Le Budget 2020 de l’enseignement supérieur agronomique et vétérinaire est stable en apparence, en apparence seulement... L'analyse du Sgen-CFDT.
Pas de coupe budgétaire cette année
Le budget 2020 (le programme 142) pour l’enseignement supérieur agronomique, agroalimentaire et vétérinaire, est « stable ». Le programme 142 ne subit pas de coupe, contrairement aux autres programmes du MAA. Il progresse de 1,1 % et passe de 352.815.958 à 356.736.160 euros. Ce programme a contrario des autres programmes du MAA connaît une évolution positive. On devrait donc s’en réjouir.
Un schéma d’emploi neutre
Le plafond d’emploi du programme 142 passe de 2787 ETPT à 2801 ETPT pour tenir compte d’une mesure de transfert relative aux apprentis rémunérés sur le programme. Un schéma d’emploi neutre est appliqué au programme qui permet la stabilisation des effectifs. Les dépenses de personnels progressent de 1,6 % et intègrent des mesures catégorielles à destination notamment des personnels de la filière formation-recherche (+ 0,8 millions d’euros) et la couverture du glissement vieillesse technicité (+ 3,1 millions d’euros). Sous réserve de modification, 43 postes sont ouverts aux concours pour les postes d’enseignants-chercheurs, 19 pour les professeurs, 24 pour les maîtres de conférences.
Un concours externe et interne pour les techniciens formation/recherche, les ingénieurs d’étude, les ingénieurs de recherche devrait avoir lieu au second semestre 2020.
Une érosion lente et peu visible des moyens
Globalement, dans une période de réduction des moyens de la Fonction Publique et en particulier à l’agriculture, un ministère désormais non prioritaire, on peut voir que ce ministère, grâce à sa contribution à la formation secondaire et supérieure, a réussi à justifier une stagnation des moyens humains face à l’administration de Bercy.
Par contre, il n’a pu obtenir qu’il en soit de même pour les supports financiers.
Paradoxalement et pour cette année au moins, on note une augmentation des dotations mais… Il faut se méfier d’un phénomène en trompe-l’œil : cette augmentation ne couvre pas le seul GVT (Glissement-Vieillesse-Technicité, qui correspond aux avancements de carrière). Cela signifie que les dotations de fonctionnement pures continuent de s’éroder lentement et sûrement.
Les dotations de fonctionnement pures continuent de s’éroder lentement et sûrement.
Un observateur attentif pourrait noter que l’évolution de ce budget et des moyens humains contraste avec la situation d’autres ministères, nettement moins favorisés. La réalité des agents est autre. Cette lente mais constante contraction par « toutes petites ponctions » n’est pas indolore. Elle s’accompagne d’ une obligation de former plus de jeunes (au moins au niveau des cycles ingénieurs et vétérinaires).
Dans des formations qui font ou ont fait leur excellence sur la base de pédagogies innovantes et professionnalisantes, accroître ainsi les promotions d’étudiants génère un coût tant en heures enseignées (il y a peu de cours en amphi !) qu’en heures d’encadrement, de gestion (etc). Ce phénomène peu perceptible peut aussi avoir, à long terme, un impact sur le niveau d’excellence de ces écoles car même à effectif constant, faire plus d’heures de formation équivaut à la longue à consacrer, progressivement et par la force des choses, moins d’heures pour la recherche.
Cette lente érosion s’est souvent accompagnée de plus de précarité pour les agents contractuels avec des contrats plus fréquents, plus courts et rarement ré-évalués. Ceci génère des coûts masqués. Des agents démissionnent car ils trouvent des conditions de travail plus avantageuses à l’extérieur. Des compétences sont perdues. Des services ne sont parfois plus rendus.
Pour le Sgen-CFDT et pour l’ensemble de ces raisons, cette évolution n’est pas satisfaisante au regard des enjeux et des défis que doit relever l’enseignement supérieur agronomique et vétérinaire.