Deux nouveaux textes ont été communiqués aux organisations syndicales vendredi 19 octobre pour être immédiatement discutés en multilatérale à la DGRH le lundi 22.
Le ministre de l’éducation nationale avait fait savoir qu’il souhaitait un cadrage national plus précis des attendus de la formation initiale des enseignant·es et des CPE, en particulier pour les professeurs des écoles (PE), sous couvert d’un niveau de formation plus homogène sur l’ensemble du territoire. La « rénovation » du master MEEF passe donc par la définition d’un référentiel de formation adossé au cadre national de la formation du master MEEF (arrêté du 27 août 2013).
Projet d’un nouvel arrêté master MEEF : des articles qui confortent le principe de l’universitarisation de la formation des enseignant·es et des CPE
Le Sgen-CFDT a accueilli favorablement le projet du nouvel arrêté fixant le cadre national des formations dispensées au sein du master MEEF. Le principe d’une formation universitaire professionnalisante adossée à la recherche est rappelé et la structuration en quatre mentions qui couvrent à la fois les domaines de l’enseignement, de l’éducation et de la formation est maintenue. On pouvait craindre à la fois une remise en cause d’une formation universitaire des enseignant·es et des CPE, un décrochage entre le premier degré et le second degré et la disparition de la mention 4 (pratiques et ingénierie de la formation). Ce n’est pas le cas dans ce projet d’arrêté. Une évolution intéressante du texte concerne l’inscription du master MEEF dans un continuum de formation. Les nouvelles dispositions à l’article 4 permettent d’envisager une structuration de la formation initiale au-delà des deux seules années du master : spécialisation progressive en licence et formation continuée durant les trois premières années après la titularisation. Le Sgen-CFDT revendique une formation universitaire progressive non seulement sur les quatre semestres du master MEEF mais dans le cadre d’un continuum, de la licence à la formation continue.
D’autres orientations dans le projet d’arrêté à clarifier dans un contexte toujours difficile
Si l’ensemble du projet d’arrêté est globalement satisfaisant, des articles nécessiteront d’être reformulés ou précisés, en particulier les articles 5 et 19.
Une formation universitaire professionnalisante nécessite la constitution d’équipes pédagogiques à la fois pluricatégorielles et pluri-institutionnelles. Le Sgen-CFDT est attaché à la constitution d’un collectif de travail mais pas au détriment de certains personnels en poste. Il plane souvent des attaques sur la formation reçue par les stagiaires dans les ÉSPÉ, et en particulier sur la légitimité des collègues du premier degré ou du second degrés affectés dans les ÉSPÉ. L’inscription à l’article 5 du pourcentage d’enseignants à temps partagé (« pour au moins un tiers du potentiel enseignant ») crée des tensions inutiles et ne règle en rien l’indispensable rapprochement entre les deux terrains de formation que sont l’université et l’établissement scolaire. Le Sgen-CFDT a profité de l’examen de cet article pour redemander à la DGRH de reconnaître enfin le statut des enseignants du premier degré affectés dans l’enseignement supérieur depuis l’intégration des IUFM dans l’université en 2007.
Le nouvel article 19, quant à lui, fait passer de 20 à 40 ECTS la reconnaissance du stage en M2. Le mémoire serait apprécié à hauteur d’au moins 10 ECTS. L’identité de ce master MEEF se joue bien sur une articulation entre recherche et mise en situation professionnelle mais dans le cadre d’une progressivité, qui, pour le moment, n’est absolument pas garantie. En effet, et c’est bien là tout l’imbroglio, nous ne connaissons toujours pas la place du concours, pour le moment encore maintenu en fin de M1. La mission Ronzeau – Saint-Girons mandatée par les deux ministres sur cette question n’a toujours pas remis son rapport et il est difficile d’apprécier un projet d’arrêté de formation quand on ne connaît pas un des éléments déterminants pour son élaboration : la place et la nature des épreuves du concours. Le Sgen-CFDT a rappelé qu’il était non seulement attaché à une entrée progressive dans le métier mais aussi à une mise en responsabilité progressive, en particulier pour tous les fonctionnaires stagiaires ne bénéficiant d’aucune formation antérieure au métier de professeur ou de CPE.
Projet d’un référentiel de formation : copie à reprendre
L’avis du Sgen-CFDT sur le projet de référentiel de formation élaboré par la DGESCO et intitulé « Former l’enseignant du XXIe siècle » est sans appel : le texte est irrecevable en l’état.
– Le projet de référentiel est déséquilibré. Treize pages concernent les attendus de formation pour les professeurs des écoles (PE), neuf pages pour les professeurs des lycées et collèges (PLC), rien pour les professeurs des lycées professionnels (PLP) ou pour les conseillers principaux d’éducation (CPE). Il est manifeste que le ministère de l’éducation est davantage préoccupé par la formation des enseignants du premier degré, d’où l’inquiétude du Sgen-CFDT sur un risque de décrochage dans le recrutement et la formation entre premier et second degré.
– La répartition du volume de formation (800 heures sur les deux années du master) sous formes de blocs distincts donne une vision fragmentée d’une formation nécessairement globale. Limiter, par exemple, la polyvalence du premier degré à la pluridisciplinarité est une vision erronée du métier de professeur des écoles.
– L’exhaustivité des objectifs et des axes de formation va complexifier l’élaboration de futures maquettes. Les attendus de formation prennent la forme d’un véritable catalogue, pas toujours cohérent, et impossible à mettre en Å“uvre au mieux sur deux ans.
– Enfin, le texte confond référentiel de formation avec grille de titularisation : les niveaux de compétences attendus à l’entrée dans le métier et gradués de 0 à 4 sont plus des indicateurs pour des jurys de titularisation que des éléments d’appréciation pour des équipes pédagogiques.
Le Sgen-CFDT fera remonter une analyse critique de ce document. Nous attendons de la nouvelle version un contenu plus approprié aux objectifs assignés à ce référentiel de formation : concevoir et expérimenter des modalités de formation ancrées dans des activités professionnelles et de recherche au service des apprentissages et de la réussite de tous les élèves.