Mardi 4 Février 2025, Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire recevait une délégation CFDT composée de notre fédération, de la Fédération Générale Agroalimentaire et du syndicat SPAGRI (Syndicat des Personnels du ministère de l'Agriculture).
Cette rencontre bilatérale avec la Ministre de l’Agriculture a été cadencée par un agenda politique chargé. Pendant une heure, nous avons pu exposer divers sujets. Le temps contraint n’ayant pas permis de tout aborder, une rencontre avec la secrétaire générale du ministère aura lieu prochainement.

Bilatérale avec la ministre de l’Agriculture
La secrétaire générale de notre fédération, Catherine Nave-Bekhti a tenu à rappeler dans ses propos introductifs la situation de Mayotte et de l’établissement public national de Coconi. La ministre a signalé qu’une loi « d’urgence Mayotte » devait être approuvée ce mardi 4 Février 2025 devant le Sénat. La DGER a souligné que la rentrée s’était faite dans les conditions les moins mauvaises possibles, compte tenu de la situation. Les élèves regagnent peu à peu l’établissement. Ils ont à présent accès à des repas servis à la cantine et à l’eau potable.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques salue les efforts financiers consentis en direction de l’EPN de Coconi pour sa reconstruction rapide.
Loi d’orientation agricole
Le sujet phare de la CFDT est également la préoccupation majeure de la ministre. Nous appelons de nos vœux l’adoption de cette loi d’orientation agricole (LOA). Elle permettra d’octroyer les moyens nécessaires à la mise en place du Bachelor agro qui rendra plus lisible l’offre de formation de l’enseignement agricole. Elle permettra le maillage éducatif des territoires en offrant la possibilité de contrats territoriaux de consolidation. La LOA consacrera une sixième mission de l’enseignement agricole inscrite au livre VIII du Code rural, la ministre ayant rétabli cette mission dans les amendements.
La CFDT s’est déclarée très attachée à la formulation de cette sixième mission, notamment dans sa dimension « transition agroécologique et climatique ».
Nous avons rappelé à la ministre que l’enseignement agricole prépare ses apprenants aux transitions agroécologiques depuis des décennies. Loin des idéologies, l’agroécologie a du sens pour la communauté éducative. L’agroécologie est abordée pragmatiquement dans les référentiels et propose des solutions innovantes.
- 97% des établissements ont mis en œuvre des actions EGalim dans leurs cantines,
- 84% des établissements sont engagés dans des projets pédagogiques écoresponsables,
- + 7000 apprenants impliqués dans des projets agroécologiques conduits par les fermes des établissements agricoles,
- Il existe plus de 1 000 partenariats entre les établissements et les acteurs du territoire sur une année scolaire en France.
La LOA et sa sixième mission, dans sa rédaction originale, feront entrer l’enseignement agricole dans une nouvelle ère où les moyens seront dédiés aux ambitions.
Les suppressions de postes dans l’enseignement agricole
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a demandé à la ministre de neutraliser la baisse de 45 ETP prévue dans l’enseignement agricole. 20 équivalents temps-plein pour le public, et 25 pour l’enseignement agricole privé. La ministre a semblé être réceptive à nos arguments. Cependant, elle a rappelé que la situation budgétaire était difficile. Ainsi, il est prévu une réduction de 60 ETP chez les opérateurs, 15 ETP dans les services et 45 ETP dans l’enseignement.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a affirmé que cette réduction de postes était un mauvais signal.
La souveraineté alimentaire devrait comporter une dimension « régalienne » selon la ministre.
Pour la CFDT cette réduction est à l’orthogonal des enjeux de la souveraineté sur les dix années à venir.
L’enseignement agricole compte aujourd’hui davantage d’apprenant qu’il y a dix ans. Les effectifs à la rentrée 2024 confirment une hausse de 7% sur les cinq dernières années. (Ces données sont issues du bureau de la valorisation des données de la DGER du 19 Novembre 2024)
Pour la CFDT, la suppression de 45 ETP en période de croissance significative des effectifs de l’enseignement agricole n’est pas entendable.
Commission nationale des Agents Contractuels sur budget
La CFDT EFRP a rappelé son attachement à la mise en place d’accords collectifs sur les conditions de travail des agents contractuels sur budget des centres. La CFDT prend toute sa place dans ces négociations.
Pour la CFDT, ces accords ne doivent pas mettre en danger les équilibres financiers des centres.
La fédération rappelle son attachement à l’autonomie des centres dans la gestion des rémunérations de leurs agents. La CFDT n’entend pas défendre la mise en place d’un cadre de rémunération à l’intérieur des accords collectifs, cadre qui pourrait entraîner de graves difficultés financières dans les centres constitutifs.
Venir en aide aux EPLEFPA en difficultés financières
La CFDT réitère sa demande d’une modification du Code rural pour donner la possibilité à l’état de venir en aide aux établissements agricoles qui se verraient dans une situation financière dramatique telle que leur fermeture pourrait être envisagée (la situation Covid a mis en lumière ce manquement). Il va être nécessaire de trouver un vecteur et de l’inscrire au Code rural, mais également d’inscrire ces dépenses potentielles dans une loi de finance, si d’aventure une loi de finance voyait le jour.
Installation des vétérinaires sortant d’école
La revendication toujours forte de la CFDT de voir une cinquième École vétérinaire publique sortir de terre va de pair avec l’installation des sortants d’École.
La CFDT demande à la ministre d’inviter les collectivités locales à inciter les vétérinaires à venir s’installer en milieu rural. Le maillage territorial est au cœur des préoccupations de la CFDT.
Conclusion
La secrétaire générale de notre fédération demande que les sujets qui n’ont pu être débattus le soient dans le cadre d’une bilatérale avec la secrétaire générale du MASA. La ministre répond favorablement à cette demande. La secrétaire générale rappelle que la CFDT recoupe plusieurs fédérations. Elle demande que la ministre entende toutes les fédérations dans son périmètre.
La CFDT considèrerait comme un symbole fort en direction de l’enseignement agricole, que la ministre neutralise la suppression des 45 ETP programmée pour la rentrée 2025.
La CFDT restera attentive dans les prochains jours aux évolutions concernant la LOA et notamment dans la dimension transition agroécologique de la sixième mission. Le Sénat votera le texte le 18 février. Un vote qui interviendra seulement quelques jours avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture qui se tiendra du 22 février au 2 mars.