Publié le mardi 29 août 2023
par Alexis Torchet
Enseignants du Second degré Lycée
On aura donc bien pour la session 2024 une 7e mouture consécutive du bac après une seule session (2023) selon le calendrier prévu initialement. Et pourtant il reste encore des angles morts...
Des épreuves terminales récapitulatives en mars étaient absurdes, et le report des épreuves de spécialité (EDS) du bac GT en fin d’année était devenu nécessaire, vu l’absence de volonté de transformer ces épreuves. Pour autant le changement de calendrier laisse subsister des problèmes, et pour le Sgen-CFDT il est fondamental de ne pas mettre le couvercle sur le dossier « bac GT »: il est loin d’être résolu.
Les dossiers à ne pas enterrer
Le premier sujet est celui des programmes : désormais, programmes de cours et programmes d’examen sont identiques. Or, seulement 70 % des programmes actuels étaient attendus pour les épreuves de mars, avec des exigences qui ont mis sous pression de manière écrasante les élèves et les professeurs. Cette pression risque de se déplacer sur le mois de juin si c’est 100 % des programmes qui sont exigés, avec en plus la préparation du Grand Oral. L’exemple de l’épreuve anticipée de français (EAF) illustre bien la pénibilité que peuvent engendrer des examens organisés en juin sur des attendus trop lourds.
L’évolution de l’EAF est bien le deuxième sujet qui ne doit surtout pas être oublié. Le Sgen-CFDT, seul et en intersyndicale, alerte depuis 2019 sur la souffrance professionnelle des professeur(e)s de lettres. Il revendique des évolutions à la fois sur les attendus des programmes (nombre de textes, objets d’étude) mais aussi sur les modalités des épreuves de l’écrit et de l’oral. L’annonce de 16 textes va dans le bon sens mais il serait inacceptable que les épreuves de la session 2024 de l’EAF se déroule comme les précédentes.
La question du devenir des séries technologiques doit également être traitée spécifiquement. Faire entrer au chausse pied le bac technologique dans l’architecture et les modalités du bac général ne fait pas sens et a provoqué des effets en cascade : démotivation des élèves, baisse des résultats, absentéisme… La grande désorganisation du mois de mars a eu des effets encore plus importants sur les élèves des voies technologiques. Le décalage des épreuves en juin ne doit cependant pas masquer deux autres problèmes pédagogiques majeurs pour les enseignant(e)s : le projet (ou objet d’étude) n’est plus évalué, et le grand oral calqué sur la voie générale s’avère inadapté à l’architecture des spécialités de la voie technologique. Un accord cadre Etat-Régions pour valoriser les formations technologiques avait été signé en décembre 2021 sur proposition du comité de suivi de la réforme. Il doit être relancé.
Un chantier à engager enfin : l’orientation
L’accompagnement à l’orientation est un impensé de la réforme. Or son rôle va s’accroître dans un contexte où la disparition des EDS du dossier Parcoursup risque de pérenniser la mention du lycée d’origine dans les dossiers, ce que déplore le Sgen-CFDT.
L’orientation nécessite, au-delà de la mise à disposition des informations, une formation des divers intervenants. Le Sgen-CFDT continue à soutenir l’idée d’un professeur référent multi-âge pour un groupe réduit d’élèves, avec la même rémunération que celle du binôme qui existe en Terminale. Le ministère en créant le professeur référent n’a en rien permis un meilleur accompagnement des élèves. En effet, si les groupes sont certes réduits, la rémunération n’est pas à la hauteur et le cadre proposé reste celui du professeur principal d’une classe. Or, un des autres bouleversements de la réforme du lycéen est l’explosion du groupe classe. Permettre d’autres formes d’accompagnement des élèves est indispensable, c’est un enjeu majeur souligné par l’existence dans les textes de 54h consacrées à l’orientation. Mais cet affichage n’est pas financé, ce qui n’est pas recevable au regard des enjeux. Ce volume horaire regroupe l’ensemble des actions autour du parcours de l’élève. Cela intègre aussi les actions de la région. Mais encore une fois, faute de temps collectifs, l’action des collectivités se réduit bien souvent à un apport en doublons de ce que produit déjà l’ONISEP. Rien qui ne vienne améliorer pour l’instant la politique d’orientation d’un EPLE.
Pour le Sgen-CFDT, les annonces sur le bac GT permettent un soulagement indéniable de la pression exercée par les épreuves de mars sur les personnels et les élèves, mais il reste de nombreux sujets qui restent en suspens.