Annoncées par le président de la République en avril 2022, les « deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens » est aujourd'hui estimé complexe à mettre en œuvre à l’ensemble collèges. Le gouvernement entend recentrer le dispositif sur les REP et REP+.
Mise à jour 2024 – Le gouvernement revient sur le dispositif des 2 heures d’activité physique et sportive en plus par semaine au collège
Le Bulletin officiel du 7 novembre 2024 présente un bilan des deux premières années d’expérimentation conduite dans 715 établissements volontaires. Si le texte réaffirme, à leurs yeux, la pertinence de la mesure, il est reconnu que « le dispositif est perçu encore comme complexe à mettre en œuvre et sa généralisation à l’ensemble des 7 000 collèges n’apparaît pas soutenable ». « C’est pourquoi, il a été décidé de recentrer ce dispositif, sur les seuls collèges classés en REP/REP+ ».
Ces 2 h de sport en plus affichent toujours pour « finalité de soutenir la pratique sportive des collégiens qui connaissent, entre 11 ans et 14 ans, un décrochage significatif de la pratique sportive (…) ».
Enjeux de santé publique, enjeux sportifs : une analyse simpliste et un remède inadapté
Pour la CFDT, ces annonces révèlent une analyse simpliste de sujets sociétaux.
- La santé des jeunes est un sujet sociétal à part entière, qui dépasse la question de la sédentarité.
- La question de la sédentarité est un sujet. Mais la réponse dépasse amplement la question des jeux olympiques et de la pratique sportive fédérale…
- Imaginer mobiliser des élèves en rupture avec l’activité physique, et donc bien souvent avec son modèle dominant sportif, en proposant plus de sport… nous interroge.
- Et ces enjeux sociétaux posés au sein du collège, mais pensés avec des acteurs extérieurs à l’école, génèrent une nouvelle fois une grande confusion. Ces dispositifs risquent d’affaiblir les propositions éducatives faîtes en matière d’activités physiques, au sein du collège, par les enseignants d’EPS, notamment au sein des AS.
« 2 h de sport en plus » : attention à la confusion et à l’empilement
Si une phrase de bilan est évoquée, il aurait été nécessaire de réengager un temps de dialogue et de réflexion, a minima sur les conditions de faisabilité et de pertinence de cette offre, notamment en Éducation prioritaire où les dispositifs se cumulent sans limite. Cette proposition, encore une fois, ne prend pas en compte l’avis et l’expertise des personnels impliqués et des propositions déjà en place au collège.
Nous soulignions déjà de nombreuses interrogations et de nombreuses limites lors de la mise en place de l’expérimentation.
Renforcer une EPS variée et de qualité, accessibles à toutes et tous
La question posée dans ce B.O des « primo-pratiquants » est intéressante, et il serait nécessaire de la poser au sein des équipes éducatives et d’EPS, pour en faire des axes forts des projets d’établissement, notamment en éducation prioritaire.
- L’EPS reste le premier atout et espace pour mobiliser les jeunes et susciter une adhésion et une réflexion sur leur pratique. Aujourd’hui, de nombreux collèges ne sont pas en mesure d’assurer l’ensemble des champs d’apprentissages (notamment le savoir nager, le savoir rouler ou les activités de pleine nature). En cette rentrée 2024, de nombreuses équipes voient leur taux d’encadrement de la natation diminué faute de moyens (diminution des HSE).
- Il est nécessaire d’apporter, sur tout le territoire, des réponses aux questions d’installations, de personnels et de formation.
Renforcer aussi l’Association Sportive
Aujourd’hui, le fonctionnement de l’UNSS est mis à mal et les AS ont du mal à trouver des créneaux pour proposer des activités aux élèves. Difficile de jongler avec les emplois du temps des élèves, la disponibilité des installations municipales, largement occupées, et les contraintes de ramassage scolaires…
Les moyens financiers sont également limités pour offrir une qualité et une diversité de pratique.
Dans ce contexte, voir s’installer cette proposition de deux heures supplémentaires d’activités physiques et sportives, définie en plus comme gratuite, ne nous semble pas adaptée et risque d’affaiblir les propositions des AS. Il est avant tout nécessaire de :
- subventionner davantage les AS d’établissement pour leur permettre d’évoluer (achat de matériel, sorties, …),
- prioriser l’accès aux installations pour les pratiques de l’AS le mercredi après-midi notamment.
Repenser la place du corps à l’école et reprioriser l’EPS et l’AS au collège.
Pour la CFDT, l’énergie des équipes éducatives, particulièrement en éducation prioritaire, devrait plutôt être mobilisée sur la question du corps à l’école et de l’épanouissement des jeunes dans l’offre éducative actuelle et à inventer, plutôt que sur la possibilité de dégager du temps pour de nouveaux dispositifs externalisés.
De son côté, l’offre municipale reste, elle aussi, à soutenir, là encore en questionnant l’existant et l’accès à tous les publics sur ces temps périscolaires. En ce sens, le territoire éducatif garde toute son importance.
En résumé, un dispositif de plus qui externalise ce que l’on peine à développer à l’interne faute de moyens.