialogues…
Quel rôle jouent les illustrations dans le manuel ?
On s’était posé la question : photo ou image ? Nous avons eu la chance de rencontrer l’illustratrice Vérom, qui a tout de suite compris ce qu’on attendait. Ce qu’elle a imaginé plait beaucoup aux collègues. Au début certains s’interrogeaient… Cela ne va-t-il pas sembler infantilisant pour des adultes en situation d’apprentissage ? Or nullement. Par exemple quand on travaillait en maternelle, lors des premiers cours, on apprenait aux parents des comptines et des chansons d’enfants. Loin de se sentir infantilisés, ils étaient ravis parce qu’ils avaient entendu leur enfant les chanter à la maison. L’objectif est d’éviter qu’un fossé se creuse entre les adultes et les enfants. On veut que les parents puissent participer, accompagner les activités des enfants. Il faut donc les faire pénétrer dans l’univers de l’enfant, et ça marche bien. Parce que l’univers dessiné est celui de l’enfant, mais le contenu du dessin est celui de l’adulte.
Pouvez-vous nous parler des ateliers auxquels vous avez participé en tant que formateur ? Où étaient-ils implantés et quelles étaient les particularités du public ?
Au début, le dispositif était censé se situer dans les collèges, mais ce sont les écoles primaires et maternelles qui ont été les plus demandeuses. Beaucoup de parents migrants (notamment dans les quartiers nord-est de Paris : 18e, 19e et 20e arrondissements) étaient en France depuis assez longtemps mais vivaient repliés sur leur communauté et ne parlaient pas français. Lorsqu’ils devaient scolariser leur enfant à l’école maternelle, ils se trouvaient tout à coup confrontés à une double difficulté : linguistique bien sûr, mais aussi culturelle car ils ne comprenaient pas les attentes de l’École française. Quand les directrices d’école maternelle ont proposé à ces parents de s’inscrire aux cours gratuits dispensés par le CASNAV dans le cadre du dispositif, le succès a été immédiat. Au départ, celui-ci était censé s’adresser aux parents stricto sensu, mais on a choisi de s’adapter aux demandes en prenant en compte des particularités culturelles ou conjoncturelles : par exemple, en Afrique, ce sont les oncles et les tantes qui suivent volontiers les enfants, et dans les familles asiatiques, souvent, les grands-parents sont les interlocuteurs de l’École car les parents sont pris par leur activité professionnelle…
Notre objectif : nous adresser à la diversité de ce public
En général, il n’y a qu’un atelier par établissement scolaire, qui regroupe quinze à vingt parents…
On ne constitue pas de groupes de niveau, pour la simple raison qu’il n’y a pas assez de formateurs. Souvent, aussi, il y a des problèmes de locaux. Par exemple, à l’école maternelle, on travaillait dans des salles aménagées pour les tout-petits, sans table ni chaise adaptés aux adultes. C’était assez épique de devoir s’asseoir sur du mobilier pour enfants, et en même temps, c’était très drôle ! Chaque atelier réunit donc un public très hétérogène. Au niveau de la nationalité d’abord : il peut y avoir des Asiatiques, des Maghrébins, des Slaves… Au niveau de l’âge ensuite : il y a des parents très jeunes, d’à peine vingt ans, des oncles ou des tantes plus âgés et, parfois des grands-parents. Enfin au niveau des parcours scolaires individuels : on y rencontre aussi bien des intellectuels ayant fui leur pays que des gens totalement illettrés. Le manuel, cependant, n’est pas un ouvrage d’alphabétisation.
Notre objectif a été de nous adresser à la diversité de ce public, c’est-à-dire aussi bien à des parents venant d’Afrique du nord, beaucoup plus à l’aise à l’oral qu’à l’écrit, qu’à des parents issus d’Afrique subsaharienne, souvent hermétiques à l’écrit, ou à des Chinois, habitués à l’écrit mais ayant infiniment de mal à parler français. S’il y a des difficultés structurelles, au niveau phonétique, il y a aussi des difficultés liées à la scolarisation : on ne travaille pas de la même manière avec les personnes selon qu’elles appartiennent à une culture orale ou écrite. Ainsi, les Chinois n’ont pas de problème avec l’écrit, car quel que soit leur niveau de scolarisation, tous ont reçu un enseignement scolaire écrit minimal. En revanche, culturellement, ils ont un rapport à l’autorité (et à l’École) qui fait qu’ils n’oseront pas parler, intervenir. Il y a des peurs, des blocages dont il faut tenir compte.
