Retour sur le CHSCT du 11 mai 2020 : contexte et préconisations du Sgen-CFDT pour une reprise sûre, sereine et progressive.
Dans les instances, le Sgen-CFDT porte la parole de tous les agents.
Le Sgen-CFDT souhaite une reprise graduelle, différenciée selon les territoires et le contexte local et sécurisée pour l’ensemble des agents et des services du ministère de l’agriculture.
Durant le CHSCT-M du 11 mai, il a été une nouvelle fois force de propositions concrètes et constructives en ayant à cœur de porter la parole et les inquiétudes des agents, la confiance, l’autonomie restant les valeurs de la CFDT.
Le boycott des instances n’est pas l’outil adéquat pour porter des revendications légitimes.
Le Sgen-CFDT regrette que le CHSCTM convoqué le 6 mai dernier n’ait pas été l’occasion d’une séance de travail pour amender les différents textes et prendre de l’avance sur la séance du 11 mai. La pratique du boycott des instances n’est pas l’outil adéquat pour porter les revendications légitimes.
Comme chacun.e a pu le noter, nous traversons une crise qui a des conséquences fortes sur l’ensemble des secteurs d’activités et sur la vie des citoyens et des citoyennes. Dans ce contexte, le ministère de l’agriculture a des missions stratégiques à assurer que ce soit au niveau de l’alimentation, de la sécurité sanitaire, du soutien aux entreprises (versement des aides), de la formation et la recherche. Le Sgen-CFDT ne peut se résoudre à se cantonner dans une posture de défiance envers l’administration en pratiquant la politique de la chaise vide.
Le Sgen-CFDT refuse de se cantonner à une posture de défiance envers l’administration.
On ne peut pas reprocher au ministère de l’agriculture d’avoir fait preuve de réels manquements si ce n’est des cafouillages liés notamment à une doctrine gouvernementale manquant de lisibilité, notamment pour les masques. Tout comme on ne peut pas dire que nous n’avons pas eu l’occasion et le temps d’apporter des contributions aux différents textes sur le confinement (PCA) et sur le déconfinement (PRA).
La continuité du service public a été assurée, grâce à l’engagement exceptionnel des agents qui se sont retrouvés brutalement confrontés à des situations inédites, dans des positions administratives parfois inconfortables et à une organisation du travail à repenser. Les collectifs de travail ont su résister sans être associés suffisamment aux décisions qui les concernaient, pourtant ce sont la concertation et l’adhésion qui entraînent la cohésion dont notre société a plus que jamais besoin.
Un déconfinement qui sera réussi si l’administration écoute les personnels
Le Sgen-CFDT souhaite que les pratiques de dialogue social évoluent pour s’adapter à cette période de crise. Pour gérer et réussir (sur le long cours) le déconfinement, il va falloir faire preuve de créativité et d’innovation.
Ce défi peut être remporté si l’expertise des agents et des équipes est mobilisée pour repenser une réorganisation du travail et mettre en place de nouvelles procédures de protection ou d’accueil des agents et des usagers. Que ce soit dans l’enseignement agricole, au sein des services déconcentrés ou en administration centrale, la majorité des équipes de direction sont prêtes pour engager une reprise d’activité maîtrisée.
Mobiliser l’expertise des agents et des équipes pour repenser l’organisation du travail et mettre en place de nouvelles procédures de protection et d’accueil des agents et des usagers.
Dans les EPL, si les conditions sanitaires le permettent, il s’agit progressivement d’accueillir les apprenti.es et les stagiaires de la formation continue. L’implication des conseils régionaux est essentielle et pourtant elle n’est pas toujours au rendez-vous.
Pour le Sgen-CFDT l’objectif est de reprendre progressivement tout en se donnant les moyens de minimiser les risques pour les agents et pour les apprenant.es qui, pour la plupart souhaitent retrouver une vie professionnelle et sociale. Des conditions préalables doivent être remplies pour garantir la santé des personnels et des usagers.
Les agents sont légitimement inquiets. Il en est de même pour les élèves, apprenti.es, stagiaires, étudiant.es et les familles qui ont vu l’année scolaire et universitaire bouleversée. Tous et toutes ont besoin de visibilité. Il faut leur permettre de se projeter. Pour les rassurer et assurer leur sécurité, il faut que les PRA prennent en compte les consignes et recommandations du conseil scientifique, de l’OMS, des experts et expertes et il faut impérativement faire confiance aux équipes. Il va falloir également informer les agents qui sont parfois perdus dans la masse d’informations parfois contradictoires véhiculées par les médias.
Des conditions préalables à la reprise doivent être remplies pour garantir la santé des personnels et des usagers.
Nombre d’entre eux et elles se posent des questions : Qui reprend ? Qui peut poursuivre son travail à domicile ? Qu’en est-il des personnes fragiles ou vivant avec des personnes fragiles ? Les formations initiales scolaires agricoles vont-elles reprendre en juin ? Les masques seront-ils obligatoires ? Seront-ils distribués gratuitement ? Couvriront ils les besoins des agents utilisant des transports en commun ?
