Depuis 2009 la rénovation de la voie professionnelle a modifié le dispositif de formation. Le ministre a commandé un rapport en octobre 2015. Ce rapport préconise trois mesures prioritaires.
La rénovation de la voie professionnelle (RVP) a considérablement modifié le dispositif de formation, notamment la structuration de l’offre de formation, les parcours des apprenants et leur cursus, les équipes pédagogiques. Depuis 2015 toutes les spécialités ont été rénovées. La nouvelle écriture des référentiels, déclinés en trois volets (référentiel professionnel, référentiel de certification et référentiel de formation) a renforcé l’approche capacitaire préexistante à cette rénovation. Le nombre de diplômés a quasiment doublé en 4 ans. La RVP en bouleversant les structures (ouvertures-fermetures de classes) mais également en remettant en question les approches pédagogiques habituelles a cristallisé un certain nombre de mécontentements et critiques. Il était donc important qu’une évaluation soit effectuée.
Le ministre a mandaté le Conseil général de l’agriculture et des espaces ruraux pour réaliser une mission d’évaluation.
Le rapport remis en juillet 2016 préconise trois mesures prioritaires :
- Renforcer la cohérence et l’attractivité de la voie pro
- Développer des dispositifs d’individualisation
- Relancer la dynamique d’accompagnement des enseignants et des équipes pédagogiques
A la suite du rapport, la DGER a mis en place un travail de concertation pour accompagner ces préconisations et les traduire par une série de mesures programmées dans les mois à venir.
Pour le Sgen-CFDT
La rénovation de la voie professionnelle était rendue nécessaire en raison des orientations prises à l’Éducation nationale afin de ne pas se trouver dans une situation risquant de tarir le recrutement. Par ailleurs notre système de formation n’était pas organisé pour encourager la poursuite d’étude vers l’obtention d’un bac pro. L’élévation du niveau de qualification est un enjeu éducatif et de formation que le Sgen-CFDT a toujours porté. Les études et expérimentations conduites à l’Éducation nationale, et que le ministère de l’agriculture a refusé de conduire malgré notre insistance, ont toutes montré que l’organisation d’une voie pro avec un bac pro construit sur trois véritables années dédiées (une année de seconde propédeutique et deux années terminales plus spécialisées) était bien plus attractif qu’un bac pro construit sur deux années spécialisées après deux années de BEP. De plus le niveau V BEP a fait l’objet côté Éducation nationale de nombreuses critiques sur la pertinence de son maintien, ce qui était moins vrai côté Agricuture pour le BEPA. La mise en place du bac pro en 3 ans aboutit au final, comme nous le prévoyions, au doublement du nombre d’élèves en bac pro, au quasi doublement du nombre de diplômés (14 427 en 2011, 22 941 en 2015), et à une nouvelle place pour le CAPA dans les parcours de formation.
Lors des négociations pour la mise en place de cette rénovation le Sgen-CFDT avait insisté sur trois points :
- L’accompagnement des élèves à l’entrée et à la sortie du cursus, pour faciliter la réussite des élèves en difficulté et pour permettre la poursuite en BTSA pour ceux qui le désiraient, à travers des dispositifs de soutien personnalisés
- Une approche des cursus sous forme de parcours scolaire individuel et personnalisé, éventuellement mixte entre voie initiale scolaire et apprentissage, à construire avec l’élève, particulièrement en repensant les structures scolaires habituelles (classes, sections, cohortes)
- L’accompagnement et la formation des équipes pédagogiques à de nouveaux modes de travail collectif comme à un passage vers une évaluation comportant une plus grande part de CCF
Si plusieurs éléments de nos propositions ont été retenus ils n’ont été que partiellement ou maladroitement mis en œuvre. Il convient donc bien de prévoir un plan de réajustement pour que la rénovation profite mieux aux jeunes.
