En modifiant la certification permettant à un.e professeur.e des écoles de devenir maître.sse formateur.trice ou conseiller-conseillère pédagogique, le Ministère souhaite en rendre l'accès plus facile.
Le Ministère a choisi de revoir la certification du CAFIPEMF permettant de former des formateur.trice.s ou des conseillers et conseillères pédagogiques.
Avec un examen centré sur les maths et le français, le Sgen-CFDT craint que l’on concentre le métier sur du disciplinaire fondamental au détriment des autres dimension du métier.
C’est ainsi oublier peut-être un peu vite que les formateurs et conseillers pédagogiques devront exercer leur métier auprès de professeurs des écoles pour qui la polyvalence est de mise.
Il y a donc là une contradiction avec le sens même du métier de professeur.e des écoles qui illustre pleinement la ligne voulue par ce Ministère qui centre toutes les formations sur les matières dites fondamentales.
La disparition de l’écrit réflexif ou comment vider la certification de sa substance
Le fait le plus notable de ce CAFIPEMF nouvelle formule est la disparition de tout écrit réflexif pour, selon le ministère, simplifier l’obtention de l’examen.
Pour le Sgen-CFDT, cet écrit était pourtant un pilier important de l’examen. Il permettait au candidat ou à la candidate de faire un retour réflexif sur ses pratiques pédagogiques tout en l’enrichissant des apports de la recherche.
Dès lors dans le nouveau CAFIPEMF, rien ne permet plus aux candidat.e.s de montrer leur niveau de réflexion, un manque considérable où la réflexion sur les pratiques, la mise en parallèle avec la recherche est un élément essentiel de l’exercice du métier. Le Sgen-CFDT a pourtant demandé lors de chaque groupe de travail sa réintroduction mais sans résultat.
Une notation plutôt qu’une évaluation par compétences
Autre point de désaccord, la notation de 0 à 20 tant en épreuves initiales que pour les épreuves de spécialités !
Alors que formateur.trice.s, des conseillers et conseillères pédagogiques sont amené.e.s à évaluer des enseignant.e.s stagiaires sur la base de grilles de compétences, il aurait semblé logique de faire une approche identique pour les candidat.e.s au CAFIPEMF en utilisant comme base le référentiel métier de 2014.
La réponse du Ministère à cette demande du Sgen-CFDT est la même que celle apportée pour le CAPPEI en son temps : on ne sait pas faire.
Il aurait pourtant été intéressant de profiter de ce nouveau CAFIPEMF pour travailler l’évaluation par compétences pour des personnels qui l’utilisent au quotidien.
Le ministère semble envisager une grille pour évaluer les candidat.e.s au CAFIPEMF par compétences via une circulaire en cours d’élaboration… mais il prévoit de transformer cette évaluation par compétence en note… Bref, on reste loin du compte sur ce sujet.
5 semaines de formations : un bonne évolution !
Une avancée importante cependant : la possibilité de bénéficier d’une formation de 5 semaines avant la prise de fonction, formation qui doit alterner les temps sur le terrain et les temps en INSPE.
Réduite à peau de chagrin actuellement, cette période permettra aux futur.e.s formateurs et formatrices ou conseillers et conseillères pédagogiques de disposer de temps et de formation pour aborder toutes les dimensions de leurs missions aux quotidien.
Cela nécessitera que l’Éducation nationale et l’INSPE réfléchissent ensemble aux maquettes de formation avec la volonté de construire une complémentarité et non des temps juxtaposés.
En cela, il aurait été intéressant de permettre aux candidat.e.s de profiter de cette période pour produire un écrit sur ses attentes du métier, l’état de sa réflexion tant du point de vue de ses pratiques pédagogiques que du côté de la recherche.
D’autre part, si le Ministère accorde la possibilité d’attribuer des crédits ECTS à la formation du candidat, à la demande du Sgen-CFDT, la validation de cet écrit par l’Université permettrait de lui délivrer davantage de ces crédits.
Ce serait aussi évidemment la possibilité de réintroduire l’écrit réflexif demandé. Nous regrettons que le Ministère n’ait pas souhaité rendre d’arbitrage en ce sens.
Un nouveau mode d’accès à la spécialité
L’une des autres nouveautés de la certification est la nécessité de posséder au moins trois années de pratiques en tant que formateur.trice.s ou conseiller.ère.s pédagogiques « généralistes » avant de pouvoir présenter une spécialisation.
Dès lors, c’est un nouvel examen construit autour de trois séquences :
- un rapport d’activité sur les années du candidat ou de la candidate en tant que professeur.e.s des écoles maître.sse formateur.trice ou conseiller.ère pédagogique
- une séance de formation collective assurée par le candidat ou la candidate pendant une durée de soixante minutes et s’inscrivant dans le domaine de la spécialisation visée
- un entretien du candidat ou de la candidate avec le jury pendant une durée de soixante minutes, au cours duquel il ou elle est amené.e à expliciter ses intentions mises en œuvre dans la séquence 2 et à présenter son rapport d’activités
Si la liste des spécialisations est très diverse, le Sgen-CFDT estime que ce sera pour les candidat.e.s comme s’il fallait passer une seconde fois la certification initiale, de quoi en décourager beaucoup.
A ce titre, la rédaction d’un rapport en lien avec la spécialisation et sa soutenance devant un jury serait largement suffisant pour que le le jury puisse juger de la pertinence du candidat ou de la candidate.
Des textes qui ont cependant évolué grâce à l’action des partenaires sociaux dont le Sgen-CFDT
En mettant en place cette nouvelle certification du CAFIPEMF, le Ministère entend rendre l’examen plus accessible mais sans doute au détriment de la polyvalence demandée.
Les groupes de travail précédant le passage du texte en examen ont permis aux partenaires sociaux de faire bouger de nombreux éléments du texte final (passage du jury à 3 personnes par exemple).
Une chose est cependant certaine, il est important de rendre de nouveau attractif le métier notamment de conseiller pédagogique.
Aujourd’hui, trop de postes sont vacants, la faute sans doute à un métier très chronophage mais aussi du fait de missions qui ne relève pas de la fiche de mission initiale.
Le fait de rendre cet examen centré sur les maths et le français risque fort au contraire de décourager des candidats pour qui la polyvalence est le quotidien.