Actuellement la totalité de la certification en CAP et une partie en Bac Pro repose sur le contrôle en cours de formation. Mais avec le confinement, nous constatons que ces évaluations ne prennent pas assez en compte les accidents de parcours.
Les contrôle en cours de formation – C.C.F.
Ils sont définis par les arrêtés des spécialités de diplôme (CAP et Bac Pro), qui fixent le nombre, le type (Écrit, oral, TP, Mise en situation en entreprise, …) et la durée des évaluations. La crise sanitaire, et le confinement, ont montré certaines limites des modalités d’évaluation dans la Voie Professionnelle.
Dès 1982, le ministre Alain Savary déclarait :
« Les modalités de contrôle des connaissances constituent un autre domaine où des progrès sont nécessaires. Il faut passer de l’examen qui impressionne et qui juge sans appel à un système qui permet à l’élève de se situer, lui montre ses acquis et ses insuffisances […]. Cela exige en outre la constitution des équipes de professeurs […], des programmes modulaires, une pédagogie par objectif, un suivi individualisé des élèves […]. Essentielles pour lutter contre l’échec scolaire et les sorties prématurées des jeunes sans formation complète, ces modalités de contrôle prendront le nom d’unités capitalisables à certains niveaux, ou trouveront des expressions différentes à d’autres niveaux. »
Le baccalauréat professionnel créé en 1985 (décret 85-1267 du 27 novembre 1985) conduit à reconnaître que certains de ces savoirs et savoir-faire ne peuvent s’acquérir et s’évaluer qu’en situation réelle de production. Des P.F.M.P. deviennent donc partie intégrante de la formation et de l’évaluation. Celles-ci supposent une participation du tuteur de l’entreprise et, par voie de conséquence, la recherche de nouvelles modalités d’évaluation certificative.
Le décret 86-379 du 11 mars 1986 portant règlement général du baccalauréat professionnel donne une assise réglementaire à ces innovations sur l’évaluation : « la validation de tout ou partie des acquis […] peut s’effectuer sur la base des résultats du contrôle des connaissances et des aptitudes organisé en cours de formation ». C’est la « naissance officielle » du C.C.F.
Le Sgen-CFDT ne remet pas en cause l’efficacité du C.C.F. Il permet une approche moins stressante pour l’élève qu’une épreuve terminale ponctuelle, la prise en compte des progrès des élèves, l’évaluation de leurs compétences. Mais ce mode d’évaluation a aussi ses limites : travail chronophage de préparation, passation, correction des évaluations par C.C.F. et sa transformation en note à un instant T qui ne permet pas à l’élève de réellement se situer. Cette modalité d’évaluation pour l’examen ne constitue pas un passeport professionnel suffisant pour l’insertion.
L’évaluation par compétences
Le Sgen-CFDT demande qu’une réflexion soit engagée rapidement sur l’évaluation par compétences, avec création d’un portfolio historisant l’acquisition de compétences professionnelles, de compétences générales et de compétences sociales et citoyennes.
Premier écueil à éviter : ne pas rompre l’équilibre entre les champs de formation générale et professionnelle qui constitue tout diplôme de l’Éducation nationale. Cet équilibre est indispensable à une formation professionnelle de qualité. Cette double dimension des diplômes permet l’exercice de la citoyenneté dans et en dehors de la profession.
Deuxième écueil à éviter : un diplôme professionnel est constitué de blocs de compétences, mais un bloc ne saurait correspondre à une unité actuelle des diplômes existants. Il ne doit pas y avoir des blocs de compétences uniquement professionnelles et des blocs de compétences uniquement générales.
Objectifs de l’évaluation
L’évaluation par compétences dans les diplômes professionnels viserait à :
- rendre plus sûrs les parcours pour éviter que toute sortie précoce ne se traduise par une absence de validation de compétences ou une évaluation partielle ;
- permettre la délivrance des certificats et attestations diverses dans certains diplômes (CACES, Permis, habilitations, …) ;
- assurer la fluidité des parcours entre les niveaux de formation et permettre que les acquis d’apprentissage d’un niveau puissent être pris en compte ou valorisés dans la certification du niveau supérieur (Liaison Bac-3/Bac+3) ;
- servir la conception de formations, la mise à jour des contenus, en phase avec l’évolution des emplois, et aptes à répondre aux besoins en compétences des métiers et des filières ;
- permettre et faciliter la mise en œuvre du droit au retour en formation des jeunes gens, notamment ceux qui seraient sans diplôme ;
- d’une manière générale, faciliter l’insertion professionnelle et préparer à l’exercice de la citoyenneté.
Ensemble, soyons force de proposition.
Oui au dialogue social !
Non aux injonctions contradictoires !