Les propositions de la DGER (Direction générale de l’enseignement et de la recherche) élaborées à partir des préconisations du CGAER
Renforcer la cohérence et l’attractivité de la voie professionnelle
1-1 Valoriser les expériences d’engagement citoyen des élèves et apprentis.
Permettre aux élèves engagés dans des activités associatives et qui le souhaitent de présenter une épreuve optionnelle supplémentaire au baccalauréat professionnel.
1-2 Consolider la notion de parcours en 3 ans, de la seconde professionnelle au baccalauréat professionnel, alléger les modalités d’évaluation du BEPA.
La finalité première est la préparation au bac professionnel et il convient de penser et construire le cursus sur les trois années.
Pour le BEPA … maintenir ce diplôme intermédiaire qui reste reconnu dans les conventions de branche et permet d’éviter une sortie sans diplôme … simplifier les modalités actuelles d’évaluation :
- En dispensant des évaluations constitutives de l’épreuve El du BEPA pour les élèves déjà titulaires du brevet des collèges,
- En supprimant le jury extérieur de l’épreuve E2 du BEPA mais en maintenant la participation des professionnels à cette épreuve,
- En diminuant le nombre de CCF de l’épreuve E3 du BEPA de 3 à 2, un en fin de seconde, l’autre en fin de 1ère.
1.3 Mieux valoriser la période de formation en milieu professionnel.
il est proposé de créer une période de deux jours spécifiquement consacrée au départ en stage :
- En renforçant les objectifs relatifs à la sécurité santé au travail,
- En intégrant une dimension préparation au stage et réflexion autour du projet professionnel de l’élève.
L’avis du Sgen-CFDT
La reconnaissance et la valorisation de l’engagement sont essentiels, comme la reconnaissance et la validation d’acquis ou de compétences non validés dans les cursus de formation. Par exemple on pourrait très bien valider des compétences acquises par les élèves dans le cadre d’activités personnelles autres, externes à l’établissement. Il conviendra de mieux définir les modalités de validation mais aussi de ne pas se contenter de constater l’engagement de l’élève. Il est souhaitable d’encourager et de faciliter cet engagement, notamment en imaginant la possibilité de stages en milieu associatif ou institutionnel, pourquoi pas en les intégrant dans le cursus comme le Sgen-CFDT l’avait proposé pour les 3éme.
Le Sgen-CFDT est favorable à une simplification et un allégement de la validation du BEPA qui doit réellement devenir une certification intermédiaire. Une intégration aux épreuves du bac si elle paraît une solution simplifiant la validation ne doit en alourdir en réalité ni la conception ni l’organisation. Les propositions d’allégement sont donc sensées et rejoignent les objectifs fixés. La mise en place de la validation des blocs de compétences également sur la voie initiale scolaire pourrait permettre de trouver une solution à la question de cette certification intermédiaire dans la mesure où l’acquisition d’un certain nombre de blocs correspondrait à la certification BEPA.
Sur le maintien ou non du BEPA en tant que diplôme, il s’agit d’une question qui doit être sérieusement débattue avec les professionnels pour valider les besoins en compétence liés à ce niveau de qualification au regard des évolutions des métiers.
Pour l’instant l’obtention du BEPA en cas d’échec au Bac pro paraît être une solution transitoire évitant que des jeunes se retrouvent sur un marché de l’emploi tendu, sans aucune qualification.
Conforter les dispositifs d’individualisation pour mieux accompagner les apprenants et favoriser leur réussite.
Diffusion d’une nouvelle note de service, avec deux points fondamentaux :
- L’accompagnement personnalisé sera recentré sur les enseignements à l’initiative de l’établissement (EIE) … cadrés au plan national,
- Une enveloppe d’HSE (heures supplémentaires élèves) sera fixée et communiquée aux établissements avant la rentrée scolaire, afin de permettre aux établissements d’engager des actions d’individualisation supplémentaires.
Une animation et un accompagnement au niveau régional … sur les dispositifs d’individualisation et les pratiques pédagogiques possibles.
