Le 03 avril 2024, de nombreux sujets d'actualité ont été abordés lors du conseil national de l'enseignement agricole (CNEA). Au menu : le projet de loi de finance 2025, la déclinaison du choc des savoirs issu de l'éducation nationale, le décompte des heures de stage collectif en bac pro, les effectifs.
Recadrage du budget à venir ?
Le gouvernement a annoncé en 2025, 20 milliards d’économie sur le budget de l’Etat. Quid de l’enseignement agricole (EA) ? Luc MAURER (DGER adjoint) a signalé qu’à ce stade « le projet de loi de finance 2025 n’est pas écrit (…), pour le moment aucune disposition n’est prévue pour réduire les recrutements dans le public ou dans le privé ».
Le Sgen-CFDT plaide pour une évolution à la hausse des moyens, du budget, les besoins sont nombreux.
Décompte des heures de stages collectifs en bac pro
La réforme du bac pro, soutenue en 2021 par de rares OS dont le Sgen-CFDT est finalisée. La DGER a modifié sa copie initiale et propose désormais un décompte de 1h d’intervention = 1 h de préparation pour les stages collectifs. Cette reforme se fait à moyen constant (budget). Cette évolution pertinente va permettre de mettre en œuvre cette rénovation dans un climat apaisé. La réforme votée en 2021 conforte les spécificités de l’enseignement agricole (EA) dans le paysage éducatif français. De qualité, elle a permis à l’EA de ne pas être inclus dans le périmètre de la TVP mise en œuvre à l’Éducation nationale (EN) sauf pour la gratification des élèves de terminale, ce dont nous nous félicitons.
Pour le Sgen-CFDT, il faut informer dans les plus brefs délais les directeurs.trices et leurs adjoints sur le contenu de ces arrêtés. C’est une urgence et une priorité absolue car la rentrée, c’est demain. Il faut que cette information se fasse au niveau national, peut-être sous la forme d’un webinaire. Cela permettrait de partager cette information à toutes et tous. En parallèle et dans un second temps et avant juin, il faudra prévoir des réunions régionales pilotées par les autorités académiques avec les responsables de formation, de façon à ce que l’ensemble des points présents dans ce projet d’arrêté soit exposé.
Syndicat réformiste attaché à la singularité de l’EA, le Sgen-CFDT continuera à s’inscrire dans la conduite d’un dialogue social de qualité en étant force de propositions. Comme l’avait déjà souligné en 2019 Laurent BERGER, ancien secrétaire général de notre confédération, « il ne s’agit pas de nier les intérêts divergents, ni de bloquer toute évolution. Il s’agit de réunir autour de la table les différents acteurs pour leur permettre de réfléchir à des solutions justes pour les salariés et efficaces pour l’employeur ». Le Sgen-CFDT croit avec force au dialogue social et y voit un outil de promotion vecteur de progrès social et émancipateur. Le Sgen-CFDT a également une ambition pour l’EA poursuivre son inscription dans une dynamique fondée sur la promotion de l’innovation pédagogique et de la transition agro-écologique. L’EA doit être en mouvement et répondre aux attentes sociétales formulées par les citoyens.
Choc des savoirs : l’enseignement agricole peu impacté
La plupart des mesures se déclinent déjà chez nous ou ne nous concernent pas. Pour le Sgen-CFDT c’est une excellente nouvelle car l’utilité de cette énième réforme est à démontrer. Des groupes de travail auront lieu pour discuter des thématiques impactant l’enseignement agricole. Succinctement :
Axe 1 (du choc des savoirs coté EN) : les mathématiques en 4ème. La méthode de Singapour préconisée à l’Éducation nationale (EN) s’applique déjà dans l’EA. Pour le programme de langues en 4ème et 3ème, on y est. Idem pour les compétences psycho-sociales.
Axe 2 : Maths et français en groupes de besoin. L’arrêté n’embarque pas l’EA. Mise en œuvre progressive. On compte 1254 classes de niveau collège (30 000 élèves dans l’EA). Soit une classe par établissement. Pour les terminales pro et le renforcement des enseignements généraux : déjà traité. Maths en groupes réduits en 1ère et Tale bac pro : idem. Intelligence artificielle en Maths et en Français : le travail est à faire avec l’inspection.
