Un groupe de travail CNEA-CNESERAAV présidé par J.COPPALLE, sous-dir. de l'enseignement supérieur (DGER), s'est tenu le 20/09/22. L'objet était d'étudier la possibilité de faire évoluer le recrutement en voie C et la prépa ATS-BIO. La CFDT était représentée par A. COFFIN, JF LE CLANCHE, PG MARNET.
ATS BIO, une prépa sur concours pour les BTSA, BTS, DUT.
La DGER souhaite revoir les conditions et modalités d’accès aux écoles nationales agronomiques et vétérinaires après un diplôme de brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) ou un brevet de technicien supérieur (BTS). Ceci impacte directement la classe préparatoire ATS BIO et la voie C du concours.
Actuellement, les étudiant.es en BTS et BTSA qui désirent suivre ces études vétérinaires ou d’agronomie par la voie scolaire sont soumis au même parcours que les étudiant.es titulaires d’un diplôme universitaire de technologie (DUT). Tous doivent réussir le concours d’entrée à la classe préparatoire ATS-Bio puis réussir le concours C des écoles nationales agronomiques et vétérinaires.
Des BTSA victimes de la sélection
Le fait d’ouvrir cette même voie aux étudiant.es des sections de technicien supérieur (STS) et de DUT est souvent défavorable aux étudiants des BTSA et BTS. On peut le regretter. Les compétences acquises, leurs aptitudes professionnelles et cognitives sont hélas moins bien valorisées dans la voie C du concours. Ce sont les étudiant.es de DUT qui obtiennent la grande majorité des places. La sélection opérée, de nature essentiellement académique, les favorisent car elle correspond le mieux à leur cursus.
Pour la CFDT, l’ouverture d’un tel chantier est pertinent. Les étudiant.es subissent deux sélections: une pour rentrer en classe préparatoire ATS BIO, une pour réussir le concours. Les étudiant.es issu.es des formations de type BTSA peinent à franchir ces deux obstacles. Pourtant, leur profil intéresse les écoles d’agronomie et vétérinaires! Beaucoup sont découragé.es et ne se présentent pas ou abandonnent en cours de parcours. Pour la CFDT, il faut permettre a plus d’étudiant.es ayant suivi un cursus de l’enseignement supérieur technique court (BTSA ou BTS) de pouvoir accéder à l’enseignement supérieur long. Ces jeunes, souvent issus de milieu modeste ou de la classe moyenne, des territoires ruraux, doivent pouvoir bénéficier de l’ascenseur social. La poursuite en école d’agronomie ou vétérinaire constitue une suite logique à leurs études. Le projet de réforme engagée par la DGER semble donc aller dans le bon sens.
Ré-organiser la prépa ATS BIO et le concours voie C
La réforme des DUT en « bachelors universitaires de technologie » (BUT) est intervenue en 2021. On passe d’un DUT de deux ans à un BUT de trois ans. Cette évolution est une opportunité pour l’enseignement agricole. Elle offre la possibilité de mettre fin à cette coexistence (DUT, BTSA, BTS) en organisant différemment l’accès aux écoles nationales agronomiques et vétérinaires. Une voie rénovée pourrait être réservée aux seuls étudiant.es de BTSA-BTS, de niveau bac+2. Dans cette perspective, la DGER souhaite engager durant 2022 et 2023 une concertation ayant pour objet d’étudier :
- l’inversion de la séquence « classe préparatoire ATS BIO » puis concours C vers une séquence « « concours réservé aux BTSA-BTS » puis entrée dans une classe préparatoire ATS BIO, sans concours à l’issue.
- la construction et l’ingénierie de ce nouveau concours dès la fin du BTSA (et BTS). L’objectif est de le rendre plus attractif et de le positionner dans un sens de continuité immédiate avec les enseignements de STS.
En parallèle, révision du concours B d’accès aux écoles nationales agronomiques et vétérinaires, réservé à ce jour aux titulaires d’une L2. Les étudiant.es ayant un DUT ou un BUT y auront désormais accès (évolution du concours C2). Le nombre de places offertes évoluera. Il n’est pas question de léser les étudiant.es de DUT-BUT.
Pour la CFDT, ce projet est intéressant. Par ce biais, les recrutements en école d’ingénieur agronome et agroalimentaire pourraient aussi s’améliorer. Actuellement, dans certaines écoles, le nombre d’étudiant.es récruté.es n’est pas à l’optimum. Il faut aussi veiller à ce que ce projet ne déstabilise pas le flux actuel de recrutement d’étudiant.es entrant en prépa ATS BIO. Le fait de ne plus retenir les DUT n’est pas anodin. La priorité des priorités est de reconquérir les effectifs élèves et étudiants de la voie scolaire.
Quelle méthode retenue pour faire avancer ce projet?
Le ministère a mandaté une mission conduite par Grégoire THOMAS (ancien directeur d’Agrocampus-ouest) et Philippe VINCENT (CGAAER). Elle aura la charge de piloter la conduite de ce projet, en interaction avec l’inspection de l’enseignement agricole, la DGER. La consultation intègrera les établissements d’enseignement agricole intégrant une classe préparatoire ATS-Bio, les établissements d’enseignement technique agricole, les établissements publics d’enseignement supérieur agricole et les organisations syndicales. L’objectif est que ce projet aboutisse pour la session des concours 2024. Cette méthode de travail est satisfaisante du point de vue de la CFDT.
Ce qu’en pense la CFDT
Pour la CFDT, ce projet fera sens pour l’enseignement agricole:
- s’il améliore la cohérence globale de notre système,
- s’il constitue un supplément d’attractivité pour les BTS-BTSA par la voie scolaire.
Ce projet peut permettre de garder les classes prépa dans les lycées agricoles. Le projet de système inversé où le concours précède l’année préparatoire est intéressant mais il faut pourvoir sanctionner un niveau/effort insuffisant (ce n’est pas un concours mais un examen final qu’il faudrait instaurer) avec exclusion si pas le niveau au bout de 2 ans (et si on retient dans le futur projet la possibilité de redoubler). Un concours basé sur l’intelligence pratique, la capacité de formalisation, une base mathématique solide, une culture agricole et environnementale, voire vétérinaire/santé, des tests basiques de logique (algorithmie) etc.. serait le bienvenu.
Il demeure un écueil de réalisation. Si on veut éviter de faire de la classe prépa « traditionnelles » avec ces profils différents, il faut accompagner cette rénovation et proposer des formations aux enseignants concernés qui le souhaitent. Cela a un coût et prend du temps. Il faut donc accompagner cette réforme par des moyens, de la formation, du conseil. Si on ne le fait pas, on aura engagé une mutation pour rien. Changer les noms des concours pour des contenus quasi similaires avec les forces existantes n’a aucun sens. Enfin, il faudrait vraiment repenser le bac-3, bac + 3 pour nos formations en intégrant toutes les voies d’accès y compris les classes prépas du concours A dans la discussion.
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