Dès la rentrée 2021, des ateliers de philosophie seront proposés à des élèves de Terminale bac pro. Une bonne idée mais une mise en œuvre précipitée et la participation des PLP certes possible, risque d'être trop marginale...
Ateliers philosophiques : une bonne idée au départ !
Dès la rentrée 2021, des ateliers de philosophie seront proposés à des élèves de Terminale (BO du 15 avril 2021). Cette initiative évoquée depuis longtemps, notamment par le Sgen-CFDT, est intéressante : pourquoi en effet réserver les bienfaits de la philosophie aux élèves de LGT ? Cette discipline participe pleinement à la formation « citoyenne »des apprenants.
Une mise en œuvre bricolée, réalisée dans la précipitation
Une fois de plus, il s’agit d’une bonne idée proposée sans moyens supplémentaires. En effet, les établissements, dans le cadre « d’une autonomie encadrée » devront se débrouiller pour organiser les emplois du temps (dont la construction à l’issue de la réforme est déjà très problématique), trouver des professeurs pour de faibles quotités avec des moyens constants et en prenant des heures sur un dispositif déjà existant (co-intervention)… Au nom de l’autonomie et du projet d’établissement, aux équipes de s’organiser, ce qui apparaît comme un paravent du ministère pour ne pas donner les moyens nécessaires… à la réussite de son propre projet !
La co-intervention envisagée comme une option
Les heures nécessaires à la mise en place des ateliers, puisées dans l’enveloppe de co-intervention, la remettent en cause et accréditent l’idée qu’elle n’est pas indispensable. Par conséquent, les principes qui justifient la réforme sont mis en doute par ses propres promoteurs ! Les heures de co-intervention en Terminale ne sont en effet plus fléchées et peuvent être utilisées pour ce dispositif ou pour les projets postbaccalauréat des élèves.
Les PLP écartés du dispositif ?
Le dispositif serait animé par des professeurs de philosophie. Cependant, « lorsque certains professeurs de la voie professionnelle disposent des compétences requises et qu’ils se portent volontaires, ils peuvent, avec la validation et l’accompagnement des corps d’inspection, prendre en charge cet enseignement après avoir participé au plan de formation académique mis en œuvre à cet effet. Des binômes ( proposition du Sgen-CFDT) peuvent aussi être constitués,associant professeurs de philosophie et professeurs de la voie professionnelle. » Il existe donc une possibilité pour les PLP d’animer le dispositif, comme nous le demandions, mais nous craignons que leur participation reste marginale. Il faut donc également que les moyens pour la mise en œuvre des binômes soient déployés .
Les PLP pouvant avoir la formation nécessaire sont pourtant nombreux…
Or, de nombreux PLP, en particulier de lettres-histoire, peuvent avoir la formation nécessaire (passage par des classes préparatoires hypokhâgne-khâgne, passage par des formations universitaires…) pour enseigner la philosophie, sans pour autant être diplômés de philosophie ! De plus, les programmes de lettres en bac pro ont souvent abordé des notions enseignées en philosophie, comme les philosophes des Lumières, la psychologie des contes, la psychiatrie, la notion d’identité (programmes de 2010), etc. De la même manière, les notions vues en histoire-géographie-EMC sont souvent proches de la philosophie politique (à nouveau, les philosophes des Lumières, mais aussi les notions de laïcité, liberté, égalité… dans le nouveau programme d’EMC). Les compétences sont donc existantes et ne demandent qu’à être reconnues.
Reconnaître le travail, former et certifier les PLP
Le Sgen-CFDT affirme que de nombreuses notions philosophiques sont et peuvent être enseignées par des PLP dans de nombreuses disciplines (lettres-histoire, éco-droit, PSE…).
Qui connaît le mieux le public de lycée professionnel, ses capacités et la pédagogie qui lui est adaptée, sinon les PLP ?
Nous veillerons donc à ce que les formations annoncées soient proposées aux PLP et les certifications créées.
La mise en œuvre des ateliers de philosophie exige du temps de préparation, des moyens adaptés.