Quel est l’impact attendu d’une intégration d’Agroparistech à l'Université Paris-Saclay (UPSa) sur son offre de formation-recherche-innovation ?
Une intégration locale plutôt qu’une fusion nationale
AgroParisTech (APT) n’est plus concerné par le processus de fusion des écoles agronomiques, alors qu’elle était un acteur essentiel du projet de constitution « d’un champion mondial de l’enseignement supérieur agronomique » qui a été lancé le 6 mars 2018 par Monsieur Stéphane Travert, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA). En sortant du processus de fusion des écoles agronomiques et en intégrant l’Université Paris-Saclay (UPSa) (avec d’autres grandes écoles comme par exemple l’École Normale Supérieure de Cachan), APT se rapproche du modèle général d’organisation de l’enseignement supérieur mondial.
Une stratégie favorisant la visibilité
APT bénéficie depuis longtemps d’un environnement favorable, l’école aurait pu intégrer d’autres ComUE d’Île-de-France que Paris-Saclay. Les premiers projets d’insertion d’APT dans un ensemble universitaire plus vaste remontent au début des années 2000, avant même l’émergence du projet Paris-Saclay. APT avait de longue date pris des dispositions en ce sens. Même si certaines alternatives n’ont pas été ouvertement étudiées, leur existence a été un atout latent dans toutes les négociations avec Paris-Saclay. Parmi ses atouts historiques, APT a le pouvoir de délivrer des masters et des doctorats – en plus du titre d’ingénieur – et de piloter une école doctorale efficace, ABIES. Bien que la réduction du nombre de structures de recherche d’APT, recommandée par le comité de visite HCERES 2009, n’ait pas été totalement réalisée (passage de 29 à 24 UMR), le rapport HCERES 2014 note que « la stratégie mise en œuvre par APT pour s’imposer dans le panorama européen et international des grands établissements du domaine des sciences du vivant, de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement, est cohérente au regard de ses forces. L’intégration d’APT à UPSa, sur un site à visibilité mondiale et dans le cadre d’une synergie accrue avec l’INRA, constitue un vrai défi indiscutablement favorable au développement de l’établissement« .
Ce modèle d’intégration est aujourd’hui conforté par l’ordonnance n° 2018-1131 du 12 décembre 2018 relative à l’expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, qui fournit de nouveaux outils aux acteurs de ces rapprochements. Dans les universités intégrées en cours de restructuration, des établissements comme les INSA ou les INP, regroupant plusieurs écoles d’ingénieurs, pourront constituer des pôle “Ingénierie” au sein des universités. Une Ecole Normale Supérieure pourra piloter un pôle “Sciences fondamentales” à côté de six autres pôles (e.g. “santé”, “droit”, “économie-gestion”, etc.) pilotés par les anciennes composantes d’une université intégrée. Les pôles auront des budgets et des personnels détachés et seront des composantes bénéficiant de contrats objectifs et moyens.
Un Pole » Agronomie et Écologie »dans un environnement stimulant
En constituant un pôle “Agronomie et Écologie” au sein d’UPSa, une université dotée d’une stratégie de site, APT adopte les standards des facultés agronomiques des universités européennes, américaines, ou chinoises. A l’intérieur d’UPSa, le poids disciplinaire d’APT ne représentera que 20% de celui du secteur des Sciences de la Vie qui est lui-même dominée à 80% par la Santé. Les sciences de la vie et de la santé seront elles-mêmes dominées par des disciplines comme les mathématiques (2ième place mondiale derrière Princeton et devant Stanford), physique (10ième place), les matériaux (32ième place), les statistiques (32ième place), etc. La forte implantation de l’INRA sur le site et son statut de membre de la ComUE Paris Saclay sera décisive pour défendre le champs thématique d’AgroParisTech. Et la fusion INRA-IRSTEA permettra à l’Institut cible de peser plus encore dans les arbitrages en faveur du développement du pôle “Agronomie et Écologie”.
A l’inverse, la valeur et la robustesse des fondements scientifiques d’UPSa constitueront de précieux atouts pour développer une activité de recherche intensive en agroécologie et en agriculture de précision, qui suppose de valoriser à la fois l’explosion du volume des données agricoles, le « big data », et l’augmentation de la puissance de calcul offerte par l’intelligence artificielle. APT aura accès par l‘UPSa aux moyens du programme d’investissements d’avenir (IDEX, Labex, Equipex, IHU, EUR, etc.) Dans le cadre du programme IDEX, elle pourra, notamment, répondre aux appels d’offre pluridisciplinaires (CDP) qui constituent des outils importants de structuration des sites retenus.