Pour le dernier CSA de l'année 2024, la CFDT a interpellé le ministère sur la situation budgétaire, sur le fonctionnement de la F3SCT, sur les attaques contre l'INRAE et sur les conséquences catastrophiques du passage du cyclone Chido à Mayotte.
Monsieur le Directeur général, chers collègues,
En ce dernier CSA MESR de l’année 2024, la CFDT interviendra sur quatre points :
- La situation budgétaire ;
- Le fonctionnement des instances ;
- les attaques contre la recherche agronomique ;
- Les conséquences du cyclone Chido à Mayotte.
Situation budgétaire
Nous serons brefs : tout a déjà été dit, ou presque, et la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques s’est largement exprimée, dans un cadre intersyndical comme ailleurs. Nous savions, dès la publication du projet de loi de finance, que nous étions dans un contexte toxique, alliant instabilité politique et restrictions budgétaires, y compris dans notre secteur, malgré les présentations faussement optimistes du ministère. La seule non-compensation de l’augmentation du CAS pension, que nous avions dénoncée ici, en disait plus long sur les réelles intentions du gouvernement que des graphiques dans un dossier de presse…
Nous voilà maintenant dans l’inconnue. L’application de l’article 47 de la constitution amène une reconduction, au moins temporaires, du budget précédent (sans que l’on sache exactement si l’on parle de celui fixé par la loi de finance initiale ou du budget réalisé, nettement amputé par voie réglementaire), jusqu’à ce qu’une loi de finance soit adoptée. Quand ? Il semble peu probable que ce soit avant le printemps. Laquelle ? C’est la question la plus grave. Le PLF qui nous était proposé était un renoncement à investir pour l’enseignement supérieur et la recherche, donc pour l’avenir ; avoir, avec plusieurs mois de retard, un texte identique ne ferait qu’accentuer les difficultés qui s’accumulent dans nos établissements. Les discussions budgétaires le montrent, dans les EPSCP comme dans les EPST : on est au bord du gouffre. Et l’application de l’article 47 de la constitution, pour des établissements qui non seulement doivent pouvoir faire face à des charges incompressibles, mais aussi se projeter dans l’avenir et construire leur propre politique, sera à la fois anxiogène et facteur d’aggravations des situations réelles.
Nous le redisons ici, comme au CNESER la semaine dernière : si l’État ne finance plus les établissements à la hauteur de leurs missions, il faut leur dire, clairement, quelle est la partie de leurs tâches auxquelles ils doivent renoncer. Exiger qu’ils fassent toujours plus avec moins, c’est jouer avec la qualité du service public, mais aussi avec la santé des agents. Nous ne l’accepterons pas.
Fonctionnement des instances
Et justement, les instances dédiées à la santé, la sécurité et aux conditions de travail des agents sont singulièrement malmenées dans notre département ministériel. La F3SCT n’a pas été réunie depuis des mois, et aucun GT préparatoire à la réunion du 19 décembre n’a été convié. Les textes réglementaires s’accumulent et n’ont pu être préparés avec les représentants du personnel. Est-ce ainsi que la santé, la sécurité et les conditions de travail de nos mandants doivent être traités ? Et ne nous faisons pas d’illusion : la désinvolture dont fait preuve le ministère à l’égard de la formation nationale a un impact indirect sur la considération dont sont l’objet les F3SCT d’établissements.
Monsieur le Directeur général, vous voudrez bien nous faire connaître votre plan d’action pour remédier à cette situation inacceptable.
Attaques contre la recherche agronomique
Nous nous devons par ailleurs d’évoquer les attaques dont sont l’objet les chercheurs en agronomie et notamment nos collègues de l’INRAE. Que des centres de recherches qui précisément s’efforcent de construire l’agriculture de demain soient attaqués par des représentants du monde agricole est absurde et incompréhensible. Les personnels de l’institut mettent en commun leurs analyses, leurs recherches et leur créativité pour proposer une agriculture qui doit s’adapter au changement climatique, à l’évolution de la société et aux nouveaux modes de consommation. Une agriculture sans recherche est une agriculture qui va dans le mur. Les agents qui ont été confrontés à ces violentes manifestations ont besoin des réponses et du soutien de leurs tutelles, qui s’est fait trop discret jusqu’à présent.
Conséquences du cyclone Chido à Mayotte
Quelques mots, finalement, sur les conséquences dramatiques du passage du cyclone Chido sur Mayotte. La CFDT est très présente sur le territoire et nous essayons, depuis samedi, de reprendre contact avec nos adhérents et nos sympathisants sur l’île. Nous sommes évidemment extrêmement inquiets, pour eux, mais surtout pour les plus démunis, qui payent le tribut le plus lourd à cette catastrophe. Le préfet, comme le recteur, ont fait leur possible, nous n’en doutons pas, mais, comme le préfet l’a reconnu, les consignes de mise à l’abri n’ont pas été entendues par les plus vulnérables — malheureusement. Plusieurs années de politique du tout répressif ont cassé le lien avec cette partie de la population.
On ne saura sans doute jamais le bilan humain réel de cette catastrophe, mais il faut déjà reconstruire. Le système éducatif, à tous les niveaux, devra repartir ; les agents devront être accompagnés spécifiquement pour cela. Et, en ce qui concerne l’enseignement supérieur, il faudra là aussi reconstruire, réparer les dégâts, et poursuivre la croissance d’une université toute jeune, mais indispensable à ce que le territoire se reconstruise un avenir, que nous espérons plus solide et plus solidaire.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publique travaillera résolument avec tous les acteurs pour rendre cet avenir possible.