Fidèles à notre engagement de proximité avec les agents, ces derniers mois nous sommes allés à la rencontre des CPE et des AED de plusieurs académies. Entre espoirs et désillusions : tour d'horizon de la parole recueillie.
Des piliers essentiels mais trop souvent invisibles
Ils/elles sont les premier.e.s à le reconnaître, les collègues AED et CPE aiment leur métier et apprécient beaucoup de travailler auprès des élèves. Cela a été reconnu au moment de la crise sanitaire. Mais depuis, CPE et AED sont redevenus des « travailleurs invisibles » à qui l’on peut tout demander ou presque.
Le plus frappant ? Leur engagement quotidien est immense, et pourtant, rares sont ceux qui envisagent d’exercer ce métier toute leur vie. Plutôt que de renforcer leur vocation, leur dévouement s’épuise face à un manque criant de reconnaissance et de perspectives.
Redéfinir la relation au travail
Qu’ils soient CPE ou AED, ces collègues préfèrent s‘investir à fond mais sur un temps très court :
- quelques années pour les AED
- et entre 10 et 12 ans pour les jeunes CPE que la CFDT a rencontrés.
Les confinements successifs durant la crise sanitaire ont servi d’électrochoc, incitant à repenser leurs choix de vie, notamment professionnels. Ce constat est partagé par un grand nombre de collègues : à Grenoble, Metz, Amiens, Marseille, etc…
Les raisons de cette évolution
Les difficiles conditions de travail, l’absence de perspectives, de formations, de reconnaissance et de revalorisation salariale (pourtant inscrite dans le décret de 2022) peuvent en partie expliquer ce choix.
Il n’en demeure pas moins que depuis une décennie environ les AED comme les CPE ont redéfini leur relation au travail. Désormais, celles et ceux qui ont fait ce choix s’accordent à dire que le temps passé au travail, certes conséquent, n’est pas exclusif. Il y a bien une vie après le travail.
Du côté des assistants d’éducation (AED)
Nous entrons dans la troisième année pour les agents recrutés en CDI et toujours pas de cadre de gestion publié. Le décret prévoit un entretien professionnel à l’issue de trois années d’exercice, entretien dont les conclusions peuvent conduire à une revalorisation salariale.
Lors des GT préparatoires à l’élaboration du décret et du cadre de gestion, la CFDT a demandé à ce que l’entretien professionnel puisse être rendu obligatoire dès la première année d’exercice en CDD. Ce temps de bilan annuel permettrait d’établir une appréciation objectivée sur le réel investissement dont font preuve les AED. Au terme des 6 années d’exercice, les bilans successifs apporteraient des éléments propres à confirmer ou infirmer une candidature en CDI de manière professionnelle.
Mais sans grille indiciaire, malgré notre insistance réitérée à demander son instauration (lors des GT préparatoires), il y a fort à parier que cette promesse de revalorisation demeure un vœu pieux.
Quant à la formation des AED en CDI, le décret ne prévoit pas d’accès à la formation, celle-ci est évoquée dans le cadre de la formation tout au long de la vie (FTLV) mais restreinte aux besoins de l’établissement. Il n’est donc pas possible pour un AED en CDI d’arrêter son choix sur une formation en adéquation avec son projet personnel.
Enfin le site internet de la VAE, tel qu’il avait été redéfini récemment, a été fermé au bout de quelques mois car il ne permettait pas de vérifier les déclarations de diplômes présentés par les candidats.
Ce que la CFDT défend pour les AED :
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Et du côté des conseillers principaux d’éducation(CPE)
La charge de travail, toujours plus dense et le temps passé au travail ont conduit de nombreux collègues au bord de l’épuisement ou souffrant de RPS. A tel point que les nouveaux entrants dans le métier préfèrent :
- soit être recrutés en tant qu’agents contractuels pour pouvoir rester dans leur région d’origine afin de pouvoir choisir leur zone géographique,
- soit s’engager pour une courte durée, quelques années tout au plus.
CPE : un métier de lanceur d’alertes
Un exemple de l’expansion des missions dévolues aux CPE, celui de la santé mentale. Quelques collègues ont été formés au repérage d’élèves affectés par cette problématique. Dans ce domaine, comme dans d’autres et faute de personnels médico-sociaux en nombre suffisant, les CPE sont acteurs de prévention et lanceurs d’alerte.
Situés au carrefour de toutes les sollicitations (élèves, enseignants, parents, direction) les collègues doivent continuellement gérer l’espoir, la déception, la frustration et parfois la colère des membres de la communauté scolaire.
Entre perte de sens et survie
Signe de cette évolution, le constat de la perte de sens, bien que toujours d’actualité, a été remplacé dans la bouche des CPE par celui de la survie. Comment survivre, émotionnellement et physiquement, à un métier devenu avec le temps toujours plus chronophage, énergivore et épuisant ?
La première option envisagée par certains collègues est la fuite car elle protège de l’épuisement professionnel.
Donc une question nous vient en tête.
l’Institution aura-t-elle la volonté de former ses nouveaux agents pour faire face à l’adversité et tenir bon « sans y laisser leur peau » ?
Or la nouvelle réforme des enseignants et des CPE qui se profile ne semble pas aller dans ce sens.
Ce que la CFDT défend pour les CPE :
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La CFDT Education Formation Recherche Publiques sera très vigilante sur ces problématiques et poursuivra son travail d’accompagnement de ces collègues;