Publié le jeudi 27 février 2025
par Nicolas Holzschuch
Université Chercheurs Enseignants-chercheurs Personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche Enseignement supérieur et Recherche Recherche
Le Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche s'est réuni le 11 février 2025. La délégation CFDT a exprimé son inquiétude pour un budget insuffisant pour le service public d'enseignement supérieur et sur les conséquences de la période "service voté".
La CFDT se félicite que le budget soit enfin adopté ; le fonctionnement en service voté qui était en place depuis le 1ᵉʳ janvier correspondait à un service dégradé, avec de nombreux points bloqués et des conséquences sur les services et les agents. Nous espérons que nous aurons l’occasion de travailler sur la répartition du budget lors d’une séance du CNESER dédiée, comme nous aurions dû le faire en novembre.
Plusieurs sujets sont restés en suspens pendant le fonctionnement en service voté : les campagnes de recrutement, notamment ITRF, le repyramidage… Pouvons-nous avoir des garanties à ce sujet pour rassurer les personnels qui se préparent à ces échéances ? Quel sera l’impact, à moyen et long terme, de cette période sans budget ?
Mais même si on se félicite que l’on revienne à un comportement normal, le budget voté pour l’enseignement supérieur n’est pas suffisant.
Ce budget ne permet pas le fonctionnement de l’enseignement supérieur et de la recherche dans de bonnes conditions. Aux difficultés financières existantes des établissements s’ajoute cette année la hausse du CAS Pensions, dont on nous disait qu’elle ne serait compensée qu’à moitié (le ministre vient de nous annoncer qu’elle serait compensée intégralement, dont acte). Les établissements sont déjà en difficulté financière, et le seul message de soutien qui arrive du ministère, c’est dépensez tout ce que vous avez, on comblera les déficits éventuels. Cette politique ministérielle ne constitue pas une stratégie viable à long terme.
Dans ce contexte de sous-financement, l’État demande en outre aux établissements publics de contribuer à l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il est d’ailleurs également dans l’intérêt des personnels d’exercer dans des établissements qui ont rénové leurs bâtiments du point de vue thermique, et cela a un impact majeur, en particulier dans la perspective du changement climatique auquel nous devrons tous nous adapter. Mais comment gérer la contradiction entre cette injonction, qui suppose des projets d’investissements très coûteux, et le contexte de restrictions budgétaires ? Comment le ministère compte-t-il soutenir les établissements pour atteindre ces objectifs qui correspondent à des engagements pris par l’état.
C’est dans ce contexte de restrictions budgétaires particulièrement douloureux qu’intervient l’annonce présidentielle de 109 milliards d’investissements privés pour l’intelligence artificielle. Comment les organismes publics de recherche pourront-ils maintenir une recherche de qualité sur ce sujet, alors que le privé bénéficie d’une telle manne ? Compte tenu de la puissance des intérêts privés dans ce domaine, il nous parait nécessaire de maintenir une recherche publique, qui soit capable de lutter contre ces intérêts privés.
Enfin, il semblerait que le projet de réforme de la formation initiale des enseignants soit réactivé.
Nous avons vu des réunions prévues sur le sujet dans la partie éducation nationale du ministère, mais pour l’instant, il n’y a rien sur la partie enseignement supérieur. Pour la CFDT, il est important de ne pas reproduire le fiasco de l’an dernier, où rien n’était prêt en juillet, une maltraitance pour les collègues universitaires qui auraient eu à mettre en place une formation en quelques semaines, si la dissolution n’avait pas interrompu la réforme. Nous redisons l’importance qu’il y a à prendre le temps d’une vraie concertation, et que l’enseignement supérieur doit être un partenaire de cette réforme.