La réforme de l'évaluation du Bac STAV était à l'ordre du jour du Conseil National de l'Enseignement Agricole (CNEA) du 30 août 2021, présidé par Luc MAURER (DGER-adjoint). Le Sgen-CFDT était représenté par Gisèle BAULAND, Marie-Pierre DEFONTAINE, Anne-Françoise JUBIN-UHEL et JF LE CLANCHE.
Flash back sur le bac d’avant 2017
Le bac est un « monument national ». Toucher à ce symbole n’est jamais anodin. Avant 2017, le bac à la française était constitué d’une forte proportion d’épreuves nationales externes de fin d’année. Ce modèle se retrouve dans une majorité de pays de l’OCDE, mais avec des épreuves nationales externes de fin d’année dans des proportions moindres.
Le bac ainsi structuré ressemblait à un examen barrière, filtrant les sorties du secondaire. Il ne jouait plus le rôle attendu dans l’orientation des lycéen.nes puisqu’il arrivait plusieurs semaines après les résultats d’affectation, sur APB puis sur Parcoursup. L’organisation nationale d’épreuves pour plusieurs centaines de milliers d’élèves (Éducation nationale – EN – et Enseignement agricole) dans le courant du mois de juin de chaque année était et est une organisation complexe et laborieuse à mettre en œuvre.
La réforme inaboutie de 2019 revue et corrigée
Avec la réforme « Blanquer » de 2019, son architecture a été profondément modifiée, notamment par l’introduction d’une part de contrôle continu dans sa délivrance. Le nouveau bac général avec l’introduction des E3C n’était pas exempt de critiques. Les sessions d’E3C / EC se sont avérées et s’avèrent compliquées à mettre en place. Elles jalonnaient les deux années de Première et Terminale et formaient un parcours d’obstacles à franchir pour les élèves comme pour les agents.
La manière dont l’Éducation nationale a construit ses E3C (avec une base de sujets nationaux qu’il aurait fallu garder « secrets »…et éventés en quelques heures) est instructive. Elle relève d’une forme d’ « usine à gaz » qui se met en place lorsqu’on cherche à limiter l’autonomie des enseignant.es et des équipes. Enfin, le contexte sanitaire a renforcé l’échec d’un dispositif qui montrait d’importants dysfonctionnements. Dès la rentrée 2019, le Sgen-CFDT revendiquait le passage à 40 % de réel contrôle continu laissé à la main des équipes. Nous y sommes. C’est un progrès évident dans le cadre du baccalauréat général. Par contre, la décision tombe brutalement et au mauvais moment.
Une réforme du bac G et STAV 2022 non anticipée
Cette énième réforme, peu anticipée, va profondément modifier l’organisation du travail des équipes des lycées. Certes, elle représente une marque de confiance envers les équipes. Il n’y aura plus de pression pour organiser les E3C/ EC/ ECCF dans les établissements. Cependant le calendrier des réformes surprend. La rénovation du bac est à peine lancée qu’une modification importante de l’évaluation intervient. La manière interroge. Le suivi mécanique et précipité de ce qui est fait à l’EN sans aucune réflexion profonde sur le STAV, est critiquable. Cette réforme va induire beaucoup de changements à digérer pour les équipes en peu de temps pour cette rentrée, après deux années de crise sanitaire éprouvantes. Annuler ainsi le CCF dans le bac techno STAV de façon aussi radicale et subite est déroutant.
Pour le bac STAV, le projet de réforme prévoit l’organisation d’une commission régionale d’harmonisation et de régulation. Un point positif et incontournable. Elle forme un garde-fou nécessaire, utile et rassurant pour l’ensemble des acteurs et actrices du système. Il faudra s’appuyer sur les président.es adjoint de jury qui auront un rôle important pour assurer ce suivi. Le rôle des coordinateur.trices de filière en STAV sera également essentiel. Ils et elles animeront le collectif enseignant et joueront un rôle d’interface avec cette commission d’harmonisation. Ces agents forment un maillon essentiel qui doit être reconnu, conforté, accompagné par du conseil et de la formation.
Une réforme intéressante hélas conduite au pas de charge
Cette évolution va apporter une nouvelle dimension à la valeur certificative du bac. Le contrôle continu permettra une palette plus large d’exercices mobilisant des compétences plus variées que celles habituellement évaluées par des épreuves externes. Il prendra mieux en compte les parcours réels des élèves. Il pourrait être une première étape pour un « bac passeport » vers l’enseignement supérieur. Pour le Sgen-CFDT, il faudrait aller plus loin.
Le Sgen-CFDT est favorable à un bac « sur mesure » pour chacun des élèves. Un bac par capitalisation tout au long des deux années du cycle terminal de modules semestriels disciplinaires ou pluridisciplinaires. Le Sgen-CFDT milite pour la création d’un bac unique (abandon du clivage entre les filières, générale, technologique et professionnelle) donnant ainsi la possibilité aux élèves de choisir librement leurs enseignements en fonction de leur projet de vie.
Bac G et STAV, ce que demande le Sgen-CFDT
Il faut accompagner l’organisation du contrôle continu. L’enjeu est de renforcer l’autonomie pédagogique des enseignant.es, tout en les sécurisant dans un cadre collectif. Ce cadre devrait être construit progressivement par les équipes. Il faudra en débattre en Conseil d’administration et en CEF, l’expliciter par le dialogue avec les élèves et leurs familles.
Il faut un accompagnement réel et continué par des formations, la production de ressources, du conseil. Des réunions d’équipes seront indispensables. Les inspecteurs y ont toute leur place. Les président.es de jury et les coordinateur.trices de filière doivent être reconnu.es, soutenu.es et accompagné.es prioritairement et rapidement.
Il faut reconnaître le travail des enseignant.es. L’instauration de 40 % de contrôle continu est une confiance accordée à leur professionnalisme, mais elle implique des temps de concertation et un travail d’ingénierie qui doivent être reconnus en temps et sous forme indemnitaire. La rémunération à la copie existe bien…
L’arrêté et la note de service l’accompagnant seront publiés vers la mi septembre 2021. Le Sgen-CFDT a déposé de nombreux amendements pour contribuer à leur évolution.