Avec le manuel, on peut faire autant de civilisation que de linguistique : dans toutes les leçons, se trouve développé un point culturel et la phrase récréative apporte le point linguistique. Dans la méthode du professeur, un petit tableau permet de revenir sur des difficultés phonétiques spécifiques qui, évidemment, sont diverses : ce ne sont pas les mêmes pour les Chinois que pour les Slaves par exemple, mais nous avons tenté de couvrir un vaste champ de difficultés phonétiques. Un autre travail, qu’il a été possible de faire grâce à Vérom, c’est que les dessins illustrent des points culturels : par exemple dans la fiche « le travail en classe », les élèves lèvent la main ; dans les fiches «Le bulletin scolaire», « Le manuel »… le rôle du père dans la famille est souligné pour faire comprendre qu’il doit intervenir dans le suivi scolaire et éducatif de son enfant, que ce n’est pas seulement l’affaire de la mère…
Pour des raisons pratiques, il y a davantage de mères présentes dans le dispositif, mais il y a aussi des pères qui viennent, et généralement ils sont très assidus… Évidemment, il ne s’agit pas d’un public captif comme les lycéens ou les collégiens, on ne peut pas obliger les gens à venir… Cependant, dès lors qu’ils commencent à fréquenter le dispositif, ces publics sont très réguliers et demandeurs. Pour donner un exemple, il est habituel d’organiser des sorties pendant les jours fériés car les établissements d’accueil sont fermés et les participants au dispositif regrettent de ne pas pouvoir suivre les cours. À cette occasion, j’ai pu constater que des parents vivaient depuis des années dans un arrondissement de Paris, leur quartier de résidence, sans en avoir jamais franchi les limites…
Le dispositif donne la priorité aux primo-arrivants mais dans la réalité on s’efforce d’être le plus souple possible : quand des parents, ne parlant pas français, présentent leur enfant à l’école maternelle, on ne leur demande pas leurs papiers pour vérifier depuis combien d’années ils sont en France… On a également des parents sans papiers, l’obligation étant de scolariser tous les enfants sur le territoire français. L’intérêt visé par le dispositif est toujours, de toute façon, la réussite de l’enfant. Lors de sorties, il m’est arrivé d’emmener les parents du groupe que je suivais dans une bibliothèque municipale. Ils inscrivaient leur enfant, ce qui était pour eux l’occasion de découvrir cet univers. Démarche qu’ils n’auraient sans doute pas faite autrement… Les collègues, qui organisent des activités en étroite collaboration avec les associations, permettent aux parents de découvrir celles qui sont implantées dans leur quartier et donc d’ouvrir leurs horizons. C’est un travail de « désenclavage ».
Quelle est, selon vous, la finalité essentielle du dispositif Ouvrir l’école aux parents ?
Le principe, tout à fait légitime, du dispositif est que pour qu’un enfant réussisse sa scolarité, il faut qu’il soit suivi par la famille. Si elle ne comprend pas ce qu’il fait à l’École, elle ne risque pas de le suivre et, lui, risque de ne pas réussir sa scolarité… Le manuel s’adresse à un public très hétérogène de parents vraiment débutants, d’où le choix d’une pratique adaptée avec l’introduction, au sein du niveau A, d’étapes supplémentaires : dans le niveau A définit par le CECRL, on va de A1 (niveau introductif ou de découverte) à A2 (niveau intermédiaire ou usuel). Le niveau A1.1 est une spécificité française qui n’existe pas dans les autres pays d’Europe, mais il nous aCapture d’écran 2015-11-25 à 16.06.52 semblé que le passage même de A1.1 à A2 était trop rapide car notre public d’apprenants est formé de personnes qui parfois ont un certain âge, mènent une vie active très prenante ne leur laissant pas le loisir de « plancher » le soir, comme le ferait un étudiant sur ses exercices.
