Le ministre a présenté aux organisations syndicales les axes de réflexion sur l’attractivité du métier enseignant. A l'ouverture de la concertation, le ministre affiche la volonté de “ rebâtir le prestige du métier enseignant” avec trois chantiers pour lesquels les discussions sont ouvertes.
3 chantiers pour l’attractivité du métier enseignant.
Formation initiale
Le ministre réaffirme son attachement à une formation au niveau master pour toutes et tous mais interroge la place du concours, les cursus de formation, leur différenciation selon les corps d’enseignants et le contenu même de la formation.
Évolution des carrières
Le ministre souhaite mener une réflexion sur l’accompagnement à la prise de poste en début de carrière.
Il interroge l’absence de perspectives en milieu de carrière en lien avec l’aplatissement de la courbe de rémunération.
De même, il ouvre la discussion sur les possibilités de mobilité professionnelle dans l’éducation nationale et hors de celle-ci.
Conditions de travail
Le ministre associe “un environnement propice à l’épanouissement professionnel” à la qualité des apprentissages des élèves et s’interroge sur les moyens de le garantir.
Il évoque la médecine de prévention et l’adaptation du bâti scolaire aux changements climatiques.
Le Sgen-CFDT déclare avec force que rémunération et conditions de travail sont prioritaires
Pour le sgen-CFDT, les discussions ne doivent pas repartir de zéro.
Depuis 2019 et à plusieurs reprises, un travail a été conduit pour poser un diagnostic partagé sur la rémunération et les conditions de travail. Sans doute des angles sont-ils encore à explorer mais sans tout refaire depuis le début.
Le Sgen-CFDT souhaite que cette concertation permette de travailler sur la revalorisation inconditionnelle de la rémunération. Nous continuons de revendiquer une démarche pluriannuelle sur ce volet.
Cette question de la revalorisation ne saurait être close. Elle doit être évoquée au futur.
Le Sgen-CFDT demande donc l’ouverture d’un volet revalorisation des rémunérations.
Le Sgen-CFDT demande l’ouverture de la négociation QVT-CT inscrite dans le plan de travail du CSAMEN.
L’ampleur du sujet Qualité de vie au travail et conditions de travail nécessitera une action au long cours et un accord avec une clause de revoyure régulière.
- L’impact du changement climatique sur le travail ne doit pas se limiter à l’aspect bâtimentaire, d’autant plus que le changement climatique impacte le travail plus rapidement que ne seront rénovés les écoles et établissements scolaires,
- Une école inclusive pour toutes et tous avec les moyens humains et financiers nécessaires à l’accueil qualitatif de chaque élève et à l’amélioration des conditions de travail des enseignant⋅e⋅s et AESH.
- Le mode de gouvernance actuelle de l’ensemble du système éducatif a un impact négatif fort. Il faut mettre fin aux revirements brutaux, aux consignes à effet quasi immédiat, et parfois contradictoires entre elles,
- Le temps de travail réel des enseignant.e.s, la charge et l’intensité du travail devront nécessairement nous faire revenir sur des mesures prises récemment ou envisagées qui risquent d’aggraver la situation.
Ainsi l’organisation de la formation continue est actuellement mise à mal. Les consignes passées aujourd’hui dans les écoles et établissements, dans les EAFC, sont brutales pour les enseignant.e.s qu’ils et elles soient en situation de se former ou d’assurer les formations continues. Quant au “pacte enseignant”, il est pour nous source de dégradation des conditions de travail. - La problématique des milieux et deuxième partie de carrière est importante. Nous attirons l’attention du ministère depuis plusieurs années sur ce sujet et le lien avec la lassitude par rapport à la charge de travail et l’épuisement professionnel croissant.
Le Sgen-CFDT ne partage pas le champ lexical de la vocation pour parler des métiers enseignants. Ce discours vocationnel empêche souvent de penser les réalités du travail enseignant. Il a longtemps légitimé l’absence de revalorisation des rémunérations et accentué la tendance à sous-valoriser des métiers majoritairement féminins.
Si au ministère, comme semble l’indiquer le ministre, on sort enfin du discours de la crise de vocation, c’est intéressant, mais il faudra que les chantiers ouverts débouchent sur des mesures concrètes qui améliorent les conditions de travail des enseignant.e.s, CPE et PsyEN.
Si le ministère souhaite véritablement accompagner les personnels qui seraient demandeurs d’avoir une mobilité professionnelle vers d’autres métiers sans qu’elle soit toujours irréversible, il faut sortir d’une situation où les collègues sont entravés et en viennent à démissionner brutalement, voire à recourir à l’abandon de poste.
Il faudra aussi calibrer les recrutements concours en tenant compte de cette mobilité, et la programmer sur plusieurs années. Dans un rapport, le Cnesco avait montré que l’absence de visibilité sur plusieurs années des recrutements est un frein à la constitution de viviers d’étudiantes et étudiants s’engageant dans la formation aux métiers de l’enseignement et de l’éducation.
Concernant la formation initiale et le recrutement, le Sgen-CFDT refuse toute différenciation entre les corps de la filière d’enseignement et d’éducation.
La réforme du déplacement du concours en fin de M2 a été ratée parce que partielle et utilisée pour faire des économies alors qu’il faut investir massivement dans la formation.
Le Sgen-CFDT souhaitait un concours en fin de M2 car l’année de M1 était intenable.
Nous revendiquons une rémunération pendant l’ensemble du master ouvrant des droits sociaux ainsi qu’une alternance dont la priorité est la formation de l’étudiant.e.s.
Les étudiants alternants en master MEEF et les enseignants stagiaires ne doivent pas être considérés comme des moyens d’enseignement afin de permettre une entrée progressive dans le métier. Nous demandons l’évaluation des dispositifs actuels de pré-recrutement.
Sur les différents chantiers que le ministre souhaite ouvrir, pour construire des améliorations pour les personnels et pour le système éducatif, il faudra investir. Or le ministre n’a donné aucune indication sur les engagements budgétaires envisagés en 2024 et les années suivantes pour financer les mesures.
Pour le Sgen-CFDT, il y aura donc de nombreux points à éclaircir dans les prochaines réunions avec le ministère. Nous restons donc dans l’expectative.