La déclaration des personnels de direction lors de la rencontre du 8 novembre en visio.
Nous vous souhaitons la bienvenue madame la ministre dans vos nouvelles fonctions ainsi qu’à tous nos collègues qui rejoignent la profession.
Le contexte budgétaire et la crise que traverse le monde éducatif nous obligent à entrer rapidement dans le vif du sujet. Depuis 2017 beaucoup d’hommes et de femmes se sont succédé.es à la tête de ce ministère.
Mais le dialogue social s’est trop souvent avéré être un monologue. Si nous ne rejetons pas tout ce qui a été entrepris, nous entendons par la voix de nos 25000 adhérents qui couvrent tous les champs professionnels, la dégradation de leurs conditions de travail.
Nous attendons donc une autre méthode de travail.
Car quand la confiance est rompue entre un responsable d’un ministère et ses agents cela signifie que plus rien ne se passe facilement…
Or c’est de sérénité dont à besoin notre école et d’autonomie dont ont besoin les personnels de direction et tous les agents.
Les réformes ne peuvent se faire qu’en concertation et en entraînant avec soi les concernés… C’est la base du management
N’oublions pas que nous sortons d’un épisode catastrophique de notre démocratie.
Quelle société voulons-nous construire ? Rapprocher les populations ou les écarter par des modalités pédagogiques comme les groupes de niveaux ou un renforcement du DNB qui serait un couperet à l’entrée en seconde générale ou professionnelle?
Par ailleurs madame la ministre, nous tenons à vous dire que les fonctionnaires n’abusent pas des arrêts maladie. Et nous souhaitons que vous puissiez tenir ce discours de soutien à vos agents auprès de votre collègue du ministère de la FP.
Mais oui, il y a des absences.
Oui, il est urgent d’agir et c’est pourquoi la CFDT Fonction Publique appelle une négociation QVCT pour s’attaquer aux causes profondes de ces absences.
C’est le travail qu’il faut soigner et non les fonctionnaires qu’il faut punir. Qu’est devenu le premier Plan Santé au Travail de 2022 ?
Alors que nous croulons sous les Registres Santé, Sécurité et Conditions de travail reflétant les profonds malaise des agent.e.s, que les démissions et ruptures conventionnelles se multiplient, il serait dangereux de poursuivre et amplifier les réformes.
Aussi, ce que la CFDT Éducation souhaite et en particulier ses personnels d’encadrement se résume en 3 points:
1/ Pouvoir agir sur notre travail
Les groupes de niveaux au collège empêchent une bonne gestion des ressources humaines, contraignent les emplois du temps des enseignants et allongent ceux des élèves. Ils réduisent nos possibilités de faire maillage avec nos collègues du 1er degré, réduisent les activités du parcours éducatif et culturel et créent des contraintes supplémentaires pour tout ce qui ne relève pas du cours stricto sensu mais fait pourtant partie de l’éducation.
La disparition des HSE, au collège comme au lycée, au profit du pacte et du RCD nous prive de mettre nos projets d’établissement en œuvre et ôte toute possibilité d’ajuster et de renforcer, par la formation, l’expertise professionnelle aux besoins du terrain.
Pire, cela empêche par endroits des missions prioritaires de pouvoir s’exercer comme celle de référent harcèlement ou décrochage scolaire par exemple.
Le remplacement de courte durée semble être devenu l’unique obsession du ministère
Cela altère les relations des personnels de direction avec les autorités académiques et les équipes pédagogiques. De plus, le bilan intermédiaire montre que la mesure ne fonctionne pas et coûte bien plus cher que le précédent financement en HSE.
Et pendant ce temps le remplacement de longue durée lié à des supports demeurés vacants (BMP comme ETP) reste la difficulté majeure.
Bref que ce soient les rapport de l’IG ou les retours de terrains, tous l’expriment : Les équipes de direction souffrent d’être trop incomplètes, de pallier les nombreuses carences administratives, de travailler avec des applications souvent défaillantes qui engendrent un surcroît de travail. @pale en est le meilleur exemple. Pour les familles cela se traduit par des dossiers de bourse qui risquent de ne pas être instruits en temps et en heure.
Notre ministère est sous-administré de manière chronique, aussi il n’est pas envisageable de poursuivre dans cette direction.
Aussi, ce que nous souhaitons pour agir sur notre travail et remplir correctement nos missions c’est retrouver notre autonomie et les marges de manœuvre nécessaires à la bonne marche de nos établissements dans des climats sereins.
Nous ne voulons plus avoir à mettre en place des réformes qui sont pensées sans concertation, qui ne sont jamais correctement évaluées et imposées par le temps court du politique
2/ Permettre la réussite de toutes et tous
Nous défendons une vision d’un projet pour la jeunesse qui ne soit pas étriquée et rétrograde. Une vision globale qui prend en compte la dimension éducative . Ce n’est donc pas celle de la compétition scolaire qui laisse tellement d’élèves sur le bord du chemin.
La baisse démographique qui s’amorce doit être l’occasion d’améliorer l’accompagnement de tous les enfants et jeunes, de la maternelle à l’université dans une logique résolument inclusive et tournée vers l’émancipation et la réduction des inégalités.
Enfin, nous souhaitons vous interpeller s’agissant de la Mixité sociale et scolaire, où en est-on ? Depuis la rentrée 2023 il n’en est plus fait cas alors que nous savons que c’est la clef de la réussite pour l’ensemble des élèves et non une compétition acharnée où les perdants sont nombreux…
3 / Avoir une rémunération et des conditions de travail à la hauteur des enjeux et de nos responsabilités
Nous apprécions l’effort consenti surtout en période de restrictions budgétaires mais il faut aller plus loin dans l’amélioration des conditions de travail si l’on veut rendre ce métier attractif, celui d’un encadrant et non d’un exécutant !
Ce dont nous avons besoin c’est du temps et de la concertation pour bâtir avec nos équipes de vraies politiques éducatives et pédagogiques adaptées et construire des alliances éducatives de territoire.
Nous sommes tour à tour des managers et des pilotes qui avons chaque année un défi à relever pour les cohortes qui nous sont confiées et faites nous confiance nous avons l’expertise pour garder le cap et amener à bon port l’ensemble de nos communautés.
Aussi madame la ministre, les personnels de direction de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, comme l’ensemble de la CFDT soutiendront une politique publique d’éducation ambitieuse, celle qui laisse aux agents que nous sommes, les marges de manœuvre nécessaires à sa réalisation.
Votre réussite passera par celles des personnels de votre ministère.