Un tour d’horizon de la réalité des conditions de rentrée mise en œuvre par les différents établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Déclaration CFDT au CNESER du 14 septembre 2021.
À l’occasion de ce premier CNESER de l’année universitaire 2021-2022, la délégation CFDT du CNESER souhaite revenir sur plusieurs points : les différentes annonces de la ministre et de la DGESIP concernant les conditions de la rentrée des universités ainsi qu’un tour d’horizon de la réalité des conditions de rentrée mise en œuvre par les différents établissements d’enseignement supérieur, conditions rapportées par nos correspondants d’établissement.
Tout d’abord concernant l’objectif du 100% présentiel :
Le Sgen-CFDT partage l’objectif d’un retour en présentiel des étudiant.es et donc des agents (à l’exception des agents considérés comme vulnérables) pour la rentrée 2021.
Il avait cependant alerté la ministre sur la nécessité de prévoir un scénario de repli en fonction de la situation sanitaire pour ne pas être pris au dépourvu.
Nous avons été rassurés par les propos récents de la ministre qui s’est montrée claire en rappelant qu’il était indispensable » (de) prévoir un plan B ». Les établissements, autonomes, ont donc été chargés d’élaborer ce plan et de le mettre en œuvre si nécessaire, en tenant compte des directives gouvernementales et ministérielles.
Le Sgen-CFDT rappelle la nécessité d’associer les représentant.es des agents à la fois très en amont et également dans la mise en œuvre.
Ils ont, grâce à leur contacts réguliers avec l’ensemble des personnels et des étudiant.es, une connaissance fine des besoins, attentes, freins et leviers d’une mise en œuvre des plans sanitaires. Ils ont aussi tiré les leçons des plans précédents, des difficultés de mise en œuvre de mesures pertinentes sur le papier mais irréalisables sur le terrain.
Pour que cette rentrée en présentiel se fasse dans des conditions satisfaisantes, cela suppose la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures indispensables (capteurs de CO2, filtration de l’air, masques…). Pour nous éviter de revenir au distanciel intégral, ce que personne ne veut.
Sur la question de l’hybridation :
Le Sgen-CFDT salue le déblocage de 35 millions d’euros pour 2021 et de 100 millions supplémentaires pour financer les coûts de l’enseignement hybride.
La question de la formation de tous les agents reste cependant cruciale pour le Sgen-CFDT.
L’apprentissage « sur le tas » lors des premiers confinements ne peut pas se substituer à des plans de formation réfléchis, construits, expérimentés …
Enfin, le Sgen-CFDT rappelle la nécessité de recruter dans les services qui gèrent les systèmes d’information.
Ces agents ont été très sollicités depuis le début de la crise sanitaire. Beaucoup sont épuisés, d’aucuns envisagent de quitter les universités pour aller dans le secteur privé où ces emplois sont certes mieux rémunérés mais surtout où les conditions de travail sont meilleures.
Sur le volet immobilier et la rénovation thermique des universités
Le Sgen-CFDT avait salué les 7,8 milliards d’euros du plan de relance consacrés à l’ESRI.
Les besoins sont énormes. Ils avaient été évalués à 10 milliards d’euros lors de la mandature précédente.
Le Sgen-CFDT avait déjà alerté la ministre sur l’importance que les projets retenus prennent bien en compte les nouvelles réalités des universités en terme de bâti que la crise pandémique a révélées :
• ouverture des fenêtres possible pour faciliter le renouvellement de l’air ;
• systèmes de filtration performants de l’air où cela est pertinent ;
• sanitaires en nombre suffisants et facilement accessibles pour les agents et les étudiant.es pour permettre un lavage régulier des mains …
Mais cela suppose aussi d’être en condition d’entretenir régulièrement les locaux et les matériels.
Ce qui nécessitera la présence de personnels d’entretien suffisants et des financements réguliers.
Globalement, le Sgen-CFDT salue les différentes mesures annoncées par la ministre et celles déjà mises en œuvre. Nous espérons que nos points d’alerte seront pris en compte. Nous continuerons de les porter partout où cela est possible.
