La circulaire de rentrée met encore une fois en exergue l'ambiguïté récurrente du gouvernement en matière de pratiques sportives versus éducation physique et sportive, et Association Sportive. Le Sgen-CFDT tient à rappeler la priorité qui doit être faite à l'EPS et l'USEP et l'AS.
Education physique versus pratiques sportives
Dans la partie 3 de la circulaire de rentrée intitulée « Une École engagée pour le bien-être des élèves », l’un des paragraphes se nomme : « L’éducation artistique et culturelle et la pratique sportive au service du plein épanouissement et de la réussite de tous les élèves ».
La formulation même de ce titre interroge notre profession d’enseignants d’EPS.
On omet l’Éducation physique, discipline existante, pour mettre en avant la « pratique sportive », sans dimension éducative
D’un côté, on reconnaît et l’on nomme l’Education artistique et culturelle, et donc leur ancrage scolaire et éducatif.
Et de l’autre, on omet l’Éducation physique, discipline existante, pour mettre en avant la « pratique sportive », sans dimension éducative. Celle-ci, allant de soi comme écrit en dessous : « De même, la pratique régulière de l’activité sportive par nos élèves est une condition de leur bonne santé, du dépassement de soi et de la cohésion de groupe. »
Nous retrouvons les limites récurrentes de ces conceptions : Une pratique serait porteuse en elle-même de « valeurs éducatives ». Et la pratique sportive résumerait l’ensemble des pratiques physiques possibles…
La même réflexion peut être interrogée pour « la rentrée en musique »… porteuse a priori de « bienfaits » éducatifs.
Activités physiques : qui fait quoi, où, quand, pour quelle visée ?
La circulaire rappelle finalement que « L’éducation physique et sportive en constitue l’élément fondamental »
Les autres recommandations sont vues comme venant « compléter » l’EPS. « Elle (L’EPS) doit pouvoir être complétée par une activité physique régulière ». Nous interrogeons ici les conditions, les intervenants de ces activités « en plus ».
Le texte explique… :
« Ainsi les trente minutes d’activité physique quotidienne seront généralisées à compter de la rentrée dans toutes les écoles de France. Les professeurs des écoles seront accompagnés pour faciliter l’intégration de cette activité dans la journée des élèves. En outre, les collèges volontaires seront invités à mettre en place, à titre expérimental, une organisation des emplois du temps permettant à tout ou partie de leurs élèves de pouvoir faire deux heures d’activités sportives sur le temps périscolaire, dans des clubs ou associations sportives ».
Assurer en priorité les heures d’EPS et d’AS, et renforcer l’USEP
Dans le premier degré, comme nous le rappelons depuis plusieurs années, il conviendrait déjà de s’assurer que les heures d’EPS puissent être proposées dans de bonnes conditions (temps, installations, formations etc.), avant même d’ajouter d’autres dispositifs.
En outre, ni l’Association sportive, ni l’USEP ne sont clairement mentionnées comme premier relais de l’EPS sur des temps péri-scolaires.
Il est quand même étonnant quand la circulaire de rentrée, dans sa visée de cadrage général, mette en avant des interventions « péri-scolaires » au-delà des acteurs de l’éducation nationale, et des temps dédiés au sein de l’école.
Nous souhaitons ramener la réflexion sur la nécessité de renforcer l’EPS dans le premier degré, et de soutenir l’USEP et l’AS dans ces préoccupations légitimes de complémentarité et de continuité de la pratique physique sur le temps de l’enfant.
Des enseignants PE et PEPS, formés, avec une obligation statutaire pour les profs d’EPS sont aptes à offrir aux élèves des heures d’activités physiques (et pas que sportives évidemment), dans le cadre de l’AS et de l’USEP.
Nous rappelons que nous revendiquons que les interventions USEP soient reconnues en temps ou en rémunération. Ces enseignants, présents dans les écoles et établissements, sont à même de faire le lien éducatif nécessaire avec les équipes et acteurs de la communauté éducative, et de construire des lieux propices à viser le bien-être des élèves. Les interventions d’autres partenaires peuvent tout à fait venir s’inscrire dans des temps de co-intervention co-construits, et/ou sur des temps clairement différents des temps scolaires.
Et les installations…
A l’heure où les équipes EPS sont en peine pour avoir des installations pour leurs créneaux EPS, et encore plus pour leurs créneaux AS, cette ouverture à des clubs et associations extérieures nous réinterroge sur les priorités accordées.
La dualité sport et éducation doit cesser. L’EPS doit rester l’entrée prioritaire pour le corps à l’Ecole.
Nb : le dispositif « une école-un club » s’inscrit dans la dynamique de ces actions, n’intégrant pas l’USEP.
Nb : Dans les Cités éducatives, des conventions avec des fédérations sportives, pour proposer des interventions sur des temps du midi ou de fin de journée, sans concertation avec l’équipe EPS, et sans partenariat avec l’AS en place, sont d’actualité…
Ces pratiques risquent de se développer, engageant aussi une concurrence entre fédérations, et des offres qui iront vers des fédérations fortement représentées, à dimension sportive. Les équipes EPS doivent pouvoir être associées à ces discussions, et envisager d’éventuels partenariats dans une réelle complémentarité, ou co-intervention avec les AS.