L’Inspection Générale de l’Education, du Sport et de la Recherche (IGESR) vient de sortir un rapport faisant un état des lieux des métiers de l’animation dans le secteur périscolaire. Pour le Sgen-CFDT, ce sont bien les enjeux en matière de continuité éducative qui doivent être posés.
En publiant ce rapport demandé à l’IGESR, le Ministère entend-il enfin vouloir mettre en place une réussite de la continuité éducative qui prenne appui sur la complémentarité éducative des acteurs ?
Car il faut bien le dire aujourd’hui, la France n’a pas su, ne sait pas encore comment rendre complémentaires des acteurs ayant des professionnalités différentes au service d’un même objectif : la réussite de l’enfant.
Dès lors l’école prend une place prépondérante au détriment des acteurs des temps péri-éducatifs qui pourtant apportent eux aussi leur pierre à cette construction éducative de l’enfant.
Animateur : un métier mal reconnu et précarisé
Les animateurs périscolaires travaillent en horaires coupés : avant la classe le matin, sur le temps de pause méridienne puis après la classe.
Pour certains enfants, ce sont mêmes les seuls adultes que les familles rencontrent au sein de l’école en déposant et venant chercher leur enfant.
Pourtant, comme le rapport le souligne, au même titre que les AED et les AESH, ce métier manque de reconnaissance y compris de la part des enseignants au sein des écoles. S’ils peuvent apporter de l’aide et du soutien, on ne leur confère pas le rôle d’acteurs de l’action éducative.
On est donc au sein des écoles plus dans une cohabitation plutôt que dans une coopération qui devrait pourtant servir l’intérêt de l’enfant.
Dès lors difficile de construire une continuité éducative basée sur le partage d’informations et de compétences propres.
Des politiques publiques qui ne permettent pas de s’inscrire dans le temps
Certaines réformes récentes avaient pourtant permis de créer plus de relations entre les différents acteurs de la communauté éducative : réforme des rythmes, plan mercredi, 2S2C… Le problème est que l’Éducation nationale ne s’inscrit pas dans la continuité des politiques publiques au-delà des échéances électorales. Dès lors, rien d’étonnant à ce que les personnels ne s’emparent pas d’une réforme sachant que celle-ci risque de changer à l’arrivée du prochain Ministre.
Même souci aussi au niveau des collectivités territoriales aussi aux mêmes contraintes électorales et aux priorité qui se modifient d’un mandat politique à un autre. Dès lors, pour l’IGESR, il est important de « favoriser le long terme et les dispositifs contractuels au long cours plutôt qu’une succession d’expérimentations et de dispositifs » qui ne peuvent s’inscrire dans la durée.
Des spécificités professionnelles qui doivent se compléter plutôt que s’opposer
Le PEDT doit en cela être la pièce maîtresse de cette complémentarité éducative.
Si , pour le Sgen-CFDT, chacun doit pouvoir conserver ses spécificités, elles doivent avant tout s’inscrire dans un projet partagé et co-construit sur la base d’objectifs communs. En effet, le temps scolaire ne peut se limiter à l’instruction et doit bien aussi prendre une part conséquente en matière d’éducation de l’enfant.
Si le temps scolaire est pour sa part dicté par les programmes, chaque enseignant sait parfaitement que l’on ne peut transmettre des connaissances, des compétences tant que l’enfant n’est pas devenu un élève. Ce passage nécessaire au sein de l’école primaire, ne peut être travaillé uniquement pendant le temps scolaire.
« L’animateur des temps périscolaires au même titre que l’ATSEM ou l’AESH a un rôle important à jouer. Il s’agit donc bien de travailler en synergie afin de créer les conditions nécessaires aux progrès de l’enfant. »
Cela nécessite comme le souligne le rapport de « penser les locaux en terme de complémentarité scolaire-périscolaire pour un usage partagé » ou encore de « prévoir des temps de formation communs directeurs de l’accueil péri-scolaire et directeurs d’école, ainsi que des temps de formations animateurs, personnels communaux et professeurs des écoles ».
Encore faut-il que ces temps aussi bien pour les animateurs que pour les enseignants soient inscrits dans leur temps de travail et non viennent en plus des réunions déjà « obligatoires ».
Temps scolaire et périscolaire doivent disposer du même pilote pour plus de cohérence
Pour l’IGESR, cela pose inévitablement la problématique du pilotage du projet.
Pour les rédacteurs du rapport, ce travail ne peut être que de la responsabilité du directeur ou de la directrice d’école.
Il faut donc renforcer ce métier en lui attribuant des moyens en temps et en personnels pour le faire. Il/elle doit pouvoir être légitime pour coordonner l’action de l’ensemble des acteurs sur l’établissement qu’il/elle dirige et ce même si l’école dispose d’un directeur d’accueil périscolaire.
La récente adoption de la Loi Rilhac va dans ce sens en laissant la possibilité aux collectivités territoriales de donner cette délégation.
Reste maintenant, pour le Sgen-CFDT, à ce que cela ne soit pas une tâche de plus sans contrepartie.
Il paraît en effet nécessaire que le directeur, la directrice qui accepte cela puisse être indemnisée et bénéficie d’une temps de décharge supplémentaire voire dispose d’une aide à la direction de façon pérenne avec une personne qualifiée pour le faire.
Des préconisations qui vont dans le sens d’une plus grande efficacité éducative
D’autre part, depuis longtemps, le Sgen-CFDT pose la problématique du manque de personnels au sein des écoles pour venir aider les équipes enseignantes sur le temps scolaire. Pourquoi dès lors ne pas envisager d’étendre le temps de travail des animateurs.trices . Une solution qui serait pour notre organisation syndicale gagnante gagnante :
- Elle favoriserait les échanges entre les enseignants et les animateurs des temps périscolaires
- Elle augmenterait le temps de travail des animateurs et donc leur rémunération pour les sortir ainsi de la précarisation dans laquelle ils-elles sont le plus souvent actuellement
- Elle permettrait de construire des projets pédagogiques qui intègrent des dimensions différentes entre les temps scolaires et périscolaires
- Elle assoirait le professionnalisme des animateurs dans les spécificités qui leur sont propres
- Elle engendrerait inévitablement des temps de concertation et de formation communs.
Ces différentes améliorations font d’ailleurs l’objet de préconisations de la part de l’IGESR qui vont toute dans le sens de cette complémentarité éducative à installer.
Mais il faudra sans doute aller plus loin avec l’établissement éducatif de territoire
Pour le Sgen-CFDT, ce rapport apporte des pistes intéressantes qu’il convient de se saisir notamment pour mieux reconnaître le rôle essentiel des animateurs périscolaires.
Comme il le préconise depuis longtemps, il convient de penser l’enfant dans sa globalité en permettant aux acteurs, aux actrices de travailler ensemble.
En inscrivant dans sa résolution issue du Congrès de Dijon en mai 2021 l’installation d’établissements éducatifs de territoire, le Sgen-CFDT entend rendre plus opérationnel cette complémentarité éducative qu’il appelle de ses vœux.
Reste maintenant à ce que les préconisations émises par l’IGESR soit suivi d’actes concrets tout en permettant à l’ensemble des personnels, qu’ils soient animateurs, animatrices, enseignant.e.s, directeurs ou directrices de disposer d’un pouvoir d’agir au plus près du terrain pour construire ensemble la complémentarité éducative nécessaire à leur émancipation.