Axe 3 : Tout s’applique pour 4/3/2 et bac stav mais pas bac pro. Le brevet et les classes prépa : à réfléchir mais à mettre en place en 2025. Arrêté spécifique pour l’EA en cours de réflexion
Le contrôle continu pour le brevet et les tranches de compétences s’appliqueront.
Mentions pour le CAP : existe déjà.
Les épreuves anticipées de maths et de français concernent nos Bac techno et généraux.
Redoublement : La note de service orientation sera modifiée en fonction.
Sur le choc des savoirs et plus particulièrement, sur la création future de groupe dits « de besoin » en maths et en français pour nos 4ème et 3ème technologiques de l’enseignement agricole, le Sgen-CFDT estime qu’elles sont déjà, et depuis longtemps, dans la mouvance de ce que préconise le premier Ministre. En effet, les effectifs de ces classes permettent un vrai travail de remise à niveau, un accompagnement à l’élève, une remédiation en profondeur. Là où l’EN a créé des groupes de besoin, l’EA revendique leur existence. En revanche, réfléchir sur l’accompagnement des élèves, sur l’apport de réponses nouvelles aux problématiques scolaires qui sont les leurs, est utile.
Évolution des effectifs apprenants
Le Sgen-CFDT se félicite de voir que les effectifs globaux de l’EA progressent (légèrement). L’enjeu est stratégique car le budget de l’EA dépend aussi du niveau de recrutement. La part des effectifs de l’apprentissage passe de 19% à 29% depuis 2019. Soit 15.578 apprentis en plus contre 4.270 élèves et étudiants en moins. Le cycle BTSA recrute 4 % de moins d’étudiants et 4 % de plus d’apprentis. Pour le Sgen-CFDT, la création des bachelors agro peut redonner de l’attractivité aux BTSA. Cette offre de formation supplémentaire favorisera la création de liens entre l’EA et l’enseignement supérieur. Un plus indéniable pour nos EPL. Dès 2021, le Sgen-CFDT avait alerté la DGER sur ce point et a été entendu.
Menace de fermeture de l’EPL de Velet
Cet établissement se compose d’un lycée professionnel et d’un centre de formation pour adultes. Soucieux de former des futurs professionnels des filières paysage, foret et bois, l’établissement propose des formations en Baccalauréat professionnel foret (TF) ou Gestion des Milieux Naturel et de la Faune (GMNF). Pour les adultes demandeurs d’emploi et/ou en projet de reconversion professionnelle, des formations qualifiantes ou diplômantes. Luc MAURER a signalé que les personnels de cet établissement ont été reçus par le Cabinet du ministre. Aucune décision n’est prise à ce stade. Pour l’instant l’État ne valide pas de fermeture nette. La question n’est pas de fermer les formations mais de savoir où les dispenser. Benoit BONAIME (le directeur général de l’enseignement et de la recherche) se rendra sur place en Mai pour évaluer la situation.
Le Sgen-CFDT partage l’inquiétude des agents et suit attentivement ce dossier. Cette situation anxiogène est source de stress et d’incertitudes pour l’ensemble du collectif impacté. La visite du DGER est un signe à prendre en considération. Nous espérons que cela apportera de la visibilité sur ce dossier sensible. Le Sgen-CFDT souligne l’importance de la place de TOUS les interlocuteurs, l’état certes, mais aussi la région administrative pour le bâti et le monde professionnel. C’est une politique de territoires qui doit être mise en œuvre au profit des apprenants, des familles et du renouvellement des générations dans un territoire dont la survie dépend de son dynamisme et de son maillage.
Le mot de la fin du CNEA du 03 avril 2024
Un CNEA sous le signe de la transparence, qui a permis d’entériner la mise en place du calcul des décomptes de service enseignants et d’apprendre que pour le moment, la réduction du budget n’est pas certaine (PLF 2024 cliquez ici pour en savoir plus). La volonté de donner le plus de transparence possible sur l’impact des mesures prises par l’éducation nationale sur l’enseignement agricole. Une présentation des évolutions des comités de suivi de scolarité à l’EN et sa transposition à l’EA (fluidité des parcours MDPH). Le Sgen-CFDT, s’il s’est montré réservé quant à cette dernière présentation, a salué la mise en place d’un décompte horaire au bénéfice des apprenants et des enseignants par son vote favorable. Comme l’avait appelé de ses vœux le Sgen-CFDT, la rentrée 2024 pourra se dérouler sous le signe de la sérénité.