Lors du Comité technique ministériel du 22/09/21, Julien DENORMANDIE a présenté le PLF 2022. Etaient également présents Sophie DELAPORTE (SG), Philippe MERILLON (SG-adjoint), Valérie BADUEL (DGER), etc. Le Sgen-CFDT était représenté par Gisèle BAULAND et Jean François LE CLANCHE.
Hausse du recrutement des apprenants
En déclaration liminaire, le Sgen-CFDT a indiqué avoir « à cœur de promouvoir un système de formation et de recherche performant, inclusif et de soutenir un Enseignement agricole sous la tutelle du ministère de l’Agriculture. Nous sommes le 22 septembre et avons tout juste les données sur les effectifs de rentrée, pourquoi ?
- Parce que le manque de moyens humains ne permet plus ces remontées régulières ?
- Parce que les systèmes d’information de la DGER sont au bout du bout ?
- Ou, les deux : un manque de moyens humains et des outils devenus obsolescents ? ».
Pour le ministre, « l’accueil et la rentrée scolaire et universitaire se sont bien passés » au regard du contexte sanitaire dégradé.
« Beaucoup d’efforts ont été faits par les équipes pour reprendre l’activité en présentiel ». Cette année « est une année de rupture ».
« La conjoncture des efforts de tous les acteurs a permis une augmentation totale des effectifs de + 0,5 %, un résultat de très bon augure ».
En parallèle, on enregistre « un record du nombre d’apprentis ». Aucun chiffre n’a été donné, quel regret ! Des chiffres consolidés sont en attente. Ces données permettront d’analyser les transferts entre les différentes familles de l’Enseignement agricole et les différentes voies de formation.
Le Sgen-CFDT se félicite que l’érosion des effectifs « élève » ait pris fin. Pour rappel, les années précédentes étaient de -2,6% à la rentrée 2018, 0% à la rentrée 2019 et -2,2% à la rentrée 2020.
Augmentation de 16 ETP dans l’enseignement agricole supérieur
Ces 16 ETP iront vers les quatre écoles nationales vétérinaires (ENVA, ENVT, Oniris, VetAgro Sup).
En complément la DGER annonce dans sa lettre que « l’année 2022 sera la première année d’un grand plan pluriannuel, sur 10 ans, de renforcement de la capacité d’accueil des quatre écoles nationales vétérinaires qui sera progressivement portée à 3 500 étudiants avec le recrutement de 180 encadrants supplémentaires. »
Dès 2022, les écoles nationales vétérinaires bénéficieront d’un total de 28 emplois. Ils permettront des recrutements pour renforcer leur capacité clinique et pédagogique et assurer les accréditations européennes. Par ailleurs des crédits supplémentaires à hauteur de 2,3 M€ sont prévus en plus des crédits inscrits dans les contrats de plan État-Région 2021-2027.
Pour le Sgen-CFDT, ce PLF préserve l’enseignement supérieur comme les précédents. Cette avancée bien que positive est insuffisante.
Elle ne permet pas de faire face à l’augmentation constante des étudiant.es en École vétérinaire. La charge de travail de l’ensemble de la communauté s’est alourdie année après année. De nombreuses équipes sont épuisées. La situation des contractuels demeure un vrai sujet. De nombreux agents sont en souffrance comme le baromètre social l’atteste.
En réponse le ministre a déclaré que « pour les Écoles vétérinaires, dire que l’augmentation est insuffisante est regrettable au regard des avancées. Il n’y a pas de dialogue constructif si ce n’est jamais suffisant, on n’avance pas. ».
Baisse de 16 ETP dans l’enseignement agricole technique
Julien DENORMANDIE a annoncé une baisse de 16 ETP dans l’enseignement technique agricole.
Il a déclaré s’être « personnellement investi pour obtenir des moyens pour l’enseignement agricole ». « Auquel il est très attaché ». « Le schéma d’emploi initial planifiait une baisse de 110 ETP cette année ». « Il a été révisé. Vous pouvez considérer que c’est insuffisant mais une attention particulière du gouvernement a été porté à l’Enseignement agricole ».
Pour le Sgen-CFDT, il va falloir encore faire plus avec moins.