Le Sgen-CFDT rappelle aussi la responsabilité des président.es d’université.
Les universités sont autonomes et donc nombre de mesures, dispositions, réponses dépendent d’eux. Très largement, les équipes présidentielles ont été aux côtés des agents et ont œuvré pour trouver, pour tous et pour chacun, les réponses les plus appropriées. Cela doit aussi être salué. Mais il reste encore ici où là des marges de progrès.
En particulier sur la réalité du dialogue social.
La crise devrait au contraire inciter à associer au mieux les représentant.es des agents dans la construction des réponses à apporter. Cela n’a pas toujours et pas partout été le cas, souvent au détriment des agents et d’une bonne gestion de la crise.
Rapide tour d’horizon des universités :
Une visio conférence nous a permis de réunir une grande majorité de nos correspondant.es d’ université sur la seule thématique des conditions sanitaires de la rentrée universitaire.
La CFDT en tire le constat suivant :
Très majoritairement le retour s’effectue en 100 % présentiel à de très rares exceptions près.
Comme le Sgen-CFDT l’avait demandé à la ministre lors d’un précédent CNESER, les établissements ont répondu présent sur la question de la vaccination tant pour les agents que pour les étudiants, en organisant des centres de vaccination sur les campus, au plus près des personnes, y compris en innovant et en déployant des équipes mobiles de vaccination. Pour la CFDT c’est très positif car nous rappelons partout que la vaccination ET le respect des gestes barrières sont, pour le moment, les seules solutions pour lutter efficacement contre la propagation de la maladie et éviter un retour au confinement.
La crise a profondément modifié l’approche du télétravail, tant pour les agents que pour les établissements, et les demandes sont désormais bien plus nombreuses qu’avant. Assez largement , les établissements ont répondu à cette revendication , en organisant le télétravail dans le respect du nouvel accord Fonction Publique, signé, et cela mérite de le rappeler, par l’ensemble des organisations syndicales et la majorité des employeurs publics.
Cependant, la question de l’indemnité journalière a souvent été omise dans les discussions locales. Cette indemnité est pourtant obligatoire.
L’État qui a été prescripteur en la matière se doit d’abonder les budgets des établissements.
La question des agents vulnérables fait encore l’objet d’interprétations différentes. Pourtant le texte Fonction publique est clair !
Un rappel par la DGRH aux établissements de la règle sur ce sujet nous semble indispensable afin d’éviter des tensions inutiles.
Deux sujets sont cependant sources de fortes inquiétudes pour nos équipes et sont en cours d’analyse par les services juridiques de notre organisation : la question des moyens de lutte contre la propagation par l’aérosolisation et celle des masques.
Alors que comme nous le rappelions plus haut, il s’agit d’un pré-requis pour une rentrée en présentiel.
Très tôt, la CFDT a alerté le MESRI sur ce dernier sujet car les scientifiques avec lesquels nous travaillons avaient pointé cette question.
Si le discours de la ministre a évolué dans un sens positif sur ce sujet, en particulier sur les capteurs de CO2, la question de la filtration de l’air dans les lieux où l’aération n’est pas possible (fenêtres défectueuses , sans ouverture possible …) reste un vrai problème. D’ailleurs, le courrier adressé par la DGESIP aux chefs d’établissement et daté du 05 septembre ne traite pas de façon satisfaisante de cette question.
Pourtant la plupart des pays se sont emparés de ce problème et investissent à la fois pour doter les espaces où la ventilation « naturelle » est possible de capteurs de CO2 et là où cela n’est pas possible, d’équiper les salles de systèmes de filtration de l’air.
La question financière nécessite d’ailleurs d’être clarifiée. Car bien que le même courrier de la DGESIP du 05 septembre prévoit un accompagnement financier des établissements par le ministère, les conditions précises de cet accompagnement ne semblent pas claires pour ces mêmes établissements au regard des retour que nous avons de nos équipes.
