(Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche)
A l’occasion de ce CNESER d’ouverture d’une nouvelle mandature politique, les représentants CFDT des personnels de l’ESR (Enseignement Supérieur et Recherche) souhaitent rappeler quelques points qui leur tiennent particulièrement à cœur :
fonctionnement du CNESER
– Concernant le CNESER lui-même, nous avons apprécié les progrès importants de son fonctionnement au cours du dernier mandat politique, tels que la rédaction de comptes-rendus et la diffusion au public des avis rendus par l’assemblée. Nous espérons que ces efforts sur la transparence et le fonctionnement quotidien du CNESER se poursuivront au-delà du changement politique. Nous souhaitons en particulier qu’elle soit l’occasion d’une vraie réflexion sur le choix des sujets soumis au CNESER plénier plutôt qu’à sa commission permanente : l’ordre du jour n’est pas qu’une question d’intendance, c’est un choix politique.
Nous souhaitons surtout que cette instance puisse jouer pleinement son rôle de lieu de dialogue et de réflexion stratégique sur l’ESR dans son ensemble. La fusion de l’ancien CNESER et du CSRT il y a maintenant deux ans ne nous semble en effet pas avoir encore été complètement assumée : les sujets concernant la recherche sont toujours minoritaires, et trop souvent de simple information. Pour que le CNESER joue pleinement son rôle, il faudrait par exemple que les contrats d’objectifs des établissements publics de recherche y soient systématiquement discutés. Sans cela, il ne peut y avoir de réflexion pertinente sur les orientations nationales de la recherche. De même, nous souhaitons que le CNESER soit associé dès maintenant à la prochaine actualisation de la Stratégie Nationale de Recherche (SNR).
rentrée universitaire 2017
– au-delà du CNESER proprement dit, nous souhaitons souligner la grosse inquiétude que nous avons concernant l’organisation de la rentrée universitaire 2017, qui se fait dans des conditions très tendues. Au-delà de la recherche de solutions transitoires d’urgence pour les rentrées 2017 et 2018, il est urgent d’entreprendre un vrai travail de fond sur l’accueil dans de bonnes conditions des étudiants dont l’effectif continue d’augmenter chaque année, en favorisant au mieux leur réussite. Soyons clair : aucun principe de sélection malthusienne pour l’entrée à l’université ne recevra de regard bienveillant de notre part. Quant à la mise en place d’éventuels pré-requis différenciés selon les filières universitaires, elle ne saurait consister uniquement en la désignation de telle ou telle filière de baccalauréat, ou en l’exigence d’une moyenne générale quelle qu’elle soit. Il faut travailler plus finement sur les compétences et l’orientation active et développer les systèmes de remise à niveau pour ne pas enfermer les jeunes dans des filières choisies trop précocement. Il faut améliorer l’ascenseur social, pas le bloquer! Ce travail de fond ne peut se faire sans évolution du baccalauréat, devenu un élément de blocage de notre système éducatif.
finances des établissements de l’ESR
– Un autre point de vigilance concerne les finances des établissements, tant d’enseignement que de recherche. Aucun essor de l’ESR français ne pourra se faire sans engagements pluriannuels de l’Etat, qui seuls permettront aux établissements de pouvoir construire des stratégies à moyen terme. L’autonomie est vide de sens sans visibilité budgétaire. Nous espérons que l’alternance politique ne réduira pas à néant l’important travail réalisé autour du Livre blanc de l’ESR, dont nous soutenons l’essentiel des préconisations, notamment en matière d’augmentation du budget de l’ESR, qui doit croître d’au moins 1,5 milliard par an. Le fait que chaque année, depuis plusieurs années, plus d’une dizaine d’universités rencontrent de graves difficultés budgétaires montre qu’il s’agit d’un problème structurel : les financements ne suffisent plus à assurer durablement leursmissions.
Concernant plus particulièrement le financement de la recherche, nous renvoyons à l’avis rédigé par la commission finances du CNESER, dont nous trouvons d’ailleurs extrêmement dommageable que la présidence du CNESER ait refusé de le mettre à l’ordre du jour de la séance d’aujourd’hui, comme c’était initialement convenu.
Pour que notre système d’Enseignement supérieur et de recherche soit à la hauteur des besoins du pays, il faut en particulier mettre en place un vrai plan de création d’emplois de titulaires, qui doit s’accompagner de négociations sur le statut et les conditions de carrière des personnels pour améliorer l’attractivité de ces métiers.
autonomie des établissements
– Last, but not least : l’autonomie des établissements. La CFDT n’y est pas hostile, comme nous l’avons souvent exprimé. Mais, pour nous, autonomie ne signifie pas dérégulation totale et omnipotence des présidents d’établissements. L’autonomie doit être guidée par un Etat stratège, qui fixe les grandes orientations de l’ESR, en contrôle a posteriori la mise en œuvre et assume pleinement son rôle de contrôleur de légalité et de contrôleur budgétaire, sans rester passif lorsque les difficultés financières d’un établissement entraînent une dégradation importante du service public d’ESR.
Enfin, l’élargissement des compétences des établissements exige un renforcement de leurs institutions démocratiques et du dialogue social. Nous nous opposerions à toute modification du cadrage des statuts d’établissement, ou invention de nouveaux types d’établissements, qui au nom de l’efficacité affaibliraient la démocratie universitaire au lieu de la renforcer.