Au lycée, l'accompagnement personnalisé ne joue pas son rôle. Le Sgen-CFDT propose la mise en place immédiate d'un compte personnel d'accompagnement (CPA) pour redonner du sens aux dispositifs d'accompagnement.
Les élèves au lycée ont des besoins accrus d’accompagnement
Le lycée aujourd’hui accueille des élèves très divers, qui maitrisent plus ou moins les compétences du socle commun, et qui sont amenés à faire leur scolarité sans temps de « pause » puisque le redoublement a quasiment disparu. Par ailleurs, la possibilité pour les élèves de terminale ayant échoué au baccalauréat de garder leurs notes dans les disciplines dans lesquelles ils ont eu plus de 10/20 et de ne pas assister aux cours de ces disciplines relève d’une décision individuelle importante pour le post-bac, et nécessite là encore de l’accompagnement.
Or en lycée général et technologique, l’accompagnement est institutionnalisé pour tous de la même manière : 2 heures hebdomadaires,
en général « groupées » quand ce n’est pas en classe entière. Or l’élève n’a plus seulement besoin d’informations ou de méthodes, mais aussi d’une aide à la réflexion sur son travail et son projet. Il est donc urgent d’abonder les lycées en moyens d’accompagnement, et de repenser son organisation et sa prise en charge par les équipes éducatives, au delà de ce qui existe aujourd’hui.
Un accompagnement qui nécessite moyens humains et souplesse d’organisation
Pour le Sgen-CFDT, il est indispensable que les moyens d’accompagnement soient attachés à l’élève et non à la division. Chaque lycéen devrait disposer d’un compte personnel d’accompagnement (CPA) ouvert en classe de 2nde, abondé selon ses besoins et qui le suit sur toute sa scolarité au lycée. L’allocation des moyens d’accompagnement au lycée doit se faire selon le profil sociologique des lycéens accueillis : des moyens abondés en proportion du nombre d’élèves issus des classes socio-professionnelles défavorisées et du flux de collégiens issus des réseaux d’Éducation Prioritaires REP/REP+.
D’autre part, c’est en fonction des besoins de chacun que doit être construit le dispositif d’accompagnement et non pour donner à tous 2h standardisées qui ne correspondent dans les faits à personne. Une plus grande souplesse d’organisation doit être laissée aux équipes, qui doivent pouvoir décider de l’attribution des heures d’accompagnement aux élèves, des modalités et du temps dédié qui conviennent le mieux aux objectifs recherchés (soutien, approfondissement, tutorat, diagnostic, stages…)
Le compte personnel d’accompagnement, un outil au service des élèves pour assurer le suivi des dispositifs adoptés
Pour le Sgen-CFDT ce droit à l’accompagnement doit être alimenté par une partie fixe minimale pour tous, et une partie variable abondée en fonction des besoins de l’élève. Le suivi de l’AP est récapitulé et valorisé dans un livret (= compte) personnel ouvert en début de 2nde avec un nombre maximum d’heures pour 3 ans correspondant à 2h x 36 semaines x 3 ans = 216h.
Les heures d’accompagnement peuvent être utilisées pour suivre des modules en groupe ou pour avoir des entretiens plus individualisés. Chaque élève utilise en début de période quelques heures pour une phase diagnostic, qui détermine un profil particulier. Certains élèves ensuite peuvent ne plus utiliser du tout ces heures d’aide sauf pour quelques rendez-vous avec le tuteur pour la construction du parcours d’orientation. D’autres suivent des modules adaptés en fonction de leur profil, obtiennent des conseils réguliers de méthodologie et une aide pour construire leurs parcours.
Ces heures d’accompagnement sont décomptées et explicitées dans le compte personnel d’accompagnement, ce qui permet de garder une trace pour l’élève et pour les enseignants.
Un accompagnement coordonné par les équipes éducatives, piloté dans le cadre d’un tutorat de groupe, reconnu par des IMP
Le nouveau statut des enseignants permet de reconnaitre de nouvelles missions pour les personnels qui accompagnent les élèves : tuteurs, référents, pilotes, coordonnateurs… notamment par les Indemnités de Missions Particulières (IMP) qui sont allouées sous forme financière ou en décharge de service. Le Sgen-CFDT a soutenu ces décrets parce qu’ils permettent d’inventer de nouvelles façons de travailler, et par exemple :
- un référent adulte prend en charge un petit groupe d’élèves dont il analyse les besoins et suit les progrès. Il oriente les élèves vers les dispositifs les plus adaptés mis en place dans l’établissement. Il suit le parcours de l’élève grâce au compte personnel d’accompagnement qui récapitule les différents dispositifs suivis et leurs effets.
- Un membre de l’équipe éducative se charge de coordonner les actions/modules d’accompagnement ainsi que la répartition des élèves dans les groupes, et d’harmoniser les pratiques de renseignement du livret. Cette coordination peut consister par exemple à animer des réunions de cadrage sur le contenu des modules d’accompagnement en début de période, à discuter sur les pratiques avec les tuteurs, à faire un bilan…
Pour redonner du sens à l’accompagnement, et le mettre réellement au service des élèves – notamment les plus fragiles –, il est donc nécessaire d’abonder réellement les lycées par des moyens à la hauteur des enjeux.