Les sénatrices et sénateurs de la Commission de la culture, de l'éducation et de la communication ont invité le Sgen-CFDT le 15/11/23. Les échanges ont porté sur le projet de loi de finances 2024 - volet "enseignement agricole" et sur les enjeux propres à notre système de formation (technique et sup).
L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE AU CŒUR DES ENJEUX DU XXIÈME SIÈCLE
L’enseignement agricole est un levier indispensable à la mise en œuvre des transitions écologiques, sanitaires, alimentaires et énergétiques dans le secteur de la production primaire. Le sénat doit savoir que L’EAP a inscrit l’agroécologie et le développement durable dans les multiples référentiels de formation. Il est acteur du changement avec:
- le plan « Enseigner à produire Autrement »,
- la loi Egalim mise en œuvre dans nos restaurants scolaires,
- les plans ecophyto et/ou ecoantibio mis en œuvre par nos exploitations agricoles et ateliers technologiques.
Les filières du type « agroalimentaire » continuent de voir leurs effectifs chuter. L’image des industries alimentaires est dégradée. Ces métiers n’attirent plus. Les écoles d’ingénieur en agro-alimentaire tout comme les lycées agricoles peinent de plus à plus à remplir
Le Sgen-CFDT demande la mise en place d’une politique de communication intense sur l’intérêt et les atouts des différents métiers des industries alimentaires. Tous les acteurs de la filière doivent y participer.
Pour le sup
L’enseignement supérieur long recrute de plus en plus d’étudiants et d’apprentis (école d’ingénieur, vétérinaire, du paysage…). L’enseignement supérieur agronomique et de paysage (public et privé) s’est engagé dès la session 2017 à augmenter ses effectifs de 20% à horizon 2030. L’objectif du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles est d’accueillir plus 75% d’étudiants vétérinaires et 30% d’étudiants ingénieurs agronomes supplémentaires à l’horizon 2030 (référence 2017).
Les effectifs des établissements (publics et privés) d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire (ENV) et de paysage augmentent globalement de 2% dans les cursus de référence. Ils atteignent 16 835 à la rentrée 2023 (hors césures). On constate le dépassement de l’objectif de 16 000 étudiants initialement fixé pour 2025.
Le Sgen-CFDT demande la création d’une cinquième école vétérinaire publique. Nombre d’étudiants français voulant suivre des études vétérinaires partent à l’étranger. La création d’une nouvelle école vétérinaire privée n’a pas résolu cette situation critique. Le manque de vétérinaires ruraux devient un problème majeur pour la filière élevage et notre agriculture.
En ce qui concerne l’apprentissage
À l’occasion des Assises de l’apprentissage le 7 novembre 2023, Carole Grandjean a annoncé le lancement d’une concertation devant déboucher sur « une réforme structurelle ». Le Sgen-CFDT espère que cette réforme n’annonce pas une diminution des coûts contrats qui serait catastrophique pour nos CFPPA.
En ce qui concerne nos filières en formation initiale scolaire
Le Sgen-CFDT demande au Sénat que les moyens idoines soient dispensés pour permettre aux établissements de proposer dans leur filière générale, TOUTES les spécialités du Bac G. En effet, le fait d’avoir été bridé dans la proposition de ces spécialités a été un frein au recrutement des élèves en seconde générale. Par ailleurs, l’enseignement agricole doit pouvoir proposer des spécialités en lien avec le numérique et les métiers de l’ingénieur. C’est la crédibilité de son enseignement qui est en jeu.
En ce qui concerne l’image de l’enseignement agricole
L’École de la République doit informer, orienter, permettre aux apprenants et à leur famille de choisir des parcours de formation adaptés. Cela nécessite que les prescripteurs de nos formations, les professeurs principaux des collèges, les Psy EN ne considèrent pas les formations agricoles comme réservées aux élèves en difficultés mais comme une réelle voie d’excellence. En effet, la qualité de l’accompagnement de l’EA et les taux d’insertion ne sont plus à démontrer.
La campagne « l’aventure du vivant » existe maintenant depuis plusieurs années et touche son public. Le « bus orange » est un peu « tape à l’œil ». C’est peut-être une qualité. Pour promouvoir son passage, les personnels de direction sont des relais incontournables. Le nombre de jeunes touchés par cette campagne est assez intéressant si on le rapporte au nombre d’apprenants de l’EA. On note une présence renforcée de l’EA dans les réseaux sociaux. Cette présence est utile pour toucher le public des jeunes. Le site web « aventure du vivant » est mis à jour.
