Le Sgen-CFDT avait été reçu en audience, fin 2021, lors de la présentation de la note de service ayant pour objet une nouvelle définition du savoir-nager en Sécurité. La note de service vient d’être publiée.
Changement de la circulaire sur le savoir-nager
Cette note de service vise à « définir les conditions de l’acquisition par les élèves, dès leur plus jeune âge, d’une aisance suffisante pour évoluer en sécurité dans le milieu aquatique et de définir l’enseignement de la natation dans le cadre scolaire, dans le respect de la réglementation en vigueur. Elle abroge la circulaire n° 2017-127 du 22 août 2017 définissant les conditions de l’enseignement de la natation dans le premier et le second degré ».
- L’attestation (antérieurement nommée « attestation scolaire du savoir nager ») est adoptée comme test de référence dans les domaines scolaires et extra-scolaires. Elle est renommée attestation du « savoir-nager » en sécurité (ASNS). À noter que la distance de 15m est remplacée par 20m. Ce qui ne s’accorde pas totalement avec les programmes de fin de cycle 2.
- L’aisance aquatique est à présent définie comme une étape fondamentale pour débuter le parcours de formation d’un nageur sécurisé. En annexe 3, sont apportés des « Repères pour l’aisance aquatique et paliers d’acquisitions ».
- Le test, antérieurement appelé « aisance aquatique » et permettant l’accès aux activités nautiques dans le cadre des accueils collectifs de mineurs, est renommé « Pass-nautique ».
Le Sgen-CFDT relève certains points à développer
Si la circulaire reprend en de nombreux points le contenu de la circulaire de 2017, nous pouvons noter quelques apports :
- L’attention portée à « l’inter-cycle » dans le suivi des élèves et notamment des non-nageurs : entre premier et second degré, et entre collège et lycée. La notion de réseau et de lien inter-degré est depuis longtemps portée par le Sgen-CFDT. Un travail spécifique sera notamment à envisager sur la liaison avec les lycées : repérer, convaincre certains élèves de la nécessité de cet apprentissage, débloquer des moyens, etc.
- Les précisions apportées sur les modalités d’encadrement dans les « bassins intégrés » et ce que l’on nomme aujourd’hui « les bassins mobiles ». Ces nouveaux bassins qui apparaissent dans certaines communes n’existaient pas de façon officielle dans les circulaires.
- Le statut des profs des écoles intervenant en second degré (exemple en Segpa, en Ulis) est, lui aussi, reprécisé : « Les professeurs des écoles qui exercent dans le second degré sont soumis aux mêmes règles du taux d’encadrement du premier degré. »
- De même que le rôle des AESH : « Les accompagnants des élèves en situation de handicap (Aesh) ont toute leur place au cours des séances de natation si nécessaire, en référence au projet personnalisé de scolarisation. Leur rôle se limite à la prise en charge de l’élève en situation de handicap qu’il accompagne ».
Les interrogations du Sgen-CFDT sur le savoir-nager
Pourquoi des travaux pilotés par le ministère « chargé des sports » ?
Nous comprenons l’esprit de la circulaire et de la note de service visant à mieux articuler les protocoles scolaires et extra-scolaires. Cependant, nous nous interrogeons sur le fait que les travaux soient menés par le ministère chargé des Sports. Dix-sept fédérations ont été sollicitées pour réfléchir à ces modifications, alors que les mises en œuvre concernent essentiellement les scolaires.
L’accent sur le terme sécuritaire et l’emploi du mot « pass-nautique » prêtent au mieux à sourire…
Une absence de précisions quant au taux d’encadrement spécifique des non-nageurs.
Au-delà des préconisations relatives au ANSN, le Sgen-CFDT, a de nouveau insisté sur la nécessité d’apporter des précisions relatives à l’encadrement spécifique des non nageurs.
Le texte précise : « Pour les élèves non-nageurs, quel que soit leur âge, les modalités d’enseignement et d’encadrement doivent être adaptées afin de soutenir cette formation par la construction des compétences générales de l’éducation physique et sportive (EPS) en relation avec les attendus de fin de cycle du C2 ».
« Mais nous ne voyons pas quelle marge de manœuvre est possible, et à quel texte pourrait se référer les équipes pour accorder une attention spécifique à ce public ».
En effet, comme dans l’ancienne circulaire, le texte pose par exemple pour un groupe de 20 à 30 élèves, en école élémentaire, un encadrement de « deux adultes au moins dont le professeur de la classe ». Pour le second degré, « le professeur d’EPS assure l’enseignement et l’encadrement des élèves en présence d’un personnel qualifié et dédié à la surveillance ».
Dans la « réalité d’une classe », cet encadrement ne permet pas d’envisager d’adaptation en cas d’un nombre important de non nageurs (n’ayant pas acquis le pass nautique), ou n’ayant pas l’ANSN.
Il n’est pas exemple pas envisageable de prendre en charge plus de 6 ou 8 non nageurs dans des conditions de sécurité, et encore moins d’envisager un apprentissage efficient au-delà de ce nombre. Qui plus est avec des élèves jeunes, qui ne sont pas encore capables d’autonomie dans la circulation, les rôles, l’écoute, etc.
Dans certaines FAQ disponibles sur Internet, le nombre de 8 non-nageurs est évoqué comme pouvant constituer un groupe.
Une circulaire apportant de réelles précisions à ce sujet nous semble nécessaire.
La question des moyens humains ne peut être éludée. Et ce n’est pas la possibilité de faire appel à des bénévoles (comme indiqué dans la circulaire) qui doit répondre à ces besoins.
Une nécessaire concertation avec les collectivités territoriales pour permettre des conditions favorables d’apprentissage et de surveillance.
Le Sgen-CFDT demande à ce que des recommandations claires soient apportées pour réellement inscrire conjointement cette priorité du savoir nager au niveau des collectivités.
En effet, nombre d’écoles, de collèges et de lycée se trouvent dans l’impossibilité soit d’avoir accès (avec un temps de trajet raisonnable) à des piscines. Ou dans l’impossibilité d’offrir des créneaux suffisants sur plusieurs séquences à leurs élèves. Ou d’avoir assez de lignes d’eau pour respecter les normes de 5m2, tout en maintenant un temps dans l’eau conséquent pour tous les élèves. Ou encore d’avoir des MNS présents en nombre pour la surveillance, etc.
Ces problématiques ne peuvent là aussi être séparées des intentions formulées par le ministère sur le savoir-nager pour tous. Qui plus est en cette période de crise sanitaire qui a vu nombre de jeunes éloignés des bassins.