Communiqué de presse n° 43 du 21 mars 2016
Alors que des motions sont votées dans les sections CNU et que des pétitions circulent contre le suivi de carrière, le Sgen-CFDT souhaite faire quelques mises au point et décrypter ce qui est actuellement en jeu.
L’évaluation des agents est une règle de la fonction publique qui a pour objectif de vérifier le bon accomplissement des missions de service public confiées à chacun. Le respect des règles de la fonction publique est aussi à voir comme une garantie de notre appartenance à cette même fonction publique. Vouloir s’en extraire pourrait laisser penser que nous pourrions ne plus en être.
Pour les enseignants-chercheurs, l’évaluation a été remplacée par le suivi de carrière mené par les pairs et assuré au niveau national par les sections CNU.
Le Sgen-CFDT était attaché à cette évolution et a proposé des expérimentations qui ont été menées en 2014 et 2015 dans certaines sections (05, 35, 63).
À aucun moment dans l’élaboration des textes, ce dispositif n’a eu pour objectif de procéder à un classement ou à une notation. La CFDT s’opposerait sans ambiguïté à toute remise en cause de ce principe.
Les recommandations éventuelles émises par les pairs lors de l’étude des rapports d’activité n’ont pour objectif que d’accompagner les enseignants-chercheurs (EC) dans l’accomplissement de l’ensemble de leurs missions dans les meilleures conditions possibles. On le sait : il est difficile pour les enseignants-chercheurs de concilier enseignement, recherche et responsabilités collectives sans sacrifier leur vie personnelle et familiale. Le suivi de carrière est aussi, dans ce contexte, un droit au conseil et à l’accompagnement qu’il serait injuste de leur dénier.
Certains laissent entendre que la charge de travail engendrée par le suivi de carrière n’est pas absorbable par les sections du CNU. Il est vrai que les nouvelles missions du CNU (suivi de carrière et évaluation des demandes de prime d’encadrement doctoral et de recherche (PEDR)) ont augmenté le nombre des dossiers à traiter au sein des sections. Rappelons cependant que les membres suppléants peuvent maintenant contribuer aux travaux des sections : la force de travail disponible est donc potentiellement doublée.
On ne peut que regretter que le ministère n’ait pas agi à temps pour permettre au suivi de carrière de se mettre en place sereinement. De nombreuses questions restent sans réponse : pourquoi la circulaire faisant obligation aux sections CNU de publier, avant le lancement de la procédure, les critères qu’elles appliqueront n’a-t-elle pas été appliquée ? Quel doit être le contenu des « avis » des établissements qui seront joints au rapport d’activité de leurs enseignants-chercheurs ? Quel usage feront-ils des retours du CNU ? Pourquoi, enfin, n’a-t-on pas profité de la circonstance pour mettre en place un dossier unique d’activité, évitant les multiples saisies sur les différentes applications informatiques de la « galaxie de l’enseignement supérieur » ?
La contestation du suivi de carrière s’est nourrie de l’incapacité du ministère à piloter politiquement le dossier. En conséquence, à quelques jours de l’ouverture prévue de la procédure, force est de constater que les conditions de sa généralisation à l’ensemble des enseignants-chercheurs de la vague B ne sont pas réunies. Nous le regrettons vivement.
Pour le Sgen-CFDT, les sections CNU doivent se saisir du suivi de carrière. Sinon, tôt ou tard, d’autres s’en empareront ! Préfère-t-on que ce suivi soit assuré par les présidents d’université, ou par un corps d’inspection créé de toutes pièces ? L’histoire est pleine d’exemples de ce type, où ceux qui s’opposaient à des mesures les réclament ensuite quand des dispositifs moins favorables se mettent en place.