Le Conseil supérieur de l’Éducation a examiné une partie des textes traduisant les annonces de choc des savoirs pour les collèges. Le Sgen-CFDT a voté contre l’ensemble de ces textes qui traduisent un système éducatif passéiste, discriminatoire et anxiogène.
Les premières mesures du choc des savoirs ont été examinées en conseil supérieur de l’éducation. Outre la mesure très emblématique de la nouvelle organisation en maths/français et la grille EMC, le conseil s’est aussi prononcé sur le redoublement, sur la classe de « prépa lycée », et sur la labellisation des manuels.
Un vote unanimement contre un projet de destruction massive du collège unique
Les textes proposés font l’unanimité contre eux, et l’ensemble des organisations syndicales du CSE a voté Contre.
L’ensemble de ces mesures dessine un collège à l’opposé des valeurs du Sgen-CFDT : un collège qui trie les élèves, les enferme dans une orientation précoce, et tente de convaincre les familles des élèves de classes moyennes supérieures, que les élèves plus faibles scolairement ou de milieux sociaux différents seraient un frein pour la scolarité de leur enfant. Ce collège repose aussi sur une défiance généralisée envers les enseignant·es, et de façon plus générale sur leur pouvoir d’agir dans le cadre de l’autonomie des établissements.
Le Sgen-CFDT a donc pesé pour limiter les aspects les plus délétères de ces textes, avec le souci constant de limiter la dégradation des conditions de travail des personnels induite par ce « choc des savoirs », et de promouvoir une mixité sociale et scolaire comme un atout pour l’École et la société.
Ce que le Sgen-CFDT a défendu
Le Sgen-CFDT a obtenu, dans le texte final sur l’organisation des horaires du collège, la suppression de la notion de groupes de niveaux : figure désormais seulement l’idée de groupes, avec l’obligation de réexamen régulier de leur composition tout au long de l’année.
Le Sgen-CFDT a rappelé que l’obligation de faire des groupes rogne déjà beaucoup l’autonomie des établissements et leur liberté d’utiliser les heures de marge pour des projets, groupes ou modalités d’enseignement (EPI, co-intervention, groupes,…). Obtenir au minimum que ce sont bien les équipes qui décideront des modalités d’organisation de ces groupes, rend possible des organisations variées et moins contraintes. Elles pourront utiliser la possibilité de brasser les élèves selon les moments, en groupes hétérogènes et homogènes au cours de l’année par exemple, d’avoir des modalités différentes selon les classes…
Le Sgen-CFDT a demandé, d’une part, l’organisation en groupes seulement sur une partie de l’horaire et d’autre part une pondération (en décharge de cours) des enseignant·es, pour permettre et reconnaître la concertation induite par cette organisation. Cet amendement a recueilli un vote favorable du CSE mais n’a pas été retenu par l’administration.
Le ministère reste sur une vision abstraite du travail des personnels, et refuse de prendre en compte la réalité de leur travail.
Dans le texte « redoublement », le Sgen-CFDT a obtenu le maintien de la priorisation de la remédiation aux difficultés des élèves pendant le temps scolaire. Les modalités très diverses des dispositifs hors la classe, surcharge pour les journées des élèves et des enseignants, sont trop souvent inégalitaires, car dépendantes des possibilités des parents, le tout pour des résultats incertains.
Le Sgen-CFDT s’est aussi associé au vœu intersyndical demandant le rétablissement de l’heure de technologie en 6ème, puisque d’une part la promesse d’un rééquilibrage en cycle 4 n’a pas été tenue, et que d’autre part, il existe désormais une discontinuité dans les apprentissages de la technologie entre le cycle 3 effectué en élémentaire et le cycle 4. Les élèves de 6ème ont perdu une heure dans le changement de pied du ministère sur les groupes de maths/français, ce qui est en contradiction absolue avec le discours du ministre.
Enfin, le Sgen-CFDT a proposé des amendements pour supprimer du texte toute suggestion qui pourrait être lue comme une atteinte à la liberté pédagogique des enseignant·es. Ainsi, nous avons déposé un amendement pour retirer la distinction dans les horaires d’histoire géographie, de 30 minutes d’EMC. C’est aux équipes de décider des modalités de mise en œuvre des horaires des enseignements. Cet affichage n’est pas à la hauteur des annonces sur une volonté de renforcer cet enseignement et d’ailleurs, poussé dans ses retranchements, face à notre insistance, le directeur général de l’enseignement scolaire, Edouard Geffray, a fini par clairement exprimer qu’il « souhaite faire apparaître que cela pèse pour 30 minutes hebdomadaires, mais ensuite, l’organisation par le professeur des modalités concrètes est évidemment libre ». Autrement dit, le ministère n’a pas voulu afficher une augmentation des heures de cours obligatoires, il n’y a donc pas réellement d’heures d’EMC en plus et les professeur·es continueront à organiser leurs séquences selon leurs choix pédagogiques. C’est heureux pour ce dernier aspect, mais encore une fois une annonce « électoraliste » ne sera pas réellement mise en œuvre.
Le Sgen-CFDT ne se contente pas de ces quelques avancées et reste opposé aux mesures en l’état.
Il poursuit sa participation à l’intersyndicale pour combattre les mesures passéistes et inquiétantes du choc des savoirs, à la fois pour les personnels, mais aussi pour les élèves.