L’absence de système de filtration impose à nos collègues et à leurs étudiant.es de continuer à travailler malgré les risques certains qu’ils encourent toutes et tous.
Nos correspondant.es nous ont fait d’ailleurs un retour précis de ces difficultés dans les universités : si la plupart ont acheté des détecteurs et pratiquent des campagnes de mesures, pratiquement aucune n’a investi dans des systèmes de filtration.
La conséquence est simple : bien que des mesures très alarmantes aient été révélées dans certains locaux, l’absence de système de filtration impose à nos collègues et à leurs étudiant.es de continuer à travailler malgré les risques certains qu’ils encourent tous. Il leur faudrait pourtant stopper immédiatement leur enseignement ou leur travail et évacuer les lieux.
L’absence de réponse à la question de la filtration de l’air finira par nous conduire à ce qu’aucun d’entre nous ne veut : un retour au distanciel.
La question des masques est aussi préoccupante :
Le nombre, la qualité et le confort des masques fournis n’ont pas été réellement pris en compte dans la grande majorité des universités. Les masques tissus sont particulièrement inconfortable pour celles et ceux qui ont a parlé de façon importante (enseignant.es, personnels des services de scolarité, des BU …).
Le nombre de masques chirurgicaux est insuffisant.
Ces deux éléments contraignent la quasi totalité de nos collègues à acheter eux mêmes des masques sur leur argent personnel.
La CFDT demande qu’une indemnité forfaitaire soit versée aux agents afin qu’ils puissent acheter les masques qui correspondent le mieux à leurs besoins.
Sur ces deux sujets : aérosolisation et masques, la question des responsabilités de l’employeur en matière de protection des agents dans le domaine de la santé et de la sécurité sont très clairement questionnées. Sans réponse rapide et efficace du MESRI et des chefs d’établissement, la CFDT se devra d’agir et n’exclue pas y compris de recourir à la justice pour obtenir la juste protection des agents.
Enfin pour conclure :
Pour le Sgen-CFDT, la question des recrutements reste fondamentale.
Le Sgen-CFDT avait, avec La Fage, rédigée une tribune publiée dans l’Étudiant le 29 janvier 2018. Nous demandions un traitement à égale dignité entre les étudiant.es de CPGE et celles et ceux des universités, car tous les jeunes ont droit à la même considération.
Cela passe par des recrutements dans les universités sur toutes les catégories d’emploi et tous les métiers. Cela permettra de faire réussir plus de jeunes, en proposant un accompagnement plus individualisé. Mais cela permettra aussi d’améliorer les conditions de travail des agents épuisés par la crise et par la hausse constante des effectifs étudiants ces dernières années.
Le retard est important et même la fin de la hausse démographique prévue pour 2025 ne suffira pas à combler un retard accumulé par des décennies de sous investissement.
Le sous encadrement concerne tous les personnels des universités : enseignant.es, enseignant.es-chercheur.es, personnels des bibliothèques, des services de sociaux et de santé, d’orientation et d’aide à l’insertion professionnelle, ingénieurs pédagogiques, informaticiens, administratifs …
La ministre et la CPU se renvoient la balle sur ce sujet.
La CFDT n’a ni l’intention ni le rôle de jouer les arbitres. Mais elle attend des réponses précises et claires sur les freins aux recrutements et les leviers pour les favoriser.
La CFDT avait évoqué la possibilité d’une mission d’enquête indépendante sur cette question. Nous n’avons pas obtenu de réponse.
Mais comme sur d’autres sujets, la CFDT finira, peut-être, par être entendue, mais que de temps perdu à chaque fois !
Le recrutement d’agents sur des emplois pérennes dans les universités sera le dossier revendicatif prioritaire du Sgen-CFDT pour les mois à venir. Il portera ce sujet auprès des candidat.es à la présidentielle et attend des réponses précises et chiffrées des candidat.es.
Parce que le Sgen-CFDT, avec la CFDT, le rappelle régulièrement :
L’enseignement supérieur n’est pas une dépense mais un investissement !
N’hésitez pas à contacter les militantes et militants du Sgen-CFDT !