Ce témoignage s'inscrit dans le dossier Handicap et travail qui donne la parole à la fois aux collègues concernés par une situation de handicap et aux collègues qui accompagnent ces personnels.
Vous avez dit APSH ?
Le métier d’accompagnant·e des personnels en situation de handicap (APSH) est mal connu et souvent « oublié par l’administration 1 », car il équivaut à 1 % des contrats des accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap (AESH). Or, quel que soit le métier (enseignant, personnels administratif, de labo, d’encadrement…), un·e porteur·e de handicap peut obtenir une assistance humaine. L’APSH aide, complète, prépare, manipule, range… sans aucune formation pour exercer ses missions. Les échanges et la relation (souvent longue) entre la personne aidée et l’accompagnant sont « empreintes de confiance et très fructueuses ». Quel contraste aussi entre la complexité et la qualification du métier d’une part, et les conditions d’emploi et de rémunération d’autre part !
1 Lire ci-dessous le témoignage de Juliette, dont un extrait a paru dans le no 282 – Novembre-décembre 2021 de Profession Éducation, le magazine du Sgen-CFDT.
Juliette est accompagnante de personnel en situation de handicap (APSH). Entretien
Juliette a 55 ans. Depuis trois ans, elle exerce la fonction d’APSH dans l’académie de Besançon.
Comment es-tu arrivée à cette fonction d’APSH ?
J’ai découvert ce métier par hasard : alors que j’étais assistante de vie scolaire (AVS), j’ai croisé une amie qui était secrétaire en collège et qui recherchait un·e accompagnant·e de personnel en situation de handicap (APSH). Cela m’a intéressé de passer de l’accompagnement d’un enfant à celui d’un adulte. Aujourd’hui, je suis contente d’avoir changé, bien que j’aie peu d’heures…
J’ai découvert ce métier par hasard
Qu’en est-il de ton contrat ?
Mon contrat est semblable aux contrats des accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap (AESH). Faisant peu d’heures en tant qu’APSH, j’ai d’ailleurs demandé un complément de temps comme AESH, mais pour l’instant je n’ai reçu aucune proposition.
Mon contrat actuel prévoit 20 heures hebdomadaires, quantité établie à partir du nombre de semaines travaillées par la collègue en situation de handicap que j’accompagne, ce qui réparti dans l’année scolaire correspond à 21 h 30 par semaine. Mon rôle étant d’assurer une assistance humaine, je travaille selon le temps de présence de ma collègue. Il faut souligner que cette aide humaine n’est pas définitive, le personnel bénéficiaire doit en renouveler la demande tous les ans.
Et concernant ta prise de fonction en tant qu’APSH ?
Bien sûr, l’aide humaine à apporter est différente selon qu’on doit accompagner une secrétaire d’établissement ou un personnel de direction, par exemple… Et j’ai eu la chance de faire les deux. Cela dépend également du type de handicap dont est porteuse la personne qu’on va aider.
je n’ai eu aucune formation d’adaptation à l’emploi ni à la fonction, ni à la prise en compte du handicap !
Lors de ma prise de fonction, ma collègue, qui est la secrétaire du collège, m’a présenté la nature de son poste et expliqué ce qu’elle avait envisagé de me faire faire. Elle m’a donné des tâches bien définies : quelques dossiers, mais aussi des activités ponctuelles. Petit à petit, la connaissance des dossiers venant et la confiance s’installant, nous sommes devenues de plus en plus complémentaires. Il a fallu repenser l’organisation du bureau d’une façon beaucoup plus fine qu’elle ne l’était auparavant. Pour l’ensemble de ce travail, je n’ai eu aucune formation d’adaptation à l’emploi ni à la fonction, ni à la prise en compte du handicap ! C’est un accompagnement essentiel pour certain·e·s porteur·euse·s de handicap, mais le métier est quelque peu oublié par l’administration…
Quel est ton ressenti par rapport à tes conditions de travail ?
J’aime ce que je fais : la communication, le travail en commun, et ce qu’on fait pour les élèves, c’est stimulant et valorisant.
j’ai beaucoup appris des personnes que j’ai aidées, et je pense que c’était réciproque.
Les points positifs qui dominent dans ce métier, ce sont les relations empreintes de confiance et très fructueuses qui se nouent de part et d’autre : j’ai beaucoup appris des personnes que j’ai aidées, et je pense que c’était réciproque.
Ce que je trouve délicat, c’est de repérer les limites de ma fonction
En revanche, ce qui est difficile aussi, c’est d’être acceptée, respectée et considérée par la personne qu’on accompagne. Et d’être reconnue comme un personnel qui a besoin d’un certain confort de travail. Cela prend du temps. Ce que je trouve délicat, c’est de repérer les limites de ma fonction, de savoir jusqu’où je peux prendre des initiatives sans empiéter sur le travail de ma collègue. J’avoue qu’il peut y avoir des moments de flottement où je ne sais pas quoi faire, et ce sont des phases pas évidentes à gérer ! Le plus important aussi est de réussir à communiquer avec la personne qu’on accompagne, de manière à être efficace.
Il y a très peu de postes d’APSH, donc peu d’échanges de pratiques, et c’est ce qui manque énormément.
Hélas, au niveau des informations, j’ai pu constater que nous sommes laissé·e·s en dehors du circuit ! Rien ne nous arrive par la voie officielle, il faut toujours aller chercher les renseignements utiles à l’exercice de notre métier. Il y a très peu de postes d’APSH, donc peu d’échanges de pratiques, et c’est ce qui manque énormément.
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