La série télévisée « DETER » se déroule dans un lycée agricole. Le grand public va ainsi découvrir, via ce divertissement, la vie et la singularité de nos établissements d’enseignement. Cette série aura un impact. Le grand public aura une meilleure connaissance de notre système de formation. Cette initiative est d’autant plus remarquable que ce n’est pas une communication gouvernementale.
Une synergie à trouver avec l’EN
L’enseignement agricole doit poursuivre sa politique de communication sur le long terme.
Le Sgen-CFDT demande que des ETP permettent le recrutement de deux corps qui n’existent pas au MASA : Assistant social et psychologues. Il faut mettre à parité l’offre psycho-sociale de l’EN et de l’agriculture. Dans le même esprit, le Sgen-CFDT demande que des ETP soient ouverts dans les DRAAF pour créer des postes de chargé d’orientation en lien avec les DASEN.
Reconnaitre le métier d’enseignant et mieux le rémunérer
Le XXI -ème siècle marque un tournant pour les professionnels de l’éducation et de la formation. Le « Faire carrière » n’est pas une fin en soi pour les entrants, et ne le sera pas davantage pour les personnels en poste dont la rémunération est une injure à leur métier.
Le Sgen-CFDT propose que le MASA suive les recommandations de la cour des comptes et s’empare des concours nationaux à affectation locale. Cela inciterait davantage de candidats à se présenter et éviterait que les lauréats démissionnent pour des contingences géographiques. Cette proposition a semblé éveiller l’intérêt de nos sénatrices et sénateurs.
Le Sgen-CFDT demande au Sénat la valorisation des parcours professionnels des agents qui s’engagent sous statut d’emploi d’encadrement de direction ou d’inspection au MASA. Ces deux fonctions n’étant pas, comme c’est le cas à l’EN, adossées à un corps.
Mettre la pédagogie au cœur du métier et enseigner autrement
Pour le Sgen-CFDT, la formation des agents n’est pas un coût mais un investissement. Il l’a dit au Sénat.
L’enseignement supérieur au MASA a de nombreux défis à relever. Le premier est d’assurer la formation pédagogique initiale et continue des PCEA, PLPA, CPE. Pour pouvoir:
- penser les problèmes des transitions dans une perspective citoyenne de responsabilité vis-à-vis des sociétés d’aujourd’hui et des générations futures,
- juger de l’impact des modes de fonctionnement actuels sur les systèmes sociaux et vivants,
il ne suffit plus de juxtaposer les apprentissages disciplinaires, il faut apprendre à les articuler, à voir comment l’économie et la technique s’insèrent dans des organisations sociales qui elle-même doivent s’inscrire dans l’ensemble des systèmes vivants.
Enseigner la complexité, mobiliser l’approche pluridisciplinaire ne s’improvisent pas. Le financement de L’ENSFEA et du dispositif national d’appui (DNA) doit correspondre à cet enjeu.
En conclusion
Il y a 17 ans déjà, la sénatrice FERAT, au nom de la commission des affaires culturelles (Sénat) n° 27 (2006-2007) – 18 octobre 2006, avait conclu : « l’enseignement agricole occupe une place à part au sein du paysage éducatif, de par son rattachement au ministère de l’agriculture, au nombre restreint d’élèves en formation et à l’ancrage territorial de ses établissements ». Ce rapport du Sénat dresse un panorama de l’enseignement agricole. Il regrette qu’une pression budgétaire contraigne les capacités de développement du système. Il souhaite voir valorisé le potentiel de formation et réaffirmée l’identité de cet enseignement en changeant d’image, répondant aux attentes de formation, fédérant les énergies. »
Ce que veut le Sgen-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, le PLF 2024 , dont nous soulignons l’augmentation, est encore en décalage avec les besoins de l’enseignement agricole technique et supérieur et ne permet pas de renforcer l’attractivité en déclin des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la recherche.
Il faut créer des postes de maitre de conférences et de professeurs de l’enseignement supérieur agricole. Il n’y a pas eu de création de postes alors que le nombre d’étudiants à singulièrement augmenté. Nos collègues croulent sous les heures supplémentaires, le travail administratif. La qualité de leur enseignement et de leur recherche en souffre. A terme, nos écoles courent le risquent de perdre des places dans la compétition européenne et internationale.
Ainsi, 17 ans plus tard, la question de la pression budgétaire est toujours la préoccupation première de notre enseignement.
Le Sgen-CFDT se félicite de l’écoute au Sénat des sénatrices et sénateurs et de leur soutien sans faille pour libérer les capacités de développement de notre enseignement et ainsi faire face aux enjeux de renouvellement à horizon 2030.
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