Dès avril 2021, la CFDT Éducation Recherche Formation Publiques avait demandé qu’un bilan régulier soit fait pour suivre la mise en œuvre de cette réforme. Un bilan quantitatif vient d’être dressé début novembre 2024 par l'administration, il était attendu.
Semestrialisation des BTSA ? De quoi parle t-on ?
La semestrialisation des BTSA est une évolution importante qui répond à la mise en œuvre du processus de Bologne (décret 2002-482 du 8 avril 2002). Sur la base du volontariat et d’une habilitation, possibilité est offerte de conduire cette formation de façon dite « semestrialisée ». Elle permet de mieux inscrire les diplômes de l’enseignement supérieur court dans l’architecture européenne L/M/D. L’organisation des enseignements et des évaluations des BTSA rénovés sont différents lorsque la formation est « semestrialisée ». Les évaluations se font en mode « tout CCF ». Les équipes pédagogiques construisent des « unités d’enseignements (UE) » en se basant sur le référentiel. Cette démarche se caractérise par trois étapes :
- consultation et mobilisation de l’équipe pédagogique.
- construction du dossier d’habilitation puis habilitation par le DRAAF après avis de l’inspection (valable 5 ans).
- vote en Conseil d’administration – CA.
Des la création de cette possibilité, la CFDT Éducation Formation recherche Publiques a milité pour que les équipes pédagogiques qui s’engagent dans ce projet soient volontaires. La CFDT a été la seule organisation à ne pas s’opposer à la mise en œuvre de ce projet. Trois ans après, qu’en est-il ?
Bilan : pas si mal
- Il y a eu trois campagnes de semestrialisation, on a du recul.
- 10 spécialités de BTSA sont disponibles sous la forme semestrialisée en 2024.
- 367 dossiers déposés depuis 2022. Il y a donc un réel intérêt.
- 52 % des formations semestrialisables l’ont étées. C’est une évolution significative !
- 93 % des dossiers déposés par le public acceptés contre 87 % pour le privé (et 83 % pour le CNEAP). L’enseignement public n’a pas à rougir de son travail. Bon score.
- Le taux moyen de réussite aux examens est légèrement meilleur (de +5%).
Ce qu’en pense la CFDT
Points positifs :
- Il était temps d’ouvrir la possibilité de réorganiser les enseignements en BTSA en les rapprochant de la structure des autres formations de l’enseignement supérieur.
- L’appui et l’accompagnement de Directeur adjoint en charge de la formation initiale (D2) « expérimenté » est un vrai plus.
- Cette formule permet de renforcer le tissage de liens entre les disciplines, notamment générales et techniques, souvent en pluridisciplinarité. Étudiants et enseignants l’apprécient.
- Ressenti positif sur la qualité des enseignements prodiguées. Plus de cohérence, plus de sens.
Points négatifs :
- Pour constituer le dossier d’habilitation, la semestrialisation demande aux équipes de fournir un travail conséquent d’ingénierie pédagogique et de se doter (parfois) de compétences dans ce domaine. C’est fastidieux, vraiment !!!!
- Processus très chronophage et stressant, surtout au début et les heures nombreuses passées sur la construction du dossier d’habilitation sont non compensées en heures supplémentaires.
- Certaines équipes se sentent bien seules et auraient aimé avoir bénéficié de conseils et d’un accompagnement, notamment lorsque l’on cumule rénovation et semestrialisation.
- Le turn-over des équipes peut devenir une réelle difficulté.
Ce que veux la CFDT
- Une reconnaissance de cet investissement : rémunération des heures supplémentaires, prise en compte de ce travail pour le déroulé de carrière, notamment dans le cadre des rendez-vous de carrière.
- Une formation de qualité pour les enseignant.es qui le souhaitent.
- Un accompagnement renforcé des équipes. L’inspection de l’enseignement agricole se mobilise sur l’évaluation du dossier d’habilitation en donnant son avis. Après échange avec elle, elle souligne qu’il est délicat d’être à la fois conseiller et évaluateur. Il faut donc renforcer le concours du dispositif national d’appui (Dijon, Florac, Toulouse…) qui sait faire.
- Une communication des données sur les établissements qui ont fait marche arrière après habilitation ou en cours d’habilitation. L’administration a pris en compte cette demande de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.
Conclusion
Bilan plutôt positif mais en demie teinte car la semestrialisation « n’est pas un long fleuve tranquille ». L’investissement que doit fournir les équipes (y compris de direction ) est important.
La mise en place du « bachelor Agro » pourra s’appuyer sur ces BTS semestrialisés, si c’est le périmètre d’accréditation qui est choisi. Ainsi, c’est le bachelor lui-même qui fera l’objet de l’habilitation. Cette formule en trois années serait visible sur Parcoursup et accessible post bac. Cette formule permettrait également aux apprenants détenant dans leur formation 120 ECTS, de rejoindre la troisième année de Bachelor directement. Enfin, le « Bachelor » sous habilitation, permettrait également la délivrance du BTS à l’issue des deux premières années. La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques reste dans l’expectative quant au futur périmètre d’accréditation possiblement retenu. Il faudra impérativement que le dispositif national d’appui (DNA) apporte son concours.