La décomposition en quatre niveaux d’apprentissage permet à chacun d’avancer à son rythme. Ce que le dispositif entend apporter ce sont des bases suffisantes pour pouvoir aider son enfant dans sa scolarité : savoir que le soir l’enfant a des leçons à apprendre ou des devoirs à faire, savoir que les parents doivent surveiller son travail, leur permettre de lire le cahier de texte, de regarder si le travail a été fait… Voilà l’objectif. Un autre enjeu est de faire connaître les personnels scolaires, leurs rôles, d’identifier l’interlocuteur auquel s’adresser pour régler de telle ou telle question, de comprendre dans quels cas les enseignants, la direction demandent à rencontrer un parent, de savoir quelles informations sont inscrites dans le carnet de correspondance…
En un mot, l’objectif est de favoriser une relation avec l’École qui ne soit pas de défiance, de peur ou de respect irraisonné mais bien une relation d’échange constructive pour l’enfant. La finalité, c’est le développement du rôle de la parentalité à la française. Aussi avons-nous proposé, à la fin de chaque fiche du manuel de l’enseignant, des suggestions d’activités pour continuer à exploiter la séquence : des idées de sorties, de rencontres car il est très important d’inviter dans les ateliers des enseignants, des chefs d’établissements, des conseillers principaux d’éducation, des infirmières scolaires… pour rapprocher école et familles, pour dédramatiser, montrer que le personnel scolaire est disponible et là pour aider. Grâce au dispositif, il y a une implication des parents : certains deviennent représentants dans des associations de parents d’élèves, ils siègent au conseil d’administration de l’établissement scolaire de leur enfant, et certains reviennent nous rendre visite et assistent, conseillent les nouveaux apprenants. C’est une situation très agréable que ces liens qui se tissent d’un atelier à l’autre…
La série L’École ouverte aux parents a été publiée il y a un an et demi. Pouvez-vous poser un premier bilan en matière d’accueil et d’utilisation du manuel ?
Ce manuel était très attendu. À notre grande surprise, l’inspecteur qui a repris la direction du CASNAV, a organisé en septembre dernier, à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, une conférence de présentation de l’ouvrage. Le public était très nombreux, globalement vraiment « très emballé » et a posé énormément de questions. Quant aux retours d’expérience de la part des formateurs du CASNAV, ils sont très contents d’avoir enfin un support homogène, et pour ce qui est des autres formateurs, qui ne viennent pas de l’Éducation nationale, ils sont ravis et rassurés d’avoir un matériel immédiatement exploitable, facilement compréhensible. Puisque toutes les fiches du manuel sont élaborées de la même manière, une fois le principe compris, il n’y a pas de mauvaises surprises pour le formateur : à partir du document-support et des questions qui aident à l’exploiter, il y a une page d’exercices pour chacun des quatre niveaux de difficultés, et la construction est toujours la même : d’abord l’oral, puis l’écrit, avec à chaque fois de la réception, puis de la production. Un système d’icônes permet de savoir quand il faut écrire, numéroter, travailler à plusieurs, écouter une séquence audio (CD)…
Pour donner un exemple très concret : dans le manuel du formateur, il est expliqué que l’objectif de la séquence consacrée à la liste des fournitures scolaires, globalement (peu importe le niveau de difficultés) est de comprendre et d’écrire le vocabulaire lié au thème (les fournitures scolaires), différencier féminin et masculin (une gomme, un stylo, le taille-crayon…), se familiariser avec les notions de singulier et de pluriel, et apprendre à demander un article dans un magasin. Dans le petit dialogue qui accompagne la séquence, on insiste sur les formules de politesse, ce point culturel est très important ! Apprendre à formuler une demande selon les règles de courtoisie : « Je voudrais acheter »… On n’attend pas des parents qu’ils maîtrisent le présent du conditionnel, mais qu’ils retiennent la formule qui fait qu’ils seront bien accueillis. Dès le niveau le plus simple, on peut organiser des mises en situation : jouer au client et au marchand, demander, acheter, payer…
Les apprenants se prêtent très facilement à ces jeux de rôle. Ensuite, on les emmène au marché ! Les livrets sont conçus pour que quelqu’un qui n’a jamais fait cela (quand on commence on est toujours un peu mal à l’aise) acquiert une facilité, une aisance. Au bout de deux semaines, le formateur doit pouvoir exploiter le manuel sans avoir besoin d’une grande préparation. Au niveau des concepteurs en FLE, on a tous fait de la linguistique, mais on ne jargonne pas ! Notre objectif en tant qu’auteurs a été de faire de la bonne vulgarisation.
Bon à savoir
Petit historique de la collection FLE des PUG. Les Presses universitaires de Grenoble ont longtemps été basées sur le campus universitaire, à proximité de différentes instances, comme le Centre universitaire d’études françaises (CUEF) de Grenoble. Sollicitée par des enseignants du CUEF, la maison d’édition a décidé de publier leurs ouvrages pour répondre aux besoins des apprenants du français et de leurs professeurs, et proposer de nouvelles techniques d’enseignement. À noter que pour prolonger les apprentissages abordés avec la série L’École ouverte aux parents, les PUG ont créé la série A propos A1 qui permet aux apprenants d’approfondir leurs connaissances de la langue et de la culture françaises pour mieux s’intégrer au quotidien.
1 CASNAV : centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs.
2 Cf. l’encadré Bon à savoir.
Pour aller plus loin