Situation des migrants : le Sgen-CFDT et la CFDT continuent de dénoncer l’immobilisme de la France et adressent leur soutien aux collègues Sgen CFDT de l’université de Nantes.
Une journée internationale des migrations a eu lieu le 18 décembre 2017, à l’initiative des Nations Unies, et des principes de protection vis-à-vis des personnes déplacées de force ont été rappelés fermement. Cependant malgré ce message de solidarité, la politique migratoire de la France remet en cause son devoir d’accueil inconditionnel de toute personne en situation de détresse, et n’apporte pas de soutien aux associations ou acteurs de la société civile qui sur le territoire se battent pour aider ces migrants.
Honorer le devoir d’accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse
Nos collègues de l’université de Nantes en sont un exemple. Leurs locaux sont occupés par des migrants depuis le 19 novembre. Cette situation doit d’ailleurs se retrouver localement dans d’autres régions.
Une table ronde a lieu le 25 janvier avec les responsables de toutes les organisations syndicales départementales (dont le Sgen-CFDT), les acteurs associatifs d’aide aux migrants (Cimade, Médecins du Monde) à la Préfecture de Loire Atlantique. Mais ils n’ont pas obtenu satisfaction. Ils ont la certitude, nous disent-ils, que les services de l’État (dont le 115 – répondeur permettant de trouver des hébergements d’urgence) aiguillent des personnes sans domicile vers les locaux occupés de l’Université.
Si toutes les solutions doivent être activées afin d’apporter des réponses qui respectent la dignité des personnes concernées, l’Université n’est pas dans son rôle en accueillant dans la durée des personnes sans domicile.
Un besoin de coordination entre tous les acteurs
D’autre part la complexité et la diversité des situations rencontrées par ces personnes font que l’Université n’a pas les compétences pour prendre en charge le sort des personnes hébergées. Selon nos collègues, des travailleurs sociaux doivent être mobilisés. L’État n’assume pas ses responsabilités et il manque une coordination locale entre tous les acteurs. L’État doit assurer cette coordination, ce qui n’est absolument pas le cas localement, plus préoccupé qu’il est par les questions de communication ou la préparation de la future « loi migrants ».
Enfin cette situation, qui s’installe dans la durée, pose aussi des difficultés de gestion pour les collègues Biatss en charge du Patrimoine de l’Université.
Le Sgen-CFDT s’engage
Université de Nantes
Entre soixante et cent personnes hébergées depuis le 19 novembre, à l’Université de Nantes, dans deux locaux de plus de 1000 m2.
Plus de 300 personnes, majoritairement des migrant(e)s, sont en attente d’un hébergement sur la métropole Nantaise : des mineurs, des adultes, des femmes et des enfants ainsi que des personnes sans domicile fixe. Cette situation peut s’aggraver si de nouvelles personnes arrivent sur la région, ou si un lieu disparaît. L’École des Beaux-Arts, au centre-ville, par exemple, a été évacuée fin novembre après 24 heures d’occupation. C’est après cela que des personnes sont arrivées à l’Université et en occupent deux locaux (Censive et « Château »).
L’intervention de la présidence d’Université, du collectif de soutien, de l’intersyndicale (CGT, CFDT, SUD, FO, UNSA) et d’associations partenaires (Médecins du monde, Cimade…) a permis d’offrir temporairement aux personnes hébergées un toit, une aide matérielle immédiate (notamment matelas, matériel de cuisine, provisions et vêtements), une relative sécurité (pas d’intervention policière), en un mot des conditions minimales d’hébergement en une période où les conditions météorologiques sont difficiles.
Mais cette situation peut-elle perdurer ?
Nous ne pouvons que constater que L’État (et ses représentants) refuse, au niveau local, de s’engager au-delà des dispositifs déjà en place, malgré les difficultés que rencontre l’Université, alors que c’est sa responsabilité de prendre en charge la question « de l’accueil des Migrant(e)s » et des personnes en attente d’hébergement, afin d’aider les acteurs locaux à trouver des solutions pragmatiques. Pire, l’État, via ses représentants, semble bloquer les solutions qui pourraient être trouvées en refusant de réunir toutes les parties prenantes impliquées.
Au niveau national, le gouvernement fait de la communication, comme sur beaucoup d’autres dossiers en cours, pourrions-nous dire. Les solutions ne sont pas là, pire les décisions prises aggravent de ce que nous avons pu connaître jusqu’alors :
- Les personnes venant en soutien aux migrant(e)s sont poursuivies en justice.
- Le gouvernement prépare une « loi migrants » avec notamment la mise en place de contrôles au sein des centres d’accueil, proposition de loi pour laquelle 30 associations œuvrant pour l’aide aux personnes migrantes et sans domicile (reçues par le premier ministre) sont en totale opposition.
- Le gouvernement n’apporte pas de réponse globale, mais il n’apporte pas non plus l’aide indispensable aux collectivités locales. Celles-ci se sont déjà engagées concrètement, ou ont fait des propositions :
- Cf. tribune des maires de grandes villes dans Le Monde du 17/12
- Même si ce n’est pas suffisant, la Ville de Nantes assure actuellement l’accueil de plus de 300 personnes.
Les services locaux de l’État (notamment le service 115) orientent les personnes sans hébergement vers les locaux actuellement occupés de l’Université…
L’Université de Nantes ne peut pas supporter seule, sur la durée, l’accueil des personnes migrantes et/ou sans domicile de la métropole nantaise. Des solutions doivent être trouvées et l’État doit prendre toutes ses responsabilités en relation avec tous les acteurs locaux, notamment l’intersyndicale de l’Université. »
Pour aller plus loin :
- Migrants, la CFDT dénonce une politique inhumaine sans issue… – Communiqué de Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT
- Les insuffisances du « plan migrants » gouvernemental
- Témoignage : accompagner des élèves étrangers en situation irrégulière