L’avis du Sgen-CFDT
Il faut savoir exactement ce que l’on entend par individualisation : il y a à la fois la nécessité de construire des parcours personnalisés qui permettent de repérer avec l’élève où sont ses manques et quels apprentissages il faudrait renforcer, et celle de mettre en place des séquences d’apprentissage plus centrés sur l’élève et ses besoins.
Cette approche suppose de nouvelles attitudes et postures ainsi qu’une approche pédagogique fondée sur le triptyque positionnement/progression personnalisée/évaluation.
La responsabilité de la DGER repose essentiellement sur l’accompagnement et la formation des équipes.
Relancer la dynamique d’accompagnement des enseignants et des équipes pédagogiques.
Trois mesures proposées:
- Un dispositif de formation sous forme d’un MOOC obligatoirement proposé à tous les enseignants et formateurs,
- La réécriture de la circulaire du 28 août 1995 relative aux modalités d’évaluation,
- L’inscription de dispositifs d’accompagnement et formations sur l’individualisation
L’avis du Sgen-CFDT
L’accompagnement des équipes est une des clés de la réussite dans toute réforme d’ampleur.
L’accompagnement passe par de la formation, de la concertation, du partage d’expérience, de la mise à disposition d’outils. Pour en garantir l’efficacité il est nécessaire de dégager les moyens en permettant la mise en œuvre. Sur ce point la DGER reste toujours assez peu précise même si la volonté de faire est affirmée. L’idée d’outils et ressources numériques accessibles à distance dont la DGER se fait l’obligation d’une mise à disposition des enseignants est louable. Cette approche permet de la souplesse et de la réactivité. Il ne faut cependant pas que cette disposition remplace toutes les autres. Les temps de travail et d’échange au sein des équipes afin de trouver et d’améliorer les dispositifs à partir de propositions locales restent une des approches les plus efficaces. Cette démarche supposerait de revoir la répartition du service des enseignants entre heures de face-à-face et heures de travail collectif. C’est la réflexion qui aurait dominé dans la négociation sur les obligations de service hebdomadaire.
La réécriture de la circulaire sur les modalités d’évaluation est une bonne chose. En effet la question de l’évaluation est centrale dans l’approche capacitaire et la pédagogie par objectifs qui font l’ossature de la rénovation.
Autres orientations.
- Une « année de transition » possible entre le baccalauréat professionnel et le BTS,
- Valoriser le CAP agricole en terme d’orientation des jeunes en fin de collège et aussi de poursuite d’études en cycle professionnel,
- Rendre certains certificats de spécialisation accessibles en voie scolaire, sur le modèle des mentions complémentaires de l’Éducation nationale.
L’avis du Sgen-CFDT
Le catalogue des mesures complémentaires possibles pourrait s’allonger au gré des idées et moyens disponibles. Si les deux dernières mesures peuvent assez facilement être mises en œuvre, et sont fondées pour renforcer l’attractivité de la voie pro, la première est plus complexe à installer. Elle nécessite en effet la mise en place d’un cycle transitoire quasi systématique et le financement de DGH complémentaire. Le besoin de renforcer la sortie du bac pro pour permettre la poursuite en BTSA était un des points clés qui avaient été exposés par le Sgen-CFDT dans la rénovation. Ce passage continue à être délicat pour de nombreux jeunes.
Affirmer d’emblée qu’il faut une année pour tous est une analyse hâtive qui ne prend en compte ni les besoins individuels ni les capacités différenciées d’acquisition.
Il serait préférable de mettre en place un accompagnement individuel sous forme modulaire afin d’apporter aux postulants au BTSA les apports manquants à leur réussite, selon un rythme et une durée propres à chacun. Cela suppose bien sûr de repenser l’organisation des structures et du service au sein des établissements mais ce n’est pas un régime exceptionnel pour les étudiant·es que sont les élèves de BTS.