L'Internationale de l’Éducation organisait le 24 janvier 2025 un webinaire "La force du public : ensemble on fait école !" à l'occasion de la Journée Internationale de l’Éducation. L'état alarmant de la profession dans le monde nécessite des mesures politiques d'ampleur.
Le webinaire « La force du public: ensemble on fait école ! » organisé par l’Internationale de l’Education le 24 janvier 2025 à l’occasion de la Journée internationale de l’éducation était l’occasion de lancer publiquement le rapport sur le statut du personnel enseignant dans le monde qui communique ainsi une analyse de l’état de la profession enseignante. Il souligne le rôle clé que jouent les enseignant∙e∙s pour assurer une éducation équitable et de qualité pour tou∙te∙s.
Des constats alarmants
Ce rapport s’appuie sur des données provenant de 204 syndicats situés dans 121 pays de par le monde. Il révèle une profession enseignante sous tension pour différentes raisons :
Il manque 44 millions d’enseignant.es dans le monde.
- Pénurie d’enseignant∙e∙s
Le besoin d’enseignant.es à travers le monde s’estime à 44 millions de personnes.
Tous les continents sont plus ou moins affectés, un constat qui ne touche plus uniquement les pays émergents. Le rapport identifie de graves pénuries à tous les niveaux de l’éducation, en particulier dans l’éducation spécialisée, les matières STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et l’enseignement secondaire.
Les bas salaires, la faible progression de carrière et les charges de travail excessives sont les principaux facteurs de cette crise.
- Conditions de travail et bien-être
Les enseignant∙e∙s sont confronté∙e∙s à des niveaux de stress élevés en raison de la taille des classes, des charges administratives et des exigences émotionnelles, exacerbées par un soutien inadéquat en matière de santé mentale et tout cela dans des environnements de travail peu favorables.
- Statut professionnel
Malgré son rôle sociétal vital, la profession enseignante est souvent sous-évaluée, confrontée à une voix professionnelle limitée, à des droits du travail restreints. le rapport pointe notamment des perceptions publiques qui ne reconnaissent pas son expertise et ses contributions, un constat que partage pleinement la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques pour la France.
Des conséquences sur les systèmes éducatifs
La pénurie d’enseignant.es à des conséquences dramatiques :
le droit universel à l’éducation est remis en question.
La pénurie conduit les États à la précipitation et à la dérégulation. Il n’y a aucune solution à court terme pour endiguer l’hémorragie. Mais à moyen et long termes, la voie à suivre est de (re)bâtir une profession de haut statut et de rétention élevée. Encore faut-il s’en donner les moyens.
Des recommandations d’urgence absolue
Le rapport appelle à une action audacieuse et urgente pour relever ces défis autour de quatre principales recommandations :
1. Améliorer la rémunération des enseignant∙e∙s
Des salaires compétitifs et des possibilités d’avancement professionnel sont essentiels pour attirer et fidéliser les enseignant∙e∙s qualifié∙e∙s.
2. Soutenir le bien-être des enseignant∙e∙s
Réduire la charge de travail, améliorer les systèmes de soutien et donner la priorité à la santé mentale dans les environnements scolaires.
3. Élever le statut des enseignant∙e∙s
Favoriser le respect de la profession enseignante grâce à un dialogue social solide, à des ressources équitables et à un engagement significatif dans la prise de décision.
4. Investir dans l’enseignement public
Les gouvernements doivent s’engager à financer équitablement l’enseignement public et résister aux tendances à la privatisation.
Sans enseignant.es qualifiés et sans dialogue social, il ne peut y avoir de systèmes éducatifs performants.
De nombreux gouvernements échouent encore à mettre en place des stratégies efficaces pour retenir les enseignant.es. Malheureusement, le nombre le plus faible d’accords formels entre les syndicats d’enseignant.es et les gouvernements concerne précisément ces questions.
Une méthode le permet : un vrai dialogue social
Les données du rapport montrent aussi que lorsque le dialogue social et le partenariat entre les enseignant.es, leurs organisations et les gouvernements sont établis, des progrès réels sont réalisés pour enrayer l’attrition des enseignant.es.
De plus, dans les pays où le statut des enseignants est élevé, les niveaux de réussite des élèves sont également élevés – et il n’est pas surprenant que ces pays soient ceux qui ont réussi à lutter efficacement contre la diminution du nombre d’enseignant.es
La CFDT appelle l’État français à regarder ces recommandations et à les mettre en œuvre
La CFDT éducation formation recherche publiques, membre de l’Internationale de l’éducation, partage les constats et les recommandations du rapport. La France est aussi touchée par le manque croissant d’enseignant.es. La pénurie de professeurs plane sur chaque rentrée scolaire depuis plusieurs années maintenant. Notre fédération est mobilisée sur la question de l’attractivité des métiers de l’éducation et de la formation. L’absence jusqu’à ce jour de véritable dialogue social avec les gouvernements successifs du Président Macron et le manque de cohérence dans la prise de décision ne permettent pas de faire avancer nos revendications et de proposer les réformes structurelles qui s’imposent.
Déterminés, nous restons mobilisés.