Le Sgen-CFDT formule le vœu que cette reprise soit sereine et que toutes les instances soient consultées et participent activement à une déclinaison locale du cadrage national. Ces déclinaisons et adaptations seront d’autant plus réussies qu’on fera confiance au bon sens et à l’engagement des agents qui ont démontré dans l’adversité que l’autonomie et la prise en charge de l’organisation de leur travail fonctionnent si la bienveillance prévaut. Dans ce contexte, la mise à jour obligatoire des Documents Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) s’impose pour toutes les structures. Dans les semaines et les mois à venir, il faudra accepter de nouvelles organisations en étant innovants et proactifs, en expérimentant et en pérennisant ce qui fonctionne.
Le Sgen-CFDT formule des propositions concrètes sans chercher à bloquer le système
Désigner un interlocuteur das chaque établissement, direction ou service
Le Sgen-CFDT souhaite qu’un, une interlocuteur.trice soit nommé.e par Établissement ou Direction ou Service. Sa mission sera de faire le lien avec les acteurs et actrices et de capitaliser tout ce qui a pu l’être depuis début de cette crise. Il/elle serait invité.e aux CoHS, aux CHSCT. Un « forum » régional ou national de ces interlocuteurs/trices pourrait être organisé en vue d’un GT RetEx.
Mobiliser les personnels de santé et la médecine de prévention
Dans l’enseignement agricole technique, l’accueil de publics prioritaires doit pouvoir se faire rapidement afin de limiter les décrochages scolaires dont la courbe progresse irrésistiblement. Il va falloir faire preuve de pédagogie et de formation sur les gestes barrières, l’utilisation des masques, du gel, des savons liquides, des essuie-mains papier… et se préparer au « vivre avec le virus ».
Les personnels de santé et la médecine de prévention doivent être mobilisés.
Laisser la possibilité aux élèves de se former en milieu professionnel
Un mail rédigé un week-end par Madame la DGER précisant des modalités de réouverture de la FPCA, à destination des directeurs et directrices des EPL, a été diffusé à tous les Directeurs et Directrices, uniquement par la voie d’une OS représentative du ministère. Le Sgen-CFDT souligne que les élu.es aux différentes instances n’ont pas été destinataires et destinatrices de ce mail, pas plus que les Directeurs et Directrices ne l’ont eu en direct. Ce message diffusé via cet unique média a généré un dimanche après-midi une forte sidération. Le lundi 11 au matin, certain.es DRAAF ont, en se basant sur cette information, envoyé la consigne de ne pas accueillir de stagiaires alors que tout était prêt et que le feu vert avait été donné, d’autres ont laissé la responsabilité à l’équipe de direction si tout était prêt (confiance). Cette situation ubuesque est inacceptable. Le Sgen-CFDT la dénonce vivement et insiste pour que l’administration reprenne en main la temporalité et le canal de sa communication.
Pour le Sgen-CFDT, il faut offrir la possibilité (sous condition du respect de l’application des consignes sanitaires dans les entreprises accueillant ces stagiaires) aux élèves de se former en milieu professionnel. L’heure de la défiance vis-à-vis de la profession ne doit pas sonner. De plus, les EPL s’ils ré-ouvrent ne seront pas en mesure d’accueillir l’ensemble des apprenants (nombre de places en internat limité en moyenne à un tiers de leur capacité).
Le Sgen-CFDT est une des rares organisations syndicales à défendre ce point de vue et à ne pas être pour l’interdiction pure et dure des stages.
Ne pas basculer dans l’hygiénisme ou la peur
Le Sgen-CFDT formule le vœu que ces temps obscurs ne nous fassent pas collectivement basculer dans « l’hyper hygiénisme », qui ne permettra jamais d’assurer le risque zéro mais qui créera immanquablement des conditions de travail ou d’étude insupportables et des tensions ingérables. La peur est mauvaise conseillère. L’heure n’est pas au repli sur soi mais à l’ouverture vers les autres et plus que jamais à la solidarité. L’heure n’est pas à la rupture du dialogue social mais au contraire, à son intensification partout où il est possible du faire.
Les règles sanitaires ne doivent pas conduire à des conditions de travail ou d’étude insupportables et des tensions ingérables.
Le Sgen-CFDT souhaite que les semaines à venir soient un véritable tour de chauffe et un temps de dialogue social qui permette de mettre à jour les PRA, de les ajuster afin d’organiser au mieux la rentrée de septembre qui s’annonce, elle aussi, atypique.
En situation de crise, il faut savoir accepter la moins mauvaise des solutions, et ne pas remettre en cause ce qui a été fait à l’étage du dessus ou du dessous, le travail des ISST, la circulaire DGER et le PRA du MAA doivent être le ciment de ces différentes briques. La solidarité s’impose, valeur chère à notre organisation, tout comme la confiance et l’autonomie.