200 millions d’euros pour des loisirs éducatifs et sportifs cet été : un geste fort et nécessaire du gouvernement. Les acteurs de l’éducation populaire, du tourisme social et des politiques de jeunesse sauront offrir aux enfants et aux jeunes un cadre riche et vecteur d’émancipation.
Un engagement budgétaire fort pour l’été
Chaque année, 1 Français sur 4 ne part pas en vacances. Cet été, avec les contraintes liées au contexte épidémique international, avec les conséquences économiques et sociales de la crise du Covid19, il est malheureusement probable que davantage de personnes soient privées de vacances, notamment dans les milieux populaires. Dans ce contexte, l’annonce d’un budget exceptionnel de 200 millions d’euros pour des loisirs éducatifs et sportifs cet été par le gouvernement est un signal fort.
Si le grand public découvre ces annonces avec l’interview de Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal au journal Ouest-France, des éléments
avaient été présentés lors du CTMJS du 5 juin 2020 auquel le Sgen-CFDT participait et lors d’échanges avec entre le ministère de l’Education nationale et les représentants des personnels de direction, dont le Sgen-CFDT.
Les annonces sont donc importantes.
Le gouvernement engagera cet été 200 millions d’euros pour financer :
- La multiplication par 5 du budget pour le dispositif école ouverte ;
- Un fonds d’appui aux organisateurs d’ALSH ;
- 250 000 départs en colonies intégralement financés pour les familles de milieu défavorisé.
Le dispositif école ouverte pourra concerner les écoles, les collèges et les lycées (sans doute pas uniquement les LP comme ce fut un temps envisagé), et se déploiera sur la base du volontariat des équipes et des élèves. Les personnels volontaires seront rémunérés comme c’est toujours le cas dans le cadre de ce dispositif qui existe depuis de nombreuses années.
Le Sgen-CFDT a rappelé au ministère que les dispositifs estivaux pour les enfants et les jeunes ne pourraient pas reposer uniquement sur les personnels de l’Éducation nationale, et ne pas supposer la présence des personnels de direction au-delà de ce qui se pratique habituellement : tous et toutes doivent pouvoir prendre des congés. Le dispositif école ouverte ne devrait occuper que deux semaines dans l’été. Les autres dispositifs seront mis en œuvre en dehors du cadre de l’Éducation nationale et relève pleinement des politiques de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.
Sortir de la communication politique et faire confiance aux acteurs
S’il faut saluer cet engagement budgétaire, le Sgen-CFDT déplore que le gouvernement poursuive une logique de communication médiatique à coup de slogans et de labels. Le discours gouvernemental est donc centré sur les « vacances apprenantes », « l’été du pro »…
Les équipes qui pratiquent l’école ouverte, les directeurs, directrices, animateurs et animatrices de centres de loisirs, de colonies de vacances sont des professionnels qui savent construire un projet pédagogique qui fait sens pour les enfants et les jeunes : activités physiques et sportives, pratiques culturelles, loisirs créatifs, découvertes de territoires…
Ces équipes savent construire des séjours, des plannings pour les accueils sans hébergement qui permettent aux enfants d’être en vacances, de jouer, de se socialiser, de s’émanciper, d’apprendre dans un cadre qui n’est pas scolaro-centré.
Dans le cadre de l’école ouverte, les équipes enseignantes volontaires savent aborder la dimension scolaire de ces semaines pour que les enfants et jeunes se sentent malgré tout en vacances. C’est bien de tout cela que les enfants et les jeunes auront besoin quand ils pourront bénéficier de ces accueils collectifs pendant les mois d’un été qui s’annonce particulier.
Si le Sgen-CFDT salue un engagement budgétaire important, il demande au gouvernement de faire confiance aux acteurs, de les soutenir dans le montage et la réalisation des projets. Il doit ainsi permettre aux Conseiller.ère.s d’éducation populaire et de jeunesse, et aux professeur.e.s de Sports des DRJSC et DDJSCS de mettre leur expertise au service des acteurs qui mettent en œuvre ces accueil : conseil, formation, accompagnement, contrôle et évaluation aussi. La priorité doit être donnée dans leur action à ces dispositifs par rapport au développement des missions d’intérêt général du SNU.
Redonner de la force à la dynamique des Projets éducatifs de territoire
Développer en peu de temps les projets qui permettront d’utiliser au service des enfants et des jeunes cette enveloppe budgétaire revient de fait à mettre autour de la table les acteurs qui sont ceux des PEDT. Le Sgen-CFDT soutient cette démarche qui permet à des acteurs différents de se réunir pour faire éducation, coéducation à l’échelle d’un territoire.
Elle doit permettre d’articuler dans le temps l’éducation formelle et non formelle, l’éducation scolaire et l’éducation populaire. Cela suppose de sortir d’annonces médiatiques, de slogans qui donnent l’impression que l’éducation scolaro-centrée domine en permanence. Il faut reconnaître la place et l’expertise des différents acteurs, leur permettre de se connaître, d’articuler leurs interventions auprès des enfants et des jeunes.
Le Sgen-CFDT rappelle que les colos, les accueils de loisirs, les activités de scoutisme ont un long compagnonnage avec l’Éducation nationale et que si l’on redécouvre ce lien en temps de crise, il se renouvelle continuellement dans les partenariats et les initiatives locales. Il faut donc favoriser la construction d’alliances éducatives locales et faire confiance aux acteurs au lieu de plaquer des dispositifs hors sols.