Le baccalauréat ne remplit plus sa fonction de préparation aux études supérieures. Il demeure cependant un rituel auquel beaucoup restent attachés mais qui détourne le lycée de ses vraies missions : développer les compétences des élèves et les guider vers l'autonomie.
Changer le Bac pour changer le lycée.
Les pratiques pédagogiques du lycée sont figées dans l’obsession de la préparation à l’examen. Les lycéens sont soumis un enseignement qui privilégie l’acquisition de connaissances à l’autonomie, au travail collaboratif et au développement de compétences transférables. Si l’on veut permettre aux enseignants de faire évoluer leurs pratiques, il est indispensable que le Bac ne soit plus un examen qui valide une accumulation de connaissances mais un examen qui évalue de pair les connaissances et les compétences indispensables à la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur.
Pour réformer le Baccalauréat, le Sgen-CFDT propose un cursus :
- Modulaire qui s’appuie sur des modules qui constituent la base d’une construction diversifiée qui vise une spécialisation progressive et réversible.
- Polyvalent qui développe à la fois une culture générale , technologique et professionnelle.
- Diversifié qui offre une formation qui privilégie l’acquisition de connaissances et de compétences transférables.
Le Sgen-CFDT a fait des propositions concrètes et réalistes pour l’instauration d’un Bac modulaire.
C’est au lycée de s’adapter au lycéen et non le contraire.
Si nous voulons sauver le Baccalauréat, il doit évoluer.
Bac général 2017 : près de 719 000 candidats, pas moins de 170 000 examinateurs et correcteurs, 4 400 centres d’examen.
Entretien avec une cheffe de centre.
Armelle Nouis est proviseure du lycée Hélène Boucher dans le 20ème arrondissement de Paris. Elle a participé à la rédaction du rapport Terra Nova paru en 2016 qui propose une évolution du Baccalauréat.
15 juin 2017, c’est reparti pour le bac. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie en terme d’énergie ? En terme de scolarité pour les élèves ?
Armelle Nouis : Encore une fois tous nos services, notre énergie et notre patience sont mis à rude épreuve pour ce marathon inutile qu’est le baccalauréat. Bien sûr cela ne commence pas le 15 juin avec les épreuves officielles. Depuis le retour des vacances de printemps nous sommes en mode « bac » !
La reconquête du mois de juin est un leurre et c’est aujourd’hui le mois de mai que nous nous efforçons de sauvegarder !
Au lycée Hélène Boucher, nous avons eu des épreuves orales facultatives durant tout le mois de mai. Début juin, ce sont les ECE (Évaluation des Capacités Expérimentales) qui ont mobilisé les laboratoires et les professeurs de SVT et de Physique-Chimie pendant 3 jours. Début juin également, nous avons enchainé avec les oraux obligatoires de langues.
Cela veut dire que les élèves sont libérés depuis le 9 juin dans tous les lycées. Pour les cités scolaires, les collégiens sont libérés aux mêmes dates que les lycéens.
Quelle analyse fais-tu des annonces du ministre?
Armelle Nouis : L’annonce répétée de notre nouveau ministre d’un bac « restreint » est, en cette période, une excellente nouvelle. Je ne peux que soutenir cette proposition et l’aider à voir le jour pour qu’enfin les élèves aient leurs 36 semaines de formation. La fin de l’année scolaire doit être l’occasion de travailler avec les équipes sur les projets pédagogiques de la rentrée, avec les élèves sur leurs projets professionnels et, in fine surtout, mettre en place un examen qui donne du sens au lycée et à l’épreuve elle-même.
Au lieu de cela actuellement on planifie, on organise, on remplace, on recommence, on court, on maudit, on se bat avec le service des examens, on traque la triche (avec de moins en moins de succès comme le prouve la fuite des ECE), on tremble un peu forcément.
Comment l’examen peut-il donner du sens à la scolarité des élèves?
Armelle Nouis : Le bac a perdu une grande partie de son sens avec APB (Admission Post Bac). Le 2 avril les dés étaient jetés et les notes enregistrées sur l’application APB. C’est sur ces notes que s’opère la sélection de 50% des élèves qui poursuivent des études supérieures en filières sélectives : CPGE, STS, IUT. Dès la fin du second trimestre, le taux d’absentéisme dans toutes les classes augmentent de façon vertigineuse.
La question du sens est une vraie question :
Le bac est devenu tentaculaire parce que chaque discipline a voulu un examen pour être prise au sérieux.
Pour faire sens, le bac doit s’inscrire dans le projet de l’élève et du futur étudiant. Les épreuves doivent aussi être repensées. Aujourd’hui la technologie permet de développer tout un art de la tricherie…
Quelle place doit avoir à ton avis le bac dans le continuum Bac-3 Bac +3 ?
Armelle Nouis : Le bac est un passeport pour l’entrée à l’université. Mais celle-ci a changé ; il faut changer le passeport. L’examen doit pouvoir permettre de mettre en avant des prérequis nécessaires pour réussir dans la formation universitaire choisie.
Aujourd’hui à peine 40% des étudiants qui rentrent à l’université obtiennent une licence au bout de trois ans.
Information en date du 13/06/2017