La décision du Ministère et du DASEN du Nord de faire le forcing pour inclure des classes dans le dispositif "Agir pour l'école" est une atteinte à la liberté pédagogique des enseignants. Cela provoque la colère des personnels concernés. Ils se mobilisent contre ces injonctions d'un autre temps !
« Agir pour l’école », une association non agréée…
« Agir pour l’école », association financée par des entreprises et fondations privées, pilotée par l’Institut Montaigne et proche de Jean-Michel Blanquer, entend s’implanter encore un peu plus dans les écoles. Dans le territoire choisi, le département du Nord, sur « proposition » du DASEN, 102 classes devront mettre en place à la rentrée les directives pédagogiques de cette association (c’était 15 au départ). L’association, qui n’a pas reçu l’agrément du Conseil National des Associations Éducatives Complémentaires (CNAECEP), est pourtant soutenue dans cette démarche par la Direction générale de l’Enseignement scolaire (DGESCO).
…dont les méthodes pédagogiques sont contestées
Chez les personnels qui subissent des pressions de toutes parts, la colère est grande et la mobilisation forte, pour dénoncer une atteinte à la liberté pédagogique et une démarche pour le moins aventureuse. En effet, les méthodes pédagogiques utilisées par « Agir pour l’école » n’ont pas montré leur efficacité, bien au contraire. Plusieurs rapports de l’Inspection générale de l’Éducation nationale (IGEN), fort sceptiques quant à la démarche, soulignent que le mode de travail laisse peu de place à l’expression des élèves. Remi Brissiaud, maître de conférences honoraire en psychologie cognitive à l’Université de Cergy-Pontoise (ESPE de Versailles) et chercheur associé à l’équipe « Compréhension, Raisonnement, et Acquisition de Connaissances », y voit même la mise en souffrance d’élèves.
Pour les enseignants, c’est une atteinte à la liberté pédagogique
Les classes ne doivent pas être des laboratoires. Avec « Agir pour l’école », on réduit les enseignants à un rôle de spectateurs, d’exécutants. Pour le Sgen-CFDT, les enseignants sont des professionnels de l’Éducation, capables de penser et de concevoir leur enseignement. C’est d’ailleurs ce qui fonde leur légitimité à assurer un enseignement de qualité, différencié, à l’ensemble de leurs élèves.
En même temps, attaques contre la pédagogie Freinet
Alors que le DASEN du Nord privilégie une association sans agrément sur commande ministérielle, il met en même temps des bâtons dans les roues de l’école Freinet de Mons-en-Baroeul. Ainsi, en décembre 2017, Monsieur Bessol, le DASEN, souhaitait supprimer le recrutement en dehors du barème pour certains postes dont ceux de l’école Héléne-Boucher de Mons-en-Baroeul. Le Sgen-CFDT s’y était opposé immédiatement car, pour garantir la pérennité du projet de cette école, il convient d’y nommer des enseignants qui partagent le projet et, surtout, qui sont formés à cette pédagogie.
Le DASEN du Nord a alors proposé l’écriture d’une fiche d’identité spécifique, qui indiquerait aux professeurs que, s’ils demandent l’école au mouvement, ils devraient en partager l’ambition, voire être « plus ou moins formés » (sic!). Les enseignants apprécieront la formule.
Lors des opérations de mouvement, deux collègues pourtant formés à la Pédagogie Freinet n’y ont pas été affectés. Dès lors, le Sgen-CFDT se pose la question de la garantie de la pérennité du projet. Pourtant, cette pédagogie n’a, elle, plus à prouver son efficacité. Les résultats positifs de l’expérimentation de ce groupe scolaire sont scientifiquement avérés et les enseignants investis dans un véritable travail d’équipe.
Une mobilisation du Sgen-CFDT du Nord-Pas-de-Calais qui a payé
Devant la mobilisation des parents et des enseignants soutenus par le Sgen-CFDT Nord-Pas-De-Calais, le DASEN a finalement accepté de laisser l’organisation de l’école telle quelle et de renouveler le projet d’école. Un soulagement pour l’ensemble de la communauté éducative engagée au quotidien pour la réussite des élèves, mais pour combien de temps ?
Un discours contradictoire du Ministère
Ce qui se passe dans le Nord n’est cependant pas anodin et mérite une vigilance de tous les instants. Le Ministère souhaite en effet étendre les expérimentations « Agir pour l’école » à l’ensemble du territoire, au détriment souvent de pédagogies installées qui ont fait leurs preuves. Pour le Sgen-CFDT, c’est inacceptable, et il convient de reconnaître le professionnalisme des enseignants, de ne pas limiter leur liberté pédagogique et de les associer, au quotidien, aux décisions qui les concernent au premier chef.
Le Ministre évoque très régulièrement dans les médias « la confiance » nécessaire envers les personnels. Dans les actes, ce qui se passe dans le Nord en est un exemple, c’est l’exact contraire qui est instauré !