Dans l'attente de la note de cadrage pour les plans de reprise d'activité (PRA), la CFDT présente ses revendications face à une éventuelle reprise au cours de la semaine du 11 mai.
Pour une reprise sécurisée, graduelle, différenciée selon les territoires, pour l’ensemble des services du ministère de l’agriculture.
Notre pays traverse une crise qui a des conséquences fortes sur l’ensemble des secteurs d’activité et sur la vie des citoyens et des citoyennes. Dans ce contexte, le ministère de l’agriculture a des missions stratégiques à assurer que ce soit au niveau de l’alimentation, de la sécurité sanitaire, du soutien aux entreprises (versement des aides), de la formation et de la recherche.
En dehors de la question des masques, on ne peut pour l’instant pas reprocher au ministère d’avoir fait preuve de réels manquements si ce n’est quelques cafouillages liés notamment à une doctrine gouvernementale manquant de lisibilité.
La continuité a été assurée
La continuité du service public a bien été assurée, grâce à l’engagement des agents qui se sont retrouvés brutalement confrontés à des situations inédites, dans des positions administratives parfois inconfortables et à une organisation du travail à repenser. Les collectifs de travail ont su résister sans être toujours associés aux décisions qui les concernaient alors que ce sont la concertation et l’adhésion qui entraîneront la cohésion dont notre société a plus que jamais besoin.
Mobiliser l’expertise des agents et des équipes…
La CFDT souhaite que pour la période de déconfinement qui va s’ouvrir, les pratiques de dialogue social évoluent. Pour gérer et réussir le déconfinement, il va falloir faire preuve de créativité et d’innovation. Ce défi peut être remporté si l’expertise des agents et des équipes est mobilisée pour repenser une réorganisation du travail et mettre en place de nouvelles procédures de protection ou d’accueil des usagers.
Que ce soit dans l’enseignement agricole, au sein des services déconcentrés ou en administration centrale, la majorité des équipes de direction sont prêtes pour engager une reprise d’activité maîtrisée, au cours de la semaine du 11 mai. Dans les EPL, si les conditions sanitaires le permettent, il s’agit progressivement d’accueillir quelques groupes de stagiaires de la formation continue. Un communiqué du 7 mai de 4 ministres dont Didier Guillaume l’autorise. L’implication des conseils régionaux est essentielle. La CFDT souhaite que les jeunes en formation scolaire puissent partir en stage.
Pour la CFDT, l’objectif est de reprendre progressivement tout en se donnant les moyens de minimiser les risques pour les agents qui, pour la plupart, souhaitent retrouver une vie professionnelle et sociale.
Les conditions d’une reprise d’activité
La CFDT souhaite une reprise graduelle, différenciée entre territoires et sécurisée pour toutes et tous.
Des conditions préalables doivent être remplies pour garantir la santé des personnels et des usagers. Les agents sont légitimement inquiets. Il en est de même pour les élèves, apprenti.es, stagiaires, étudiant.es et les familles qui ont vu l’année scolaire et universitaire bouleversée. Tous et toutes ont besoin de visibilité. Il faut leur permettre de se projeter. Pour les rassurer et assurer leur sécurité, il faudra que les futurs PRA prennent en compte les consignes et recommandations du conseil scientifique, de l’OMS, des experts et expertes et il faut impérativement faire confiance aux équipes.
Tous et toutes ont besoin de visibilité.
Il va falloir également informer les agents qui sont parfois perdus dans la masse d’informations parfois contradictoires véhiculées par les médias. Nombre d’entre-eux se posent des questions : qui reprend ? Qui peut poursuivre son travail à domicile ? Qu’en est-il des personnes fragiles ou vivant avec des personnes fragiles ? Les formations initiales scolaires agricoles vont-elles ré-ouvrir en juin ? Les masques seront-ils obligatoires ? Seront-ils distribués gratuitement ? Couvriront-ils les besoins des agents utilisant des transports en commun ?
Les revendications de la CFDT
La CFDT formule le vœu que cette reprise soit sereine et que toutes les instances soient consultées et participent activement à une déclinaison locale du cadrage national . Ces déclinaisons et adaptations seront d’autant plus réussies qu’on fera confiance au bon sens et à l’engagement des agents qui ont démontré dans l’adversité que l’autonomie et la prise en charge de l’organisation de leur travail fonctionnent si la bienveillance prévaut. Dans ce contexte, la mise à jour obligatoire des Documents Unique d’évalaution des Risques (DUER) s’impose pour toutes les structures.
Faire confiance au bon sens et à l’engagement des agents.
Dans les semaines et les mois à venir, il faudra accepter de nouvelles organisations en étant innovants et proactifs, en expérimentant et en pérennisant ce qui fonctionne. Pour ce faire, la CFDT souhaite qu’un.e interlocuteur/trice soit nommé.e par Établissement (ou Direction ou service). Sa mission sera de faire le lien avec les acteurs et actrices et de capitaliser tout ce qui a pu l’être depuis début de cette crise. Il/elle serait invité.e aux CoHS, aux CHSCT. Un « forum » régional ou national de ces interlocuteurs/trices pourrait être organisé (RetEx).
Dans l’enseignement agricole technique, l’accueil de publics prioritaires doit pouvoir se faire rapidement afin de limiter les décrochages scolaires dont la courbe progresse irrésistiblement. Il va falloir faire preuve de pédagogie et de formation sur les gestes barrières, l’utilisation des masques, du gel, des savons liquides, des essuie-mains papier… et se préparer au « vivre avec le virus ». Les personnels de santé et la médecine de prévention doivent être mobilisés très rapidement . Le déconfinement doit être une réussite.
Ne pas basculer dans l’hyper hygiénisme
En conclusion, la CFDT formule un vœu : que ces temps obscurs ne nous fassent pas collectivement basculer dans « l’hyper hygiénisme », qui ne permettra jamais d’assurer l’existence du risque zéro mais qui créera immanquablement des conditions de travail ou d’étude insupportables et des tensions ingérables.
La peur est mauvaise conseillère. L’heure n’est pas au repli sur soi mais à l’ouverture vers les autres et plus que jamais à la solidarité.