Le 5 juin 2020, le comité technique ministériel de la Jeunesse et des Sports était réuni en visioconférence. Retour sur ce CTMJS, les interventions du Sgen-CFDT et les annonces du MENJVA.
SNU : 3ème vote unanime contre en deux semaines
Le projet de décret permettant l’extension d’un Service national universel, à ce stade sur la base du volontariat et des possibilités, a recueilli un vote unanime contre lors du comité technique ministériel de la Jeunesse et des Sports vendredi 5 juin 2020. C’est le troisième vote unanime contre d’un CTM en deux semaines après les CTMEN des 20 mai et 3 juin dernier.
Le Sgen-CFDT est intervenu à nouveau pour expliquer les raisons de son opposition à ce dispositif en complément des arguments déjà portés lors du CTMEN du 20 mai 2020.
Lorsque le SNU est présenté dans ses grands principes et objectifs, il est indéniable que plusieurs sont intéressants :
- Créer de la mixité sociale ;
- Développer la citoyenneté ;
- Valoriser l’engagement des jeunes ;
- Émanciper la jeunesse.
Mais le Sgen-CFDT considère que ce n’est pas le dispositif prévu qui permettra d’atteindre ces objectifs et les réponses données en CTMEN ne nous ont pas convaincues.
La préfiguration du SNU n’est pas modélisante pour une extension et plus tard une généralisation. La sociologie des volontaires est très différente de celle de toute une classe d’âge et le volontariat même biaise les résultats de l’évaluation par les jeunes ayant effectué le séjour de cohésion.
Alors que le discours médiatique affirme que toute une classe d’âge sera concernée, en réalité, les jeunes dont les parents sont en situation irrégulière sur le territoire national ne devraient pas y participer lorsque le SNU deviendra obligatoire. Alors que le SNU est destiné à des mineurs, il est affligeant d’avoir à rappeler qu’au titre de la convention internationale des droits de l’enfants, un mineur ne peut être considéré comme en situation irrégulière.
L’articulation entre le temps scolaire et le SNU n’est toujours pas clarifié. Et la solution envisagée pour le séjour de cohésion d’octobre-novembre 2020 n’est pas satisfaisante : le planning du séjour incluera du temps d’étude pour que les jeunes effectuent les devoirs demandés par leurs enseignant.e.s.
Le Sgen-CFDT a rappelé son inquiétude quant aux effets d’éviction que le SNU pourrait avoir :
- Assèchement des budgets pour d’autres dispositifs de soutien à l’engagement comme le service civique,
- Saturation du temps de travail des personnels des services déconcentrés Jeunesse et sports au détriment des autres missions et au risque d’une perte de sens du travail des CEPJ, PS et JS.
Pour le Sgen-CFDT, le développement massif du SNU fait courir le risque de réduire la capacité à structurer, concevoir et conduire des politiques de jeunesse cohérentes et non pas seulement à mettre en œuvre un dispositif.
Concernant l’année 2020, le ministère assure que les budgets de l’Agence du service civique et les possibilités d’engagement de jeunes en service civique restent inchangés.
Le SNU devrait concerner 10 000 jeunes en 2020 qui effectueront d’abord leur mission d’intérêt général cet été, et ensuite le séjour de cohésion à l’automne. Le Sgen-CFDT a dénoncé une organisation chaotique dans laquelle les personnels des DDJS chargés de mettre en œuvre le SNU découvrent à l’occasion de la livraison des uniformes le nombre de jeunes à encadrer… ils n’avaient eu aucune indication préalable de la volumétrie du SNU cette année. Nous avons souligné l’absurdité d’effectuer les MIG avant le séjour de cohésion.
Les personnels sont accaparés par l’accompagnement du redémarrage des accueils collectifs de mineurs et des clubs. Préparer le SNU dans ces conditions aboutit à mettre en tension les personnels.
Les financements pour les séjours et accueil d’enfants et de jeunes pendant l’été 2020
Le Sgen-CFDT a interrogé la directrice de cabinet de Gabriel Attal sur les financements prévus pour les séjours et accueils d’enfants et de jeunes pendant l’été 2020.
Le gouvernement engagera cet été 200 millions d’euros pour financer :
- La multiplication par 5 du budget pour le dispositif école ouverte ;
- Un fonds d’appui aux organisateurs d’ALSH ;
- 250 000 départs en colonies intégralement financés pour les familles de milieu défavorisé.
Ces financements significatifs sont un engagement important de l’Etat au service de l’enfance et de la jeunesse. Alors que, cette année plus encore que d’habitude, beaucoup de familles ne pourront pas partir en vacances, augmenter les capacités d’accueils collectifs de mineurs, voire de jeunes majeurs est une nécessité. Les acteurs de l’animation et de l’Education populaire doivent pouvoir déployer leur savoir-faire pour permettre aux enfants et aux jeunes accueillis de s’épanouir et de s’émanciper, de faire résilience aussi après des mois perturbés, voire difficiles à cause de l’urgence sanitaire et de la crise économique et sociale qui fragilise beaucoup de familles.
Le Sgen-CFDT rappelle que le déploiement de ces budgets, de ces dispositifs, de leur contrôle, de la formation des animateurs et animatrices nouvellement recrutés va reposer aussi sur les personnels des services Jeunesse et Sports. Depuis plusieurs années, nous soulignons que ces services sont sous-dimensionnés, et si des recrutements sont prévus, c’est toujours le cas aujourd’hui.
Depuis plusieurs semaines, le Sgen-CFDT alerte le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative sur le fait que la préparation des reprises, l’attention à la situation sociale des jeunes et de leurs familles en lien avec les services Cohésion Sociale, puis la préparation de l’été allaient générer une forte charge de travail. Pour nous, le SNU devrait être suspendu pour permettre de consacrer l’énergie des services de l’Etat aux dispositifs qui s’adresseront à plus de jeunes et qui prioriseront les plus défavorisés, les plus fragiles.
Organisation territoriale de l’État et personnels Jeunesse et Sports
La réforme de l’organisation territoriale de l’Etat est au point mort, reportée opportunément par le gouvernement à cause de la crise sanitaire. Cependant l’entre-deux dans lequel se retrouvent les personnels est de plus en plus difficile à vivre à la fois du fait d’un suivi RH insuffisant et aussi de lacune dans le pilotage des missions.
Ainsi, dans bien des régions les DRAJES préfigurateurs sont « invisibles ». C’est inquiétant dans le contexte de mise en œuvre du dispositif 2S2C et alors qu’il faudra accompagner le déploiement des dispositifs en direction des enfants et des jeunes pour l’été.
Le ministère a indiqué que les groupes de travail définis lors de la signature du protocole RH le 4 mars 2020 allaient être reprogrammé dès ce mois de juin.