L’association « Classe Dehors » vient de clore ses 1ères rencontres internationales à Poitiers, un événement auquel le Sgen-CFDT a participé. Au-delà de dispenser un enseignement différemment, il s’agit de poser syndicalement des principes pour que cela prenne toute sa place dans le système éducatif.
Les jeunes, les enfants ne jouent plus aujourd’hui dehors car les espaces publics ne sont pas pensés pour eux. Il est pourtant fondamental de les former à leur environnement proche en leur apportant des connaissances sur la nature, sur l’espace dans lequel ils/elles vivent. C’est l’un des axes au centre de ce que propose l’Association « Classe Dehors » notamment en favorisant le travail interdisciplinaire. Le projet du Sgen-CFDT notamment par son approche autour du territoire éducatif ne peut qu’être en phase mais il faut avant tout défendre les droits des personnels et obtenir de nouveaux droits susceptibles d’améliorer leurs conditions de travail.
Accompagner les collègues qui se lancent
Faire Classe dehors est révélateur de points de convergences avec le syndicalisme que le Sgen-CFDT porte notamment le fait de proposer un enseignement basé plus sur des compétences. Mais il s’agit aussi de lutter contre les difficultés que cela peut poser et en cela, il faut agir syndicalement. Cela appelle ainsi à un certain nombre de points de vigilance et à des revendications :
- La nécessité de disposer dans les écoles et les EPLE de personnels en surnuméraires pour accompagner les enseignant.e.s
- Des effectifs adaptés permettant une attention particulière auprès de chaque enfant
- Un cadre administratif sécurisé mais pas contraignant pour favoriser les initiatives. En cela les hiérarchies intermédiaires doivent être des facilitateurs et non des personnes qui alourdissent ou empêchent par des contraintes trop fortes
- La nécessité de temps de préparation, de concertation inclus dans le temps de services des personnels pour coconstruire les enseignements dispensés dans la Classe dehors
Reconnaître l’investissement des collègues
Derrière cette pédagogie active, il s’agit bien en fait de reconnaître l’autonomie pédagogique des collègues, leur possibilité d’ingénierie pédagogique. Cette façon de travailler qui selon l’association doit être récurrente pour prendre tout son sens, peut être à même d’améliorer le climat scolaire ou la prise en charge d’enfants à besoins particuliers en les sortant de leur cadre habituel. Pour cela, les enseignant.e.s doivent pouvoir accéder à des formations dispensées par l’Institution. Aujourd’hui, quelques collectivités l’ont compris en proposant des formations conjointes aux enseignant.e.s et aux animateurs des temps péri et extrascolaires (Lyon, Montpellier). Pour le Sgen-CFDT, ils/elles doivent pouvoir y accéder via le Plan Académique de Formation mais pour cela, il faut, notamment dans le premier degré sortir de cette injonction permanente autour des fondamentaux. Proposer ce type de pédagogie, c’est aussi permettre aux enseignant.e.s de donner plus de sens à leur travail et de renouveler leur façon d’enseigner. Encore faudrait-il que l’Administration leur en laisse la possibilité et surtout reconnaisse leur investissement en la matière !
Faire classe Dehors toute l’année
Au-delà de la période « estivale », Classe Dehors prend tout son sens tout au long de l’année scolaire. Combien d’enfants ne sortent jamais de leur quartier, ne vont pas au musée ou dans d’autres lieux artistiques et culturels dont disposent le territoire ? Outre le fait d’ouvrir les horizons aux élèves, aux jeunes des établissements scolaires et des écoles, c’est permettre pour de nombreux enseignant.e.s de travailler autrement dans un carcan sans doute moins rigide. Aujourd’hui, sortir du triptyque : une salle de classe, un enseignant, un programme demande une capacité à résister à la pression de cadres administratifs très contraignants mais avant tout à la charge d’un enseignement trop académique fonctionnant en couloir de nage. C’est en cela que le Sgen-CFDT pense qu’il faut agir syndicalement pour sécuriser cette possibilité donnée aux personnels de travailler autrement.
Et répondre aux problématiques environnementales et climatiques !
Mais c’est bien au moment des grosses chaleurs que faire classe dehors prend pleinement son sens. Faire classe fin juin voire début septembre avec des températures élevées et des bâtiments peu isolés thermiquement pose pour de nombreux enseignants mais aussi pour les élèves de sérieux problèmes. Faire classe dehors est une alternative au changement climatique en permettant de faire cours dans des lieux plus adaptés à ces fortes températures : parcs ombragés, musées, salles communales. Aménager l’espace extérieur des écoles demandera du temps notamment pour sortir des cours bitumées actuelles et passer à des espaces végétalisés d’autant que beaucoup d’établissements qu’ils soient du premier ou du second degré n’ont pas la main sur cet aménagement, cela dépendant de la collectivité territoriale de tutelle. C’est par contre un moyen de mobiliser les instances internes des établissements et des écoles afin d’y réfléchir collectivement, un sujet de fond où toute la communauté éducative doit pouvoir donner son avis. Classe dehors est en tout état de cause une réponse possible au problème thermique tant que les collectivités territoriales n’agiront pas plus sur le bâti scolaire.