Le Baromètre social du MAA vient d’être publié. Si les agents sont globalement satisfait de leur travail, ils envisagent l'avenir avec appréhension. Bien formés, certains agents s'estiment victimes d'agression physique ou verbale et constatent une dégradation continue de leurs condition de travail.
Après avoir consulté les organisations syndicales, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a lancé, en 2017, une enquête en ligne afin de mieux connaître le ressenti des agents sur leurs conditions de travail. 7557 agents sur les 23845 interrogés ont répondu soit un taux de participation modeste de 31,7%. La CFDT a participé à son élaboration durant les groupes de travail préparatoires au lancement de l’enquête. Son objectif était de proposer aux agents un questionnement qui reflète fidèlement leurs préoccupations quotidiennes au travail.
Un avis de beau temps ? Pas si sûr, baromètre social en berne…
65,4% des agents se considèrent comme étant satisfaits de leur situation (30% de très satisfaits). Ce chiffre est positif. Il ne doit pas masquer une autre réalité : celle des insatisfaits et des invisibles qui doivent aussi être écoutés.
Des conditions de travail qui se dégradent
89 % des agents de l’enseignement technique et supérieur sont satisfaits de leur travail et des relations qu’ils entretiennent avec leurs collègues. La moitié considère que leurs conditions de travail se dégradent et que leur charge de travail est excessive. Cette situation a un impact négatif sur le bien-être des agents concernés qui se traduit par de la fatigue, de l’anxiété, de la nervosité et de l’irritabilité. Ce résultat n’est pas une surprise pour la CFDT. La CFDT ne cesse d’intervenir dans les différents comités où elle siège pour alerter l’administration sur ces points.
Baromètre social en berne dans le sup?
L’enseignement supérieur se distingue par le signalement d’un réel manque de coopération entre les entités d’une même structure et par l’absence de procédures claires, précises et efficaces. Le dialogue social n’y est pas considéré comme satisfaisant (51%). Dans certains établissements, des formes de management parfois autoritaires dégradent le climat social. Elles contrastent fortement avec l’idée d’autonomie qui souffle par ailleurs dans l’enseignement supérieur. Cette situation peut être aussi interprétée comme étant la manifestation des conséquences des fusions d’écoles passées. On peut penser qu’elles n’ont pas toujours été bien digérées, huit ans après…
Des agents peu reconnus mais en confiance avec leur hiérarchie
Concernant le management, l’accessibilité et l’écoute du responsable hiérarchique direct sont reconnues. Des améliorations sont possibles sur la reconnaissance du travail, le respect des engagements, la prise en compte des propositions et la consultation des agents concernant leur travail au quotidien.
On se forme bien au Ministère de l’Agriculture mais on voit l’avenir en noir!
Un des points forts mentionné par les agents est la possibilité qui leur est offerte de s’inscrire et de suivre les formations nécessaires à l’exercice des missions. Au delà, une très grande partie des agents n’est pas satisfaite de l’accompagnement dans l’évolution des carrières et des promotions. Un vent de pessimisme souffle. La moitié des agents de l’enseignement technique et supérieur estime que leurs perspectives de carrière vont se dégrader dans les prochaines années.
Une solidarité entre collègues réelle
Lorsqu’un agent rencontre une difficulté, les soutiens les plus bienveillants proviennent principalement des collègues et du responsable hiérarchique direct. Par contre, les agents attendent plus de soutien de manière générale des acteurs de la prévention et de la direction.
Des agressions verbales ou physiques fréquentes, des discriminations inacceptables
40% ont déjà été victimes d’agressions verbales ou physiques au cours des 36 derniers mois. 2% ont été victimes d’un tel acte une fois par semaine ou plus, 2% une à deux fois par mois et 13% plusieurs fois par an. 18% des répondants (1050 agents) estiment avoir vécu une situation de discrimination au cours des 10 dernières années au sein du MAA. La CFDT alertera l’administration sur ce point. La mise en place d’une cellule de lutte contre les discriminations paraît, plus que jamais, utile et nécessaire.
Pour en savoir plus sur les positions du Sgen-CFDT en matière de discrimination
Des écoles du supérieur qui décrochent et qui souffrent d’un manque d’identité
52 % des agents de l’enseignement supérieur contre 36 % dans l’enseignement technique estiment qu’il n’existe pas de culture commune dans leur établissement. Ce chiffre est inquiétant. Il montre la faiblesse du collectif dans certaines écoles. On peut supposer que ce sont les écoles qui ont fusionné qui sont concernées.
Plus globalement, les agents de l’ensemble du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation expriment un niveau de confiance en l’avenir de la qualité de vie au travail plutôt faible. L’impact des réorganisations (services déconcentrés des nouvelles régions) et une charge de travail peu adaptée en sont la cause. La CFDT souhaite que le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation intègre la pleine mesure de ces données dans les projets qu’il compte mener, notamment en matière de fusions de services ou de structures.
La fierté d’appartenir au service public
Enfin, le Baromètre social indique un fort sentiment d’appartenance et une grande fierté de travailler émerge. C’est une preuve qui montre l’engagement des agents malgré un contexte ressenti comme étant de plus en plus difficile.
Pour en savoir plus sur le baromètre social du ministère de l’agriculture