Les citoyennes et citoyens réclament un engagement fort de l’État et en particulier du ministère de l’Agriculture, engagement sur la sécurité alimentaire et sanitaire, sur la protection de l’environnement, pour des pratiques agricoles plus écologiques, sur la lutte contre le changement climatique, pour la préservation des ressources naturelles, pour l’équilibre des territoires, pour des pratiques d’élevage plus éthiques.
Un Enseignement agricole fort permettra de relever ces défis et de tenir ces engagements. La baisse des moyens depuis plusieurs années doit s’arrêter et, mieux, une inversion de la courbe devient indispensable.
Point autour des conditions de vie au travail
Le ministre a indiqué vouloir « tirer tous les enseignements du dernier baromètre social » (voir lien article en bas de page).
« Il faut tirer parti de l’innovation numérique ». « Un accord télétravail est en cours de négociation ».
Sur le télétravail, le Sgen-CFDT participe activement aux négociations en cours qui vont pour le moment dans un bon sens.
Le ministre a annoncé la poursuite d’actions déjà engagées telles que le « label égalité et diversité professionnelles » (égalité femme-homme et lutte contre les discriminations), la poursuite de la revalorisation des rémunérations des personnels de direction des EPLEFPA, un alignement progressif des rémunérations des contractuels (ACN) du sup sur celles des fonctionnaires, une meilleure promotion des agents de catégorie C en B et B en A et l’ouverture imminente d’une conférence salariale dans la Fonction Publique.
Le Sgen-CFDT continuera de suivre ces dossiers prioritaires. Leur bonne mise en œuvre peut effectivement améliorer la situation des agents. À ce jour, que ce soit dans l’Enseignement agricole technique ou supérieur, les sujets du handicap, du double label et de la prévention, ne peuvent pas être conduits, faute de moyens suffisants. Il faut que cela change.
Vers un ministère neutre en carbone
Le ministre souhaite engager un chantier visant à rendre « son » ministère « neutre en carbone ». Ce sera le premier ministère à s’engager, le ministre y tient ! Trois types d’actions :
- L’achat de crédit carbone en lien notamment avec les associations agricoles.
- Une gestion des déchets mieux optimisée.
- Une gestion des déplacements domicile-travail revisitée.
Chaque direction générale devra établir un plan d’actions. Les établissements de l’Enseignement agricole font partie de la feuille de route du ministre et devront travailler avec les conseils régionaux.
Pour le Sgen-CFDT, cette proposition est intéressante. Elle ne doit pas se réduire à un effet de « com ». L’Enseignement agricole qu’il soit technique ou supérieur a une vraie carte à jouer, tant pour l’expertise, la mise en œuvre et participer à l’évaluation. Les établissements peuvent devenir des références.
Le Sgen-CFDT dénoncera toute dérive de type « greenwashing » (ou « éco-blanchiment », « verdissage » en français), consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse pour améliorer l’image de son promoteur.
Ce que veut le Sgen-CFDT
Le Sgen-CFDT réclame plus de moyens mais aussi un plan stratégique et politique clair, transparent pour l’Enseignement agricole public et privé. Les efforts annoncés ne seront pas suffisants pour revenir à une situation soutenable.
Il faut aussi plus de moyens pour :
- une Recherche à la hauteur des enjeux,
- bénéficier d’outils d’expérimentation performants, les exploitations agricoles des EPLEFPA sont des supports à valoriser,
- un enseignement de qualité (sup et technique) portant au plus haut les données scientifiques face aux discours défaitistes, dogmatiques, sectaires voire dangereux,
- une Inspection de l’Enseignement Agricole confortée afin qu’elle puisse réaliser ses missions toujours plus nombreuses,
- les politiques publiques comme « Enseigner à Produire Autrement»,
- accompagner les élèves du fait d’un manque criant d’assistants d’éducation et d’AESH,
- les SRFD, depuis la fusion des Régions, les moyens se raréfient. Comment conduire les missions régionales comme la coopération internationale, l’expérimentation, l’orientation, l’insertion, l’animation des territoires ?
Le ministre a répondu à de nombreux autres sujets. Il est intervenu à propos des services déconcentrés, de l’administration centrale, des opérateurs publics. Pour aller plus loin, lire l’article (en